De cash investigation à trash investigation ?

Dans Cash investigation, Élise Lucet a fait le choix de la trash investigation. Cela ne peut pas être sans conséquences... Par Florian Silnicki

Dans le prochain épisode de l'émission Cash Investigation, Arnaud de Belloy, le patron de la société Herta, passera au grill à cause d'Élise Lucet, procureur médiatique, qui lui demandera de s'expliquer sur la présence des nitrites dans le jambon.

 Dans cette émission, les méthodes anglo-saxonnes sont importées en France : investigation, fausses identités, recel d'informations volées, caméras cachées, enquêtes diligentées uniquement à charge, questions volontairement excessives posées en dehors de tout rendez-vous avec la volonté affichée de piéger la victime... En clair, un journalisme belliqueux bien loin de toutes considérations déontologiques ou éthiques, qui use de techniques dignes des pires détectives privés, reposant uniquement sur une présomption de culpabilité installée dès le début de l'émission.

 Pourquoi Herta?

Ce qui a poussé l'émission à s'intéresser à cette marque ? Des victimes en nombre ? Des dommages causés sur la santé de ses consommateurs ? Non, simplement la popularité de cette entreprise.

Comme Jean-Marc Morandini choisissait ses invités people en fonction de leur popularité, Élise Lucet choisit ses sujets d'investigation en fonction de leur notoriété, espérant ainsi gonfler ses scores d'audience. Avec 96 % de taux de notoriété chez les Français, Herta est la première marque en France pour la charcuterie, notamment le jambon, y vendant un million de produits chaque jour. C'est dire à quel point elle est une cible de premier choix pour la journaliste, dont la soif d'une enquête médiatisée ne laisse aucune place au doute, à la nuance ou aux faits objectifs.

 Développer des boucliers

Dans un contexte économique ultra compétitif où l'ouverture d'une seule brèche sur le front de son image et des impacts qu'elle entraîne peut donner lieu, au travers du déficit de cette même image, à une déperdition quasi simultanée de parts de marché, les entreprises sont contraintes de développer des boucliers leur permettant de se protéger des méthodes de cette journaliste.

Bonne nouvelle pour elles, Cash Investigation ne fait plus peur aux entreprises à qui elle a déclaré la guerre. En effet, les entreprises peuvent aisément anticiper les comportements et les méthodes des enquêteurs d'Élise Lucet et peuvent donc mettre en place les procédures leur permettant de contre-attaquer. En l'espèce, on le sait, la sécurité de nos aliments a constamment progressé depuis la dernière guerre.

Pourtant, depuis quelques années, « les peurs alimentaires » connaissent une vigueur inégalée jusqu'alors. C'est sur ces peurs que la journaliste surfe pour gonfler son audience. La nature même de l'alimentation, qui consiste fondamentalement à incorporer des éléments extérieurs dans son propre organisme, et ses liens avec l'imaginaire et le culturel, confèrent aux problèmes de sécurité des aliments une acuité toute particulière. Les communicants sont conscients du fait qu'en matière de sécurité alimentaire, un certain nombre de références ne fonctionnent plus. Car la maîtrise de la sécurité des aliments, considérée comme un problème strictement technique, a montré ses limites, voire ses défaillances. Par ailleurs, l'opinion ne suit plus ; les Français ne pensent plus que la science et la technologie vont leur apporter plus de sécurité, mais au contraire moins de sécurité, et, surtout, de nouveaux dangers. C'est le cas ici avec le nitrite de sodium et l'additif E250, utilisés dans les produits carnés.

Quelle gestion de crise?

 La gestion de crise ne vise pas à couvrir d'inacceptables insuffisances en matière de sécurité, contrairement à ce que la journaliste sous-entend systématiquement. Bien au contraire, la préparation aux situations de crises des industriels aide à identifier de telles insuffisances et à les corriger bien en amont dans l'exercice de démocratie. En effet, la gestion de crise ne saurait être une collection de recettes tactiques partagées secrètement par des cercles restreints.

 Elle est le fruit d'un consensus global, dont le bras armé est la communication de crise. La communication de crise que la stratégie de réplique à la crise que peut potentiellement traverser l'entreprise, attaquée par une émission dont la déontologie journalistique ne semble pas être une limite.

