Mesdames, Messieurs les candidats
A quatre mois de l'élection présidentielle, je cherche en vain dans vos programmes le moindre mot sur ce « mal français »  qui fait  plus de 3.400 morts et de 72.000 blessés chaque année dans notre pays. Allez-vous tolérer encore tant de victimes ? Allez-vous ignorer les drames de la route au fallacieux prétexte qu'ils ne seraient que fatalité ?
Faut-il vous rappeler que par deux fois déjà un gouvernement français a su sauver des vies en faisant preuve de courage politique ? En 1973, les limitations de vitesse et le port de la ceinture de sécurité, imposés par le gouvernement de Pierre Mesmer, ont inversé  pour la première fois la courbe des accidents et sauvé près de quatre mille vie en quatre ans. En 2002, le président Jacques Chirac mobilise tous les acteurs de la sécurité routière pour en faire une grande cause nationale et réussit à sauver deux mille vies en deux ans.

La force de la volonté politique... qui a disparu

Ces deux moments de notre histoire nationale, étudiés et commentés dans bien des pays, démontrent la force de la volonté politique et son efficacité contre la mort sur la route. Depuis dix ans, cette volonté politique a disparu. La mobilisation interministérielle a vécu. Le Conseil National de la Sécurité routière n'est plus réuni, Son comité d'experts n'est pas écouté. Des effets d'annonces et de timides expérimentations remplacent les décisions fortes seules susceptibles de faire reculer l'insécurité. Les contrôles d'alcoolémie ont diminué et ne sont plus suivis de sanctions. Les associations qui luttent sur le terrain ne sont plus soutenues.

Les effets de ces démissions en série n'ont pas tardé à se faire sentir. Les comportements des conducteurs se sont relâchés. Les infractions et les accidents se sont multipliés. La France qui s'était engagée à passer sous la barre des 2.000 morts à l'horizon 2020, est incapable de tenir cet objectif. Depuis 2015, la mort regagne du terrain chaque année.
Votre silence devant cette catastrophe quotidienne est inquiétant. Si vous êtes élu président de la République, allez-vous poursuivre cette politique d'abandon et de résignation, payer le prix du sang pour ne pas heurter les lobbies de la vitesse et de l'alcool, vous désintéresser des victimes de ce carnage ?

Quelles mesures prendre?

L'association Victimes et Citoyens porte, depuis des années, des propositions pour sauver des vies et venir en aide aux victimes de la route.. Nous aimerions, avant d'aller voter, connaître votre position sur quelques unes d'entre elles.
Acceptez-vous de renforcer l'action des forces de l'ordre contre les comportements à risque en créant une police dédiée à la route et évaluée sur son aptitude à sauver des vies ?
Acceptez-vous de poursuivre l'installation des radars de vitesse automatisés ?
Allez-vous faire en sorte que les contrôles de drogue et d'alcoolémie débouchent réellement sur des pertes de points ou des sanctions pénales ?
Mettrez-vous en place une évaluation indépendante des routes françaises pour aménager rapidement les zones à risques et adapter les limitations de vitesse à la réalité des infrastructures ?
Favoriserez-vous une éducation routière tout au long de la vie et un apprentissage plus long et moins coûteux de la conduite ?
Augmenterez-vous les moyens de la justice pour qu'un responsable d'accident puisse être jugé dans un délai d'un an.
Allez-vous rendre la réponse pénale plus dissuasive en demandant aux magistrats une application stricte des peines complémentaires ; éthylotests anti-démarrage, immobilisation et confiscation du véhicule en cas de récidive ?

Des tribunaux spécialisés?

Complèterez vous la loi Badinter pour que les victimes soient examinées par des experts réellement indépendants et indemnisées rapidement par des tribunaux spécialisés ?
Aiderez-vous les associations de  prévention et d'aide aux victimes qui se battent chaque jour contre les causes et les conséquences de ce carnage ?
Vous impliquerez-vous directement pour que recule la mort sur la route ?
Ces dix propositions n'épuisent pas la question. Bien d'autres initiatives peuvent encore faire progresse la sécurité routière. Mais une réponse de tous les candidats à la présidence de la République sur ces dix propositions permettrait d'envoyer un signal fort aux usagers de la route comme aux dizaines de milliers de familles françaises touchées par ce drame.
Je m'engage, aux cotés de l'association Victimes et Citoyens, à donner toute la publicité nécessaire à vos réponses.