Au delà de la vétusté de Fessenheim, le déclin de l'industrie française

Le débat sur la vétusté de la centrale de Fessenheim ne doit masquer que c'est toute l'industrie française qui vieillit. par Jean-Pierre Maures, responsable du développement marchés Energie-Défense, Dekra

Fessenheim va au-delà du problème du nucléaire en tant que tel, en mettant l'accent sur le vieillissement des installations industrielles en France.
Le récent arrêt de la centrale de Fessenheim a été considéré par beaucoup comme une
raison de plus de fermer le site alsacien et d'amorcer un plus vaste processus de dénucléarisation du pays. Il n'en demeure pas moins que l'incident survenu début mars concernait un défaut d'étanchéité sur une tuyauterie située en aval du condenseur, dans la salle des machines... hors zone nucléaire ! Pour être le plus objectif possible, il
convient donc de prendre du recul et de dépasser le simple cadre de la dangerosité potentielle de nos installations nucléaires - qui d'ailleurs, depuis Fukushima, font l'objet d'un dispositif de prévention renforcé - pour se poser plus largement la question sur l'état de conservation de nos outils industriels en France.

 Une industrie déclinante

En 30 ans, la part de la valeur ajoutée industrielle en France a diminué de 52% (de 20,6 % à 10%). Entre 2001 et 2014, ce taux a diminué de plus de 30% alors qu'il a augmenté de 3% environ en Allemagne. En 2012, la France est, avec Chypre, le pays de l'Union
européenne où la part de l'industrie dans l'économie est la plus faible (12,5%) contre, par exemple, 14,6% au Royaume-Uni, 26% en Allemagne, 31% en République Tchèque, 24,8% en Pologne ... Entre 1998 et 2013, le nombre de machines outils récentes (moins de 15 ans) a augmenté de 17% en Allemagne alors qu'il a diminué de 6% en France. Un vieillissement de notre tissu industriel qui pénalise la productivité, la rentabilité et fait peser des risques plus importants en matière de sécurité.

Des exigences renforcées depuis Fukushima

Conscient de cette problématique, les pouvoirs publics ont lancé, fin 2008, un plan de modernisation des installations industrielles (PM2I). Son périmètre réduit (canalisations de transport, génie civil, stockages atmosphériques ... ) n'a cependant pas permis d'apporter une réponse exhaustive à la maitrise du vieillissement de l'ensemble des équipements. Construites majoritairement entre 1945 et 1975, les installations industrielles françaises sont, pour la plupart, encore exploitées et n'ont, malgré tout, que trop rarement bénéficié d'un programme de rénovation d'ampleur.
Si des progrès dans le domaine de la sécurité et de la prévention peuvent toujours être accomplis, le secteur du nucléaire n'est pas, loin s'en faut, le plus à la traîne dans ce domaine.

Une vigilance accrue des pouvoirs publics

La sensibilité au risque y est beaucoup plus développée que dans de nombreux autres
secteurs et la catastrophe de Fukushima a encore renforcé la vigilance des pouvoirs publics qui, à la suite d'une recommandation de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), ont publié le 8 février 2012 un arrêté relatif aux installations nucléaires de base renforçant notamment la réglementation sur le traitement des non-conformités, la surveillance de la sous-traitance et intégrant d'éventuels cumuls d'agressions sur les installations.

Cet arrêté a également prescrit la prise en compte des risques d'incendie tout en laissant à des décisions réglementaires de l'ASN le soin de préciser les mesures précises à mettre en oeuvre. Des recommandations qui ont été validées par un arrêté le 20 mars 2014.
Voilà un constat qui, bien plus qu'une réflexion sur le devenir de nos installations nucléaires, doit nous amener à définir une stratégie plus globale sur la vétusté de nos équipements industriels, et les risques encourus aussi bien en termes de productivité que de prévention des risques. Le tout sans négliger de bâtir une politique énergétique cohérente avec l'accroissement de la population.

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Commentaires 12
à écrit le 19/03/2015 à 22:33
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Pas étonnant, Dekra est une boîte allemande et l'auteur joue le nouveau Ferdonnet !!! ça c'est de la bonne manip. !!!!

à écrit le 19/03/2015 à 15:31
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Qui plus est, l’industrie a bénéficié de tarifs de l’énergie électrique très bas. Trop bas même, puisque sous prétexte de rendre la mariée atomique plus belle, on a négligé son éducation et surtout ses capacités physiques. La voila devenue obèse et q...

à écrit le 19/03/2015 à 9:59
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bien, bon debut! on va bientot decouvrir que la france a 3 fois moins de robots que l'allemagne, et que des entreprises ' pas rentables', ca arrete d'investir ( cf capacite d'autofinancement pour ceux qui ont fait de l'analyse financiere) puis on v...

le 19/03/2015 à 17:22
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Hors sujet, aucune rapport avec les robots, là on parle du nucléaire. (En plus le Japon a énormément de robots et est foutu économiquement, donc aucun rapport.)

à écrit le 19/03/2015 à 9:20
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Du grand n'importe quoi... Il se fonde sur quoi ? Encore et toujours ce relent de French bashing... Il faudrait avoir des analyses plus sérieuses et ça existe

à écrit le 19/03/2015 à 7:53
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Mais ce gouvernement n'aime pas les industries privées, pour lui, ce ne sont que des vaches à lait pour payer sa politique dispendieuse. La taxe est sa seule raison de vivre, et tous les moyens sont mis pour en inventer de nouvelles !

à écrit le 18/03/2015 à 21:43
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Vous avez raison, il suffit de visiter des usines pour se rendre compte du vieillissement des machines. Pour investir, il faut des potentiels de marché et de l'argent. Les potentiels de marché sont limités car l'industrie française est peu compétiti...

le 19/03/2015 à 6:46
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Il faut baisser les charges sociales en basculant la fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique. Merci.

le 19/03/2015 à 10:40
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Il faut surtout diminuer la part de bénéfices que l'entreprise verse a un actionnaire plutot que de le reinvestir.... limiter a 30% maximum par ans, ce sont les investisseurs anglo-saxons qui siphonnent les entreprises francaises en voulant des rend...

le 19/03/2015 à 10:40
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@Ezio De l argent il y en a mais il est mal utilise. Au lieu d inciter a force de reduction d impot les gens a acheter de l immobilier (surrelavlue !) on ferait mieux de les inciter a investir dans l industrie. On pourrait aussi limiter les prevel...

le 19/03/2015 à 12:12
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cher nico, l'actionnaire le plus vorace du monde c'est etat (socailiste) francais, qui a , par exemple, demande a Orange de verser un dividende supérieur a son benefice. Bien a vous

le 19/03/2015 à 12:21
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Vous avez raison, les dividendes qui sont siphonnés aux dépens du développement de l'entreprise, ça existe. Il y a même des sociétés qui versent des dividendes alors qu'elles perdent de l'argent (ex : Vallourec). Au niveau global, le problème à mon a...

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