Il faut que ces entreprises apprennent à maîtriser la capacité de tisser du lien informationnel, symbolique et humain, tant à en interne qu'en externe dans une société ; c'est donc bien la dimension stratégique de la conduite de la crise dont il est ici question ; son maître-mot est l'anticipation, car plus une structure est familiarisée avec les techniques d'entraînements réactionnels à la crise, plus elle aura de chances d'en réduire la durée et les répercussions.

Trash investigation

Les Français se déclarent, en majorité, conscients et inquiets des risques potentiels dans le domaine de la santé (respectivement 81 % et 73 %), sans doute parce qu'ils ne font pas confiance aux acteurs publics et privés (pour 63 % d'entre eux). Ils sont également une majorité à penser que le nombre de crises dans le domaine de la santé aura plutôt tendance à augmenter (8 personnes sur 10, nous rappelait récemment une étude d'opinion sur le sujet). Il existe une inquiétude latente des Français et, surtout, un manque de confiance dans le progrès scientifique, censé améliorer les conditions de vie.

Le cas se présente une nouvelle fois avec cet épisode. Élise Lucet ne cherche pas tant la vérité, mais cherche plutôt à mettre en scène la recherche de la vérité. La journaliste joue et mise sur le non-dit. L'entreprise qui ne se soumet pas à son diktat est suspecte et coupable aux yeux de l'opinion publique. Dommage pour la journaliste d'investigation, la démocratie, ce n'est pas la soumission aux méthodes, et encore moins à ses méthodes plus que contestables ! De la même manière qu'il y a une antibiorésistance, on peut constater un début de « casho-résistance » dans les directions de la communication des entreprises françaises qui ont une image très dégradée de cette émission. Dans Cash Investigation, Élise Lucet a fait le choix de la trash investigation. Cela ne peut pas être sans conséquences...

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>> VOIR Cash investigation - Industrie agro-alimentaire : business contre santé

Pourquoi le jambon est-il rose ? Pourquoi a-t-il la réputation d'être bon pour les enfants ? Elise Lucet révèle les recettes inavouables des géants de l'agroalimentaire. De la Bretagne au Danemark en passant par la Californie et le Wisconsin, pendant un an, une équipe a avalé les kilomètres, en avion, en voiture et en caddy pour déterminer comment ces mastodontes de l'assiette pèsent sur les décisions de santé publique, à leur avantage. Elise Lucet prolonge l'enquête avec des experts et des responsables politiques.

Présenté par Elise Lucet - France 2

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Commentaires 42
à écrit le 07/05/2019 à 11:07
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Et bien, merci de le dire. Tant n'y voient que du feu. Merci

à écrit le 21/11/2016 à 7:51
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Et il faut qu'on pleure sur les gentils messieurs agressés par la méchante madame qui a pas pris rendez-vous et qui aurait été éconduit? Qu'ils aient un beau rendez vous imaginaire avec des belles réponses inexistantes?

à écrit le 22/09/2016 à 21:37
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En lisant l'article, j'ai l'impression que c'est un patron, un lobby ou un """"Journaliste"""" payé en dessous de table qui a rédigé l'article et non un vrai journaliste avec un point de vue objectif et neutre........ La Tribune de pire en pire ....

à écrit le 22/09/2016 à 18:34
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Comment pouvez vous laisser un non journaliste, condamné pour fraude, écrire dans votre journal et continuant a mentir/frauder puisqu'il indique un master en droit sur son profil https://www.linkedin.com/in/fsilnicki .... suivi d'un master douteux......

à écrit le 21/09/2016 à 20:53
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OUPS ! http://www.larepublique77.fr/2014/09/24/info-la-rep-lex-etudiant-en-droit-condamne-en-appel-pour-avoir-falsifie-ses-notes/

à écrit le 21/09/2016 à 18:49
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Heureusement qu'il existe des journalistes comme E.lucet et toute son équipe qui je vous rappelle ne prend pas par surprise les gens interrogés mais qui se voit contraint et forcé de venir à des moments peut être inappropriés. Mais comment faire aut...

à écrit le 21/09/2016 à 14:17
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Puisque nous sommes tous d'accord pour dire que les méchants industriels vendent de la daube : est-on forcé d'acheter leurs produits?

à écrit le 21/09/2016 à 12:58
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ce qu'il ne faut pas lire vraiment ! Qui veut nous faire prendre des vessies pour des lanteenes, cash investigation ou vous (et La Tribune qui accepte un tel article) ?

