Banques & Fintechs : quelle alliance pour célébrer les fiançailles ?

La question qui a agité ces dernières années tout l'écosystème - les fintechs vont-elles renverser les banques ?- ne se pose plus ainsi. Par Nicolas Rose, Venture Capital Partner chez XAnge.

La première vague des Fintechs qui s'est créée au début des années 2010 s'est attaquée aux services financiers BtoC ou BtoB : Transfert de monnaie de pair-à-pair (Transferwise, Azimo,...), Cagnottes (Leetchi, PotCommun,...) Paiements Mobile (Lydia, ...), Financement auprès des particuliers (Lendix, Unilend, Lendopolis,...), Néobanques (N26, Compte Nickel, ...), Agrégateurs de comptes (Bankin, Linxo,...) et les robo-advisors (Yomoni, Advize, Marie Quantier, Wesave,...).

 Le rythme de l'innovation ne s'arrête pas. La seconde vague Fintech va plus loin en intégrant des infrastructures utilisant la blockchain (Chain, Ledger,...), l'Intelligence Artificielle (Watson, Sinequa,...), des chatbots (Kasisto, Erica,...) et voit le développement de branches cousines comme l'Insurtech ou la Regtech.

 La question qui a agité ces dernières années tout l'écosystème - Les fintechs vont-elles renverser les banques ? - ne se pose plus de cette façon.

 Les Fintechs travaillent pour les banques

Rappelons-le, beaucoup de Fintechs développent des technologies pour les banques elles-mêmes. Une étude Accenture montre que la blockchain pourrait faire économiser entre 8 et 12 milliards de dollars par an aux banques. Un acteur comme Ripple - qui grâce son protocole distribué et une crypto-monnaie permet aux banques d'effectuer des paiements globaux - est bien placé sur ce segment à très haute valeur ajoutée.

 Avec la seconde vague Fintech, les banques ont désormais compris qu'elles doivent accélérer leur transformation digitale. Elles bougent dans de multiples directions et y mettent les moyens :

 Peu de place à l'erreur

L'industrie Fintech est l'une des plus complexes du fait de la régulation stricte qui l'encadre et des besoins additionnels en fonds propres. Dans cette industrie naissante, ou l'on gère directement ou indirectement l'argent des autres, peu de place à l'erreur. Certaines Fintechs - des plus emblématiques comme Lending Club aux plus récentes comme Morning - en ont récemment fait les frais.

 Pour un acteur financier, sa capacité à rassurer sur sa solidité et sa solvabilité est clé. Et cette confiance, quoi qu'on en dise, les banques traditionnelles peuvent encore largement s'en prévaloir.

En dépit de cela, la demande des consommateurs - voire du grand public - pour de nouveaux acteurs et de nouveaux services financiers simples, flexibles et innovants est réelle, en témoigne le grand succès de la néo-banque Compte Nickel.

 Pour une Fintech, partir seule, à l'abordage des banques est donc a minima, un long voyage. Voire un chemin très risqué. La tendance observée est donc une relation basée sur la coopétition entre banques et Fintechs.

  •  Les banques ont les réseaux, les marques commerciales. Et la relation client via la tenue de compte ;
  •  Les Fintechs ont l'agilité, la créativité, la manie de l'expérience utilisateur (et du téléphone mobile). Et les produits technologiquement innovants ;

 A ce panorama, s'ajoute une évolution législative dont on peut prédire qu'elle aura un impact majeur pour l'industrie bancaire et ses relations avec les startups Fintech : la directive européenne PSD2 (Paiement directive services) qui sera mise en oeuvre en 2018.

 L'un de ses objectifs est d'ouvrir le marché du paiement à de nouveaux acteurs pour y développer la concurrence et réduire le coût d'accès aux moyens de paiement pour les consommateurs, et ce à travers la zone Euro.

 La banque qui conserve les informations sur des comptes clients doit les rendre accessibles à des tiers tels les prestataires de paiement mobile. De nouveaux entrants comme les agrégateurs de comptes Bankin' ou le suédois Tink, surfent déjà sur la vague. Bankin', par exemple, va permettre à ses utilisateurs de passer des ordres directement auprès de leurs banques. En clair, avec PSD2, les banques vont devoir s'ouvrir aux Fintechs et plus largement à l'écosystème des startups. Ceci pourrait déclencher une petite révolution en favorisant l'ouverture de leurs systèmes d'informations tout en maintenant leur exigence de sécurité.

 Les API (interfaces de programmation) sont aujourd'hui l'alliance idéale pour sceller ces rapprochements souples entre banques et fintechs dans un contexte où la "coopétition" est devenue la norme, voire une obligation. Gageons que cette "coopétitio"n pourrait permettre aux banques de fournir à ses clients le meilleur ensemble de services flexibles et innovants et aux Fintechs de grandir plus rapidement tout en développant une nouvelle génération de produits...

En tant que Venture Capitalist, actif depuis 2008 dans le domaine Fintech, XAnge continue de suivre tous ces mouvements avec beaucoup d'attention ainsi que les nombreuses startups qui innovent... ;)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 28/01/2017 à 8:52
Signaler
Le plus important pour les clients est de garantir la sécurité des fonds placés car les pirates du Net notamment ceux basés à l'étranger vont s'attaquer tous azimuts à ces nouveaux acteurs.

à écrit le 26/01/2017 à 10:15
Signaler
Il me semblait bien que la finance avalerait rapidement le concept. Merci pour cette confirmation.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.