Comment la French Tech peut s'appuyer sur le Cloud

Les difficultés que rencontrent les start up peuvent être surmontées. Par Carine Braun-Heneault, Directrice générale de Red Hat France

Toutes les entreprises, y compris les plus traditionnelles, voient aujourd'hui Internet comme un moyen d'entrer en contact avec leurs clients, de distribuer des produits et des services, et d'explorer de nouvelles opportunités de croissance. Le monde de l'entreprise est ainsi entré dans l'ère des applications numériques, mais aussi dans une ère guidée par les besoins du client, qu'il s'agisse d'un utilisateur final ou d'un client interne de l'entreprise. Même le secteur, pourtant traditionnellement conservateur, de la fabrication industrielle confirme la nécessité de réinventer les processus pour s'adapter à l'économie plus fluide et connectée de demain.

 La technologie ouvre la voie à de nombreuses opportunités pour les PME et sociétés basées en France. Des sociétés fondées en France, comme Criteo, ou le studio d'animation Dwarf, sont des fers de lance de la puissance technologique nationale. De nombreuses start-ups et PME françaises prêtes à conquérir le monde se reconnaissent dans l'identité de la 'French Tech'. La France encourage actuellement l'adoption de technologies à fort potentiel d'évolutivité et soutient le développement à grande échelle d'entreprises de nouvelle génération sur son sol, des start-ups et PME bâties sur de nouveaux modèles.

 Le changement d'échelle n'est jamais l'étape la plus simple pour une entreprise, peu importe le pays où elle est implantée. Outre les enjeux traditionnels liés à la recherche de financement, l'accès aux compétences nécessaires et l'infrastructure technologique sont deux des principaux freins à la croissance cités par les entreprises[i]. Des ressources IT inefficaces et le manque de planification technologique peuvent très concrètement empêcher le développement ou la transformation d'une entreprise.

 Les compétences

Aux yeux des sociétés en croissance, le cloud public, privé ou hybride, peut offrir d'importants avantages en termes d'évolutivité, d'agilité, ou encore de go to market. Mais passer au cloud demande de nouvelles compétences. Et comme de nombreuses jeunes sociétés ne peuvent se permettre de recruter les talents qui maîtrisent ces technologies, elles devront se former elles-mêmes ou compter sur des partenaires.

 Les développeurs aussi ont de nouveaux défis à relever. Apprendre un langage de programmation ou obtenir la certification d'un seul fournisseur n'est plus suffisant. Pour innover rapidement, il faut pouvoir compter sur un plus large éventail de compétences et maîtriser le fonctionnement des technologies émergentes, comme par exemple OpenStack.

 Les outils que les start-ups utilisent dans leurs environnements de production ne s'appliquent pas nécessairement lorsqu'elles passent à des environnements cloud. Les modes de facturation et de rétrofacturation peuvent différer. Le libre-service se généralise. Prévoir ces changements représente souvent pour les entreprises en expansion de nouveaux modes de planification.

 L'innovation ouverte

Pour se développer plus rapidement et devancer la concurrence tout en conservant leur capacité d'innovation, les entreprises peuvent véritablement faire la différence en accroissant l'agilité des processus métier et de l'IT.

 A cet égard, DevOps est une méthode intéressante et très rentable. Le modèle DevOps reconnaît et prend en compte l'interdépendance des opérations IT, du développement de logiciels et de l'assurance qualité, et aide l'entreprise à développer rapidement des produits et à améliorer sa performance opérationnelle.

 Infrastructure

A mesure qu'une start-up se développe, son système informatique est amené à changer radicalement et en profondeur. Les applications et l'infrastructure ad hoc qui convenaient pour une petite entreprise sont très vite dépassées, au point de ralentir la productivité ou de lâcher sous la pression. La montée en charge de l'IT pour une entreprise qui se développe ne se résume pas à avoir plus de la même chose : il s'agit de gagner en agilité, en flexibilité et en capacités d'innovation.

 Une solution peut être d'avoir recours au cloud public, pour obtenir plus de capacité et de moyens sans assumer les coûts d'investissement dans de nouveaux serveur, et ce tout en maintenant une part de l'IT sur site dans un cloud privé. Il est aussi possible d'investir directement dans les outils IT moteurs de compétitivité, tandis que pour les capacités moins essentielles à la mission de l'entreprise, le modèle Software-as-a-Service et les services d'autres fournisseurs tiers peuvent suffire. Cela suppose de repenser le rôle de l'interlocuteur IT en interne, et d'y voir celui d'un courtier proposant de multiples services, capable de se positionner en partenaire stratégique de l'entreprise.

 Les plus grands aident les plus petits

Les entreprises du secteur IT reconnaissent la nécessité d'aider les start-ups à se développer, et y voient une opportunité. De grandes entreprises proposent des programmes conçus spécialement pour les start-ups, incluant des offres d'infrastructure et de développement à des tarifs d'entrée de gamme, faciles à prendre en main et qui évolueront au gré des besoins, assorties de services de support et de l'accès privilégié à d'autres sources d'expertise. Les start-ups françaises à fort potentiel peuvent déjà en profiter. Certains programmes Cloud permettent par exemple à de jeunes entreprises de tester leurs plateformes et de développer leur activité avec des charges limitées et le support total d'experts : un potentiel d'évolutivité qui serait certainement inimaginable sans le cloud.

 En soutenant les architectures IT et ceux qui programment les applications et qui pilotent ces environnements IT, de tels programmes peuvent aider à combler les difficultés de changement d'échelle et accompagner les PME innovantes de France qui seront les champions internationaux de demain.

[i] Scale-up Report, https://www.scaleupreport.org/

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Commentaire 1
à écrit le 18/08/2016 à 14:38
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Merci Mme Braun-Heneault pour votre analyse pertinente. La "Frenchtech" a dejà 70 millions d'euros de services, produits, logiciels, cloud Microsoft à consommer (cf le don de 83M€ fait le 9/11/2015 par le PDG de Microsoft à M. Hollande). Sur ces ...

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