Compétitivité de la France : c'est pas gagné !

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui : le redressement de la balance commerciale n'est pas vraiment le signe d'une meilleure compétitivité.
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

Au cours des 4 premiers mois de l'année,  le déficit commercial hexagonal a diminué de 22% par rapport à la même période de l'année précédente. C'est appréciable.

Mais l'on sait aussi que les prix des matières premières importées ont considérablement baissé sur la période. On sait aussi que l'environnement européen est plus porteur qu'il ne l'était il y a un an. Ce chiffre ne nous dit donc pas tout sur notre performance pure en termes de compétitivité. Et peut être même, à la rigueur, trompeur.

Tout n'a cependant pas joué dans le sens d'une amélioration mécanique de notre balance commerciale. L'embellie de notre demande intérieure aurait pu peser sur notre solde. De même que la dépréciation de l'euro, dont on sait qu'à court terme, elle tend à renchérir le prix de nos importations. Avant même d'avoir des effets sur nos volumes exportés.

Les volumes exportés et importés

Une première façon d'affiner le diagnostic est de se pencher sur les volumes exportés et importés. Ils nous disent quelle a été la capacité de réponse des entreprises hexagonales à la double embellie de la demande externe et interne. Or, les volumes d'importés comme les volumes exportés ont progressés sur la période récente, mais les premiers cependant, bien plus nettement que les seconds.

Au cours des 4 premiers mois de l'année, les importations ont bondi de 6% par rapport à la même période de 2014. Les exportations ont pour leur part progressé de 3%. Ce que l'on appelle le taux de couverture en volume, c'est-à-dire le rapport entre les quantités exportés et importés à donc eu tendance à se dégrader. L'embellie du solde commercial est donc du exclusivement à l'amélioration des termes de l'échange. Autrement dit au fait que les prix à l'importation ont diminué par rapport aux prix des biens exportés.

Les entreprises hexagonales sont-elles hors-jeu?

Leurs exportations ont d'une part répondu positivement au surcroît de croissance périphérique et à la baisse de l'euro. Le fait ensuite que les entreprises importent des biens intermédiaires ou des matières premières en phase de reprise et en phase de baisse des prix et que ce mouvement de restockage dope les importations n'est pas en soi alarmant, mais relève plutôt d'un comportement normal en phase de redémarrage.

Resserrons le zoom alors sur la composante de notre commerce moins sujette aux à-coups des cours et des comportements de stockage.  En sortant notamment l'énergie et les industries extractives du solde. Cet indicateur, tout comme le précédent, confirme le caractère mitigé de notre bilan commercial.

Hors matières volatiles, le déficit commercial hexagonal fait plutôt du surplace. Si l'on veut rester positif néanmoins, disons que la reprise qui se dessine ne se fait pas exclusivement au bénéfice de nos voisins. On aimerait cependant trouver plus de traces tangibles des politiques de restauration de notre compétitivité dans notre solde commercial.

Dernier constat, enfin

Lorsque l'on regarde quels sont les produits qui contribuent le plus fortement à l'évolution de notre solde, hors énergie, à la baisse comme à la hausse entre les 4 premiers mois de 2015 et de 2014. Il apparaît un clivage assez net entre d'une part les biens destinés à la consommation finale, dont le solde se dégrade avec la reprise de la demande intérieure (matériel de transport, produits électroniques, meuble, joaillerie, articles de sport, textile habillement.

Et d'autre part, les biens d'équipement ou intermédiaires : bois papier, métallurgie, machines, chimie etc. qui bénéficient de la reprise industrielle européenne. Seul fait exception la pharmacie, boostée par la demande des émergents. Bref, cette décomposition nous rappelle la vulnérabilité de nos équilibres extérieurs à une reprise isolée ou trop forte de la consommation. Et, derrière l'embellie apparente, tout indique que la France, si elle est sortie de la phase d'hémorragie commerciale des années 2000, est encore loin du but en termes de restauration de sa compétitivité.

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Commentaire 1
à écrit le 17/06/2015 à 15:58
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Dés que l'on change d'environnement politique (d'une des premières "puissances" mondiales) et que l'on se voit imposé des normes de soi disant concurrence libre et non faussé (sans frontière), l'adaptation demande bien plus de temps qu'a celui qui pa...

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