à écrit le 21/09/2016 à 9:30
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Merci, Élise. Si l'on doit compter sur ce genre de reportages pour connaître enfin les dessous cachés et sans scrupule de l'agroalimentaire, tant mieux. Et si la masse sourde et aveugle que nous sommes, trompée, manipulée par la publicité elle même ...

à écrit le 21/09/2016 à 8:58
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Je travaille dans l'industrie (pas agro alimentaire) et j'aime çà. L'industrie actuelle peut réaliser des prouesses techniques inégalées dans l'histoire de l'humanité. Mais sans objectifs, sans règles du jeux, sans éthique, seule la maximisation du ...

à écrit le 21/09/2016 à 8:05
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Vous devriez parler des 99% de journalistes qui ne sont que des courroies pour transmettre la desinformation des politiques et autres multinationales en vue de manipuler les masses et faire du profit... Meme si je ne suis pas fan de E Lucet et son e...

à écrit le 21/09/2016 à 1:00
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s'il y a une emission qui se met a la place des consommateurs c'est bien celle d'elise lucet,qui entre en profondeur dans chaque dossier qui font polemique ... et ce que vous retenez juste c'est la maniere dont elle le fait ? ce n'est pas le fond du ...

à écrit le 20/09/2016 à 23:13
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Toutes les émissions de cette personne ne mènent à rien. Du sensationnel réchauffé, pour faire le buzz et plouf.

à écrit le 20/09/2016 à 22:59
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Lorsque vous ecrivez : "les directions de la communication des entreprises françaises qui ont une image très dégradée de cette émission." Le contraire aurait été inquiétant. Le journalisme n'est pas fait pour plaire aux entreprises. Cette émission...

à écrit le 20/09/2016 à 22:07
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La seule différence c'est que son action dans le cadre des panama papers a bien été reconnue par les français même si les politiques et les personnes impliquées s'en moque. Quant Cash dénonce les émissions des voitures diesel on voit bien les études...

à écrit le 20/09/2016 à 21:51
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Cetres, mais qui a commencé? Qui est "trash" en vendant des produits "frelatés", ( conformes parce que la législation européenne suit avec bienveillance les recommandations de lobbyistes), mais néanmoins nocifs pour la santé? Cash investigations uti...

à écrit le 20/09/2016 à 20:17
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Article lamentable. La Tribune... vous venez de perdre un lecteur

à écrit le 20/09/2016 à 18:26
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Mouai...comme beaucoup de journalistes, elle a la grosse tête. Emission sans grand intérêt, à part pour le " BUZZ ".

à écrit le 20/09/2016 à 18:21
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Pour une fois qu'une journaliste fait vraiment son boulot, c'est à dire informer sans déformer, qui peut s'en plaindre ? C'est dans un style punchy qu'Elise pourfend menteurs et lobbyistes de l'agro-alimentaire - on l'a vu aussi pour l'étiquetage des...

à écrit le 20/09/2016 à 17:56
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Je n'ai aucune relation particulière avec Elise Lucet mais je tiens absolument à dire que cette "article" - publi-reportage? - est une honte pour un journal comme la Tribune. Une petite recherche internet suffit pour comprendre son rôle et son ob...

le 20/09/2016 à 22:56
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Quelques lignes supplémentaires pour son CV qui ne doivent pas apparaitre sur son site Web http://www.leparisien.fr/melun-77000/melun-le-fraudeur-de-la-fac-de-droit-definitivement-condamne-06-05-2016-5773315.php

à écrit le 20/09/2016 à 17:51
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Les entreprises pendant des années et encore aujourd'hui ont fermé leur porte à la transparence. Le nombre de scandale sur les magouilles avec les traders type hollandais qui ont fourni nos entreprises agros sans contrôle de ces dernières montre que ...

à écrit le 20/09/2016 à 17:36
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Sur le fond, difficile de croire que nos industriels ne soient guidé par autre chose que les parts de marchés, la rémunération du capital, etc... Ce n'est pas tabout, ce qui est plus obscur, ce sont les moyens d'y parvenir : le travail de l'equipe ...

le 20/09/2016 à 20:45
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Je n'approuve pas les méthodes de Mme Lucet. Quand on tente de piéger les gens avec des caméra cachées et des interviews sauvages, il est évident qu'on casse toute possibilité de dialogue. D'un autre coté, il suffit de se pencher sur les étiquette...

