Comment développer une culture de la transformation chez les jeunes ?

Le système éducatif doit préparer les jeunes générations à un monde imprévisible. Il doit leur donner les clés pour apprivoiser le changement et pour en saisir les opportunités. En France, l’accent est mis sur le savoir. Mais quid de la flexibilité, de l’esprit d’équipe ou encore du goût d’apprendre ? Par Mary Dupont-Madinier, Associée du cabinet de management de transition Valtus.
Par Mary Dupont-Madinier, Associée du cabinet de management de transition Valtus.

Les entreprises sont à la recherche de talents leur permettant d'affronter les mutations complexes et les turbulences auxquelles elles sont soumises. Autrement dit des professionnels dotés d'une culture de la transformation, adaptables, ouverts d'esprit et agiles. Ces savoir-faire et savoir-être s'acquièrent sur le terrain, aux détours d'une carrière riche et rarement linéaire. C'est pourquoi les projets de transformation sont souvent confiés à des managers de transition expérimentés. Mais, aujourd'hui, les vagues de disruption sont continuelles et les jeunes générations aussi se doivent d'être armées pour s'adapter.

France vs États-Unis : sélectionner le meilleur de chaque système

Le système éducatif français permet-il aux élèves de développer ces compétences-clés ? Il forme de très bons experts et des professionnels cartésiens, grâce à des enseignements axés sur le savoir. Connaissances académiques, écoute, autonomie ou esprit de synthèse font bien partie de la panoplie du jeune Français. En revanche, le système éducatif tricolore cultive la compétition et la performance individuelles. L'obsession de la note occulte le plaisir d'apprendre mais aussi la curiosité, l'esprit d'équipe et la prise de risque.

Ici, une petite plongée aux États-Unis peut s'avérer intéressante. Les différences de mentalités entre les Américains et les Français sont régulièrement pointées du doigt, et souvent à raison. Ces divergences trouvent leur origine dans l'éducation et plus particulièrement dans l'enseignement. L'école américaine développe l'esprit de compétition mais de façon collective. Le travail en équipe, en mode projet, est monnaie courante, du primaire à l'université. Prise de parole en public et art de la présentation et de la communication écrite sont également largement enseignés. Autre différence frappante : les examens. Outre-Atlantique, ils sont open book. C'est-à-dire que l'élève dispose de ses livres et autres notes pour répondre aux questions qui lui sont posées. Bien plus donc que la mémorisation, ce sont la mise en application, la solution ou bien la créativité de la réponse à la question qui sont ainsi évaluées. Car, à l'heure de l'Internet et de la facilité d'accès à l'information, c'est la manière de résoudre les problèmes qui importe. D'ailleurs, le design thinking est la nouvelle mode en vogue dans les universités américaines : l'objectif est d'arriver à trouver les solutions les plus adaptées aux besoins, non pas en appliquant des formules ou des méthodologies existantes, mais en pensant différemment. Quant à la notation, elle est totalement différente. Ainsi, la participation peut compter pour moitié dans la note, car la créativité et l'initiative sont encouragées et valorisées. Le classement des élèves par niveau et par matière est de nature à leur donner confiance en eux. Une posture essentielle pour oser, être créatif et prendre des risques. Résultat : les petits Américains aiment l'école.

Apprendre à s'adapter dès le plus jeune âge

Cette comparaison rapide n'a pas vocation à stigmatiser le système éducatif français, ni à présenter les pratiques éducatives américaines comme la panacée. Tout n'est pas parfait aux États-Unis, loin s'en faut. La maternelle publique telle qu'elle est connue en France n'y existe pas de la même façon. Or, ces classes sont importantes car elles enseignent la vie en collectivité, le partage, la liberté d'expression... L'un des paradoxes français étant que cette méthode collective en usage en maternelle, dont les résultats sont probants, est très largement abandonnée par la suite. Car c'est bien dès le plus jeune âge que la confiance et le savoir-être doivent bénéficier d'un terreau fertile pour éclore et s'épanouir. Durant leur scolarité, et bien avant d'entamer des études supérieures, les élèves doivent développer des capacités d'adaptation qui leur permettront d'apprendre tout au long de la vie. Elles conditionnent, et ce depuis toujours, leur aptitude à s'intégrer dans l'univers professionnel. Mais à l'heure d'une révolution technique qui bouleverse les mœurs et les usages, les façons de travailler et jusqu'à la façon de penser le travail, valoriser le collectif et l'adaptation, plus que la mémorisation, devient un enjeu primordial.

Réinventer, enrichir, adapter les pratiques pédagogiques est un chantier, chacun le sait, complexe. Surtout quand le demain et l'après-demain auxquels l'école doit former sont bousculés par tant de mutations. Pour bien former, les adultes, les citoyens, les professionnels, l'école doit promouvoir la culture de la transformation.

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Commentaires 2
à écrit le 08/06/2017 à 7:46
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Le système éducatif français est surtout basé sur l'analyse. Il faut développer la synthèse et cela dès l'école maternelle. Que faut il faire pour cela?

à écrit le 07/06/2017 à 18:04
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S'adapter à changer sans arrêt, vaste programme que nous imposent nos prêtres néolibéraux, comme Fillon, le gars qui veut que tout le monde évolue alors qu'il ne l'a jamais fait de toute sa vie. Ce serait bien déjà que nos décideurs politiques e...

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