Contre le réchauffement climatique, taxer l'extraction et la consommation d'énergies fossiles

La montée en puissance du gaz de schiste conduit paradoxalement à produire de plus en plus d'électricité à partir de combustibles fossiles. Contre cette tendance évidemment dommageable pour le climat, il faut taxer à la fois les industries extractives et la consommation. Par François Dauphin - expert international énergie.

Si la France repousse régulièrement la date de la fermeture de la centrale de Fesseinheim, tel n'est pas le cas aux USA où la société Entergy vient de prévenir l'opérateur du système électrique de la fermeture imminente et définitive de sa centrale nucléaire de Pillgrim. Elle fournissait 680 MW d'électricité depuis 1972 dans l'Etat du Massachusset et venait de faire l'objet d'une remise à niveau de 70 Millions de dollars. Entergy annonce que cette première fermeture devrait être rapidement suivie de la fermeture de la centrale de Fitzpatrick qui produit 800MW dans l'Etat de New-York.

Des fermetures de centrales nucléaires en cascade

Les deux centrales en question disposaient toutes deux de licences d'exploitation mais leurs coûts de production étaient devenus trop élevés pour concurrencer les turbines à gaz. Celles-ci bénéficient à plein de l'effondrement du prix du gaz. Sur les marchés de gros, l'électricité ne dépasse pas les 10 euros par MWh ... 4 fois moins que les coûts de production actuels d'EDF en France et plus de 10 fois le prix proposé pour l'EPR en Grande Bretagne. Le cabinet d'analyse SNL Energy a publié récemment une étude montrant qu'au moins 10 000 MW de centrales nucléaires devront être fermés aux USA d'ici 2019.

Plus de gaz de schiste égale plus d'électricité à base de carbone

Le développement massif du gaz de schiste aux USA a donc comme conséquence paradoxale l'arrêt de moyens de production d'électricité décarbonée. Plusieurs organisations pointent du doigt cette politique et questionnent la possibilité pour les USA de développer les énergies renouvelables à un rythme suffisant pour compenser ces arrêts massifs tout en réduisant significativement leurs émissions. Une réduction notable de l'usage des énergies carbonées ne peut en effet venir que par une intégration des coûts des externalités associées à leur usage.

Pour une taxation de l'extraction...

La première manière d'y arriver est d'influer sur le coût d'extraction : c'est le sens du mouvement « keep it underground » visant à maintenir sous terre les énergies fossiles carbonées. Si ces énergies constituent déjà une source importante de revenus pour certains gouvernements, il est tout à fait possible de définir une taxe mondiale visant à renchérir le coût des financements des industries capitalistiques d'extraction qui sont faciles à tracer. Le produit de cette taxe pourrait alors être affecté aux fonds d'adaptation au réchauffement climatique réclamé par les pays directement touchés par ses conséquences.

La politique de prêt à taux zéro des banques centrales mondiales a hélas l'effet exactement inverse et a permis aux industriels du gaz et pétrole de schiste de lever près de 500 milliards de dollars à un taux de quelques pourcents seulement. Si la production nord-américaine d'hydrocarbures a flambée, elle a aussi eu pour conséquence que le gaz se substitue au nucléaire aux USA et le charbon remplace le gaz en Europe. Tout cela implique une augmentation importante de nos émissions de gaz à effet de serre, l'inverse de ce que nous souhaitons !

...et de la consommation

En sus d'une augmentation des coûts de production, une seconde façon d'influer sur la consommation des énergies carbonées et de taxer leur consommation. Cette option est plus communément connue sous le nom de taxe carbone dont il serait possible de définir à la fois un objectif à long terme et un rythme de croissance annuel. C'est probablement le moyen le plus efficace et le plus simple d'influer réellement sur la demande et faire que ces énergies intègrent le coût des externalités associées à leur combustion. Pour cela, point n'est besoin des quarante pages de l'actuel protocole d'accord, une trentaine de mots suffisent....

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Commentaires 6
à écrit le 13/12/2017 à 19:17
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Je vous remercie pour cet article qui prône la taxation de l'extraction et de la consommation. C'est à mon avis la plus simple et surtout la seule façon d'arrêter la destruction de l'environnement. Plus précisément, une taxe sur l'extraction, ainsi ...

à écrit le 23/11/2015 à 22:52
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tbrlub ce n'est pas vraiment une taxe si l'argent qui est récolté et donné à ceux qui sont leplus affectés par le réchauffement climatique. pour moi c'est la meilleure façon de faire. Si l'on ne donne pas un prix au carbone émis personne ne changera ...

à écrit le 23/11/2015 à 13:52
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Comme d'hab taxons, c'est toujours la même chanson il n'y a pas une idée nouvelle. Moi qui ne suis pas expert et sans réfléchir je peux dire la même chose taxons.

à écrit le 23/11/2015 à 12:33
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La manière punitive n'est certainement pas la bonne solution, elle augmente les couts sans rien apporter à la valeur ajoutée, c'est donc un entonnoir à pertes. La solution pour produire de l'énergie sans polluer ne peut venir que de l'innovation, qui...

le 23/11/2015 à 14:22
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C'est hypocrite de dire que l'innovation créé forcément de la valeur ou alors vous avez un concept bien biaisé de la notion d'innovation. Profil de communicant...

à écrit le 23/11/2015 à 12:28
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Pour le refroidissement de l'économie ... Taxer tout !

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