Brexit : un mauvais mélodrame insignifiant !

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le mauvais mélodrame insignifiant du Brexit
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

Qui a véritablement peur du Brexit ? C'est la question que l'on peut se poser tant le décalage est grand entre l'idée que l'Union européenne pourrait voir déserter la deuxième économie de la zone et un de ses principaux contributeurs au budget européen. ; et le peu d'émoi que suscite cette perspective dans les opinions européennes. Ce n'est pas la campagne gnangnan, « embrasser un Britannique » qui me démentira. La bourse britannique n'est certes pas très florissante, mais la morosité ambiante ne détonne pas avec celle des autres bourses. Et nul besoin du Brexit pour expliquer cela. Les perspectives de croissance britannique, en décélération pour des raisons budgétaires avant tout, suffisent largement à expliquer l'inertie de la bourse.

D'où vient cette d'impression qu'il ne se passera rien quelle que soit l'issue du referendum britannique ?

D'abord du fait que le Royaume-Uni n'est déjà plus qu'un demi-membre de l'UE, qui a multiplié les dérogations, les opt out comme on dit, dans de multiples domaines. Pas seulement budgétaire.  Et l'accord de février 2016 n'a fait qu'amplifier des choses dans des domaines aussi importants que la libre circulation des travailleurs migrants et des citoyens européens certains droits découlant de cette liberté fondamentale de l'UE. La négociation avec les Britanniques a ouvert la porte à de nouvelles restrictions concernant le droit à prestations et à l'aide sociale des travailleurs européens, dans lesquels s'engouffrent d'autres États européens, dont l'Allemagne. Sans parler des multiples garanties pour protéger la City des mesures réglementaires européennes que Londres considérerait  discriminatoires. Bref, le fameux article 2 de la Loi El Khomri qui permet des dérogations, inversant la hiérarchie des normes... est en train de devenir une réalité au plan européen. La sédition britannique a fait des émules, qui bouscule de plus en plus la suprématie des traités.

Ensuite, il vrai que tel qu'il est posé, le débat britannique qui a pris la forme d'une guerre des chèques, indémêlable, et dont les ordres de grandeur ne paraissent pas en mesure de changer la face de la croissance britannique ou européenne. Cet abord par le petit bout de la lorgnette de  ce que pourrait économiser le Royaume en tant que contributeur au budget européen, ou en termes de coût des réglementations, et ce qu'il pourrait perdre en droits de douane supplémentaires paraît extrêmement superficiel. Et que dire des chiffrages invérifiables de la perte de croissance qu'occasionnerait un Brexit... qui rappelle en tout point ce que l'on appelait et appelle encore le coût de la non Europe. Des exercices quantifiés totalement farfelus qui n'ont qu'une vocation politique.

Brexit ne se fera pas du jour au lendemain

Le Royaume-Uni rejoindrait certainement l'AELE, l'accord européen de libre-échange aux côtés de la Norvège, de la Suisse, de l'Islande et du Liechtenstein. Elle devrait renégocier tous ses accords avec l'Union et les pays membres... tout cela pour arriver à une situation assez proche d'aujourd'hui, avec une cotisation au budget européen en moins.

Bref, il n'y a pas péril en la demeure. On connaît de surcroît la capacité de la machine bureaucratique européenne à contourner le les votes citoyens qui ne l'arrangent pas. Et à ceux qui espèrent une sorte d'éveil des consciences européennes, une opportunité pour le noyau dur continental d'avancer en matière d'intégration. Qu'ils se détrompent. Le Royaume-Uni est cet empêcheur d'intégrer en rond dont chacun s'accommode. Sa vision libre-échangiste de l'UE, et anti budget européen, est plus proche du point de vue allemand et nordique que français. C'est tout ce que révèlera la sortie du Royaume-Uni, si elle a lieu.

Un gros bémol cependant ! Sur le plan de l'Europe de la défense, l'UE va devoir repenser les choses. Cela pourrait être l'occasion de ressouder de couple franco-allemand sur un projet hautement symbolique.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 3
à écrit le 23/06/2016 à 17:48
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Un Brexit pourrait surtout faire des émules et provoquer la chute de l'UE

à écrit le 23/06/2016 à 17:27
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"On connaît de surcroît la capacité de la machine bureaucratique européenne à contourner le les votes citoyens qui ne l'arrangeent pas" VOILA, TOUT EST DIT ! Tout ça est une comédie pitoyable, où l'on prend les citoyens de base en Europe (de plus ...

à écrit le 23/06/2016 à 13:16
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Il est vrai, que la G.B. est toujours resté sur le pas de la porte et avec raison, vue le bazars a l'intérieur! Mais si le Brexit n'est pas prononcé, elle n'aura plus de moyen de "chantage" pour ne pas y entrer pleinement!

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