C'est quoi l'UE à 27, sans le Royaume-Uni

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui: l'Europe amputée (UE - UK) = "how much" ?

C'est quoi, l'Union européenne à 27, c'est-à-dire sans le Royaume-Uni. En creux, la question est bien de déterminer de combien va être amputée l'Europe. D'abord d'une partie de sa population. Le Royaume-Uni est un grand pays, c'était le 3e par la taille avec ses quasiment 65 millions d'habitants derrière l'Allemagne et la France. Avec le Brexit, la population de l'Union européenne passe de 509 millions environ à 444 millions d'habitants. L'Europe reste bien entendu un grand marché, mais il vient de d'un coup de se réduire de 13%. Le Royaume-Uni, c'est aussi une grande puissance économique : aux coudes à coudes avec la France, l'économie britannique était suivant les années en 2e ou 3e position toujours derrière une Allemagne hors d'atteinte.

Une Europe plus pauvre ?

C'est donc une part importante de la richesse européenne qui disparait : l'Europe passe d'un PIB de 14,6 milliards d'euros à 12 environ : c'est une amputation de 18% de la puissance économique européenne. Pour bien saisir l'importance de ce choc : en agrégeant les PIB de la Pologne, de la République tchèque, de la Roumanie, de la Hongrie, de la Bulgarie, de la Slovénie de la Slovaquie et des 3 États baltes, soit une liste longue de 10 pays, on ne reconstitue qu'à peine 43% du PIB britannique.

Pour enfoncer le clou, avec le Royaume-Uni, l'Europe à 28 était la première puissance économique mondiale devançant de peu les États-Unis sans le Royaume-Uni, elle glisse à la seconde place et se retrouve avec un PIB qui représente environ 90% de celui de l'Oncle Sam. C'est un fait la force de frappe économique de l'Europe s'est affaiblie. La richesse moyenne par habitant passe aussi instantanément de 28 750 euros à 27 170, en recul de 5,5%. L'Europe ressort donc plus pauvre.

Une délocalisation de la City

Avec, le départ du Royaume-Uni, c'est aussi le poumon financier européen qui lâche les amarres. La City, c'est LA place financière européenne, la seule capable de rivaliser avec Wall Street ou la bourse de Tokyo et contrer la montée de Shanghai, Shenzhen ou de Hong Kong.

Quelques chiffres pour se rendre compte : la City, c'est 4% du PIB britannique, ce sont aussi des milliers d'emplois directs, hautement qualifiés dans la finance avec la présence en masse de sièges sociaux d'établissements financiers. Mais la City c'est aussi tout un écosystème de services à forte valeur ajoutée : l'audit, le conseil, les professions juridiques, les services informatiques. Il y a aussi d'énormes retombées fiscales, les sociétés financières s'acquittant d'environ 40 milliards d'euros d'impôt. Et il ne faut pas croire que cela sera profitable à Paris ou à Francfort.

Si mouvements de délocalisation, il y a, ils s'effectueront d'abord vers le grand large. Mais, cela serait une erreur de limiter à la finance, l'impact sur l'économie européenne : c'est un fait selon les données d'Eurostat, sur les 10 dernières années la finance britannique c'est environ 23,5% de la valeur ajoutée générée par la finance européenne. Mais c'est aussi on le sait peu, près de 12% de la valeur ajoutée de l'industrie manufacturière.

 Et la défense sans le Royaume-Uni ?

C'est aussi environ plus de 6% de la richesse créée par l'agriculture qui disparait. Avec le Brexit c'est aussi l'Europe de la défense qui prend un sale coup. Avec la France, le Royaume-Uni était le seul pays d'Europe à pouvoir projeter des forces à l'extérieur et à disposer d'une dissuasion nucléaire, conditions pour que l'Europe puisse faire figure de « petit » gendarme du monde. Il suffit de regarder les dépenses militaires des 28 états membres de l'Union européenne pour se faire une idée : pour la France c'est 47 milliards d'euros environ au coude à coude avec le Royaume-Uni (45). Un cran en dessous se trouve l'Allemagne (35 milliards) et l'Italie (23). En-deçà, ce n'est même pas la peine de regarder, car ces 4 pays assurent à eux seuls plus de 72% de l'ensemble. Autrement dit, les 24 autres pays concourent à moins de 28% de l'effort global. Avec le retrait des Britanniques, les dépenses militaires de l'Europe sont amputées de 21% ! Avec le Brexit, la configuration économique de l'Europe change et il faut bien en avoir conscience l'Europe s'est brutalement affaiblie le 24 juin dernier.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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