à écrit le 20/09/2016 à 17:33
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on comprend parfaitement l'inconfort des industriels, via ces défense piteuses du statu quo. En quoi dénoncer les manipulations destinées à faire vendre et notamment l'emploi d'additifs comme les colorants, les exhausteurs, les de goût serait-il rép...

à écrit le 20/09/2016 à 17:15
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"De la même manière qu'il y a une antibiorésistance, on peut constater un début de « casho-résistance » dans les directions de la communication des entreprises françaises qui ont une image très dégradée de cette émission" Tout est dit... La meille...

à écrit le 20/09/2016 à 16:42
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Reportage à charge sans preuve.......? Article de presse visant à décrédibiliser un travail d'enquête, uniquement par des phrases diffamantes !! Pathétique !! Des bons de réductions Herta, prochainement envoyés !!

à écrit le 20/09/2016 à 16:37
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Un trash-article par un trash-journaliste ?

à écrit le 20/09/2016 à 16:32
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Vous devez quand même précisé que l'auteur de cet article est un le fondateur d'une agence de communication de crise. Je suis pas certain que cet article soit très objectif..

à écrit le 20/09/2016 à 16:31
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Vous devez quand même précisé que l'auteur de cet article est un le fondateur d'une agence de communication de crise. Je suis pas certain que cet article soit très objectif..

à écrit le 20/09/2016 à 16:30
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Vous devez quand même précisé que l'auteur de cet article est un le fondateur d'une agence de communication de crise. Je suis pas certain que cet article soit très objectif..

à écrit le 20/09/2016 à 16:30
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Vous devez quand même précisé que l'auteur de cet article est un le fondateur d'une agence de communication de crise. Je suis pas certain que cet article soit très objectif..

à écrit le 20/09/2016 à 16:30
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Vous devez quand même précisé que l'auteur de cet article est un le fondateur d'une agence de communication de crise. Je suis pas certain que cet article soit très objectif..

à écrit le 20/09/2016 à 16:30
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Vous devez quand même précisé que l'auteur de cet article est un le fondateur d'une agence de communication de crise. Je suis pas certain que cet article soit très objectif..

à écrit le 20/09/2016 à 16:01
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Monsieur Silnicki, avez-vous lu l'étiquetage des produits proposés par les industriels avant d'avancer de tels propos?

à écrit le 20/09/2016 à 15:34
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Cher journaliste (?), je ne suis même pas sûr que vous soyez journaliste d'ailleurs ! Pour moi un journaliste c'est celui qui va chercher a montrer a ses lectuers ce qu'on lui cache !!!! or, ce n'est pas votre cas ! Vous parlez d'enquêtes a charge ...

à écrit le 20/09/2016 à 14:10
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La production de la daube alimentaire vendue et des produits pharmaceutiques pour faire du pognon coute cher aux finances publiques à la Sécurité Sociale en grands déficits ... Cash Investigation est une excellente émission sur les réalités cachée...

à écrit le 20/09/2016 à 13:55
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Excusez-moi Mr Florian Silnicki, vous avez été payé combien pour venir essayer de décrédibiliser Cash Investigation et toute l'équipe d'Elise Lucet ???

à écrit le 20/09/2016 à 13:52
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Pauvres multinationales malmenées par les méchants journalistes :(

à écrit le 20/09/2016 à 13:05
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Votre article ne dit rien sur le fond traité par cette émission: Le point soulevé est que l’intégration du E250 (sel nitré) pour des raisons esthétiques (jambon rosé plutôt que brunâtre) implique une élévation quantifiable du risque colorectal. Po...

le 20/09/2016 à 19:39
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Et si l'on devenait végétarien (et méfiance quand même avec l'huile de palme, et les pesticides dans tout ce qui n'est pas garanti bio ou de son potager !) ? Non seulement pour sa santé, mais aussi pour la planète (l'impact de la production animale i...

à écrit le 20/09/2016 à 12:44
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A la vision de cette émission la semaine dernière, le message que j'ai surtout retenu de la part de ces industriels c'est: ne venait pas toucher à notre pognon. Tout le monde sait bien que dans ces produits industriels, il y a trop de sucre, trop de ...

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