Dessins de presse : fini de rire ?

#JeSuisCharlie Du Français Plantu à