COP 21 : et si on optimisait ?

Le premier moyen de réduire des émissions de carbone, c'est l'optimisation. Par Gilles Nozière, Dirigeant fondateur de la société Oze-Energies

Le constat est simple : chauffer, climatiser, ventiler coûte cher. En 10 ans, la facture moyenne d'énergies a progressé d'environ 6 % par an. Même l'électricité n'est plus préservée par ces hausses. Le PDG d'EDF Jean Bernard Lévy, a récemment annoncé que la rénovation du parc nucléaire français entrainerait des augmentations des tarifs de l'électricité dans les prochaines années.

A l'heure de la Cop 21, de nombreuses entreprises innovantes ont développé des solutions technologiques concrètes pour faire des économies d'énergies. Nous n'avons pas attendu un accord politique des 196 pays membres pour passer à l'action !

Innovons, pensons différemment et nous pourrons agir sur la facture énergétique et environnementale sans exiger de lourds budgets de la part des propriétaires, souvent injustifiés sur le plan écologique et économique !
En France, les bâtiments représentent 45 % de la consommation énergétique globale et sont les plus gros émetteurs de CO2 avec 25% des émissions nationales.
Quelles sont les solutions dont nous disposons pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, à niveau de température identique pour les occupants ?

Développer les énergies propres et réaliser des travaux d'isolation de manière opportuniste et avisée

Renforcer le parc solaire, investir dans la recherche et le développement du secteur énergétique... La France doit accélérer les financements des énergies propres pour mener à bien la transition énergétique.
Par ailleurs, la piste des travaux, largement préconisée, peut être justifiée de manière opportune, pour des raisons de vétusté ou de changement de standing par exemple. Ainsi, lors de la rénovation d'une toiture terrasse arrivée en fin de vie, en profiter pour en augmenter l'isolation voire y rajouter une membrane photovoltaïque a non seulement un intérêt écologique mais aussi économique. Le coût supplémentaire aux travaux est alors remboursé en quelques années par les gains générés. Néanmoins ce n'est pas le cas quand on anticipe la fin de vie de la toiture. En favorisant des politiques de subvention inadéquates, on peut même générer des bulles spéculatives, comme ce fut le cas, il y a quelques années pour le photovoltaïque ! C'est le cas de certaines granges qui ont été construites sans autre utilité que celle de servir de support à des panneaux photovoltaïques. Ce gaspillage de l'argent public, accompagné de taxes sur les factures électriques, a largement participé à l'augmentation de la précarité énergétique particulièrement pour les plus démunis !

Optimiser l'énergie

On n'a jamais fait autant l'apologie du « Green Building » et de ses incidences positives au plan économique, financier et environnemental, pourtant avant de construire on peut déjà réaliser des économies d'énergie sur le parc immobilier existant. Aujourd'hui l'innovation technologique, et le Big Data permettent d'optimiser l'existant et de réduire la facture énergétique sans travaux ! En plaçant des capteurs communicants intelligents dans les bâtiments, il est possible de modéliser les comportements énergétiques et de réduire les niveaux et les pics de consommation de gaz et d'électricité et des réseaux urbains de chaleur et de froid.

Arrêtons de marteler que la réduction de la facture énergétique nécessite toujours des travaux de grande ampleur. Si l'isolation des murs ou le remplacement des fenêtres permettent effectivement une réduction de l'ordre de 15% de la facture énergétique ; il n'empêche que ces travaux se chiffrent en centaines de milliers voire en millions d'euros, selon la superficie du bâtiment concerné. La durée d'amortissement des investissements par rapport aux économies d'énergies est dans ce cas de l'ordre de 40 ans ; autrement dit il n'y a pas d'amortissement si la seule raison des travaux d'investissement est les économies d'énergies.

Pour réduire la facture, deux actions interdépendantes peuvent être menées : L'optimisation des réglages des installations (chauffage, ventilation, climatisation, électricité) en collaboration avec les mainteneurs-exploitants d'une part, et, d'autre part, l'adaptation et la renégociation des contrats de fourniture d'énergies auprès des fournisseurs d'énergies (électricité, gaz, réseaux urbains de chaleur et de froid).

Changer les comportements énergivores

Une mauvaise gestion de l'intermittence d'occupation des bâtiments au niveau de la ventilation, du chauffage ou de la climatisation, notamment dans les bureaux (horaires de travail versus nuits ou jours fériés) peut entrainer un gaspillage de l'ordre de 35%. Alors si nous changions nos comportements énergivores ?

Avant d'envisager de grands travaux, pourquoi ne pas simplement regarder à deux fois s'il est possible d'optimiser l'énergie pour économiser et réduire les émissions de gaz à effet de serre ?


Gilles Nozière
Diplômé de l'Ecole Polytechnique et titulaire d'un doctorat de recherche opérationnelle de l'Ecole des Mines et de l'Université de Paris-Dauphine,
Dirigeant fondateur de la société Oze-Energies

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Commentaire 1
à écrit le 11/12/2015 à 16:24
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Exact et bien vu mais il faut en fait agir sur tous les leviers à la fois et ne pas faire comme auparavant en privilégiant tel ou tel thème. Par exemple avant on favorisait le solaire thermique puis on a arrêté quand çà allait trop vite alors qu'on a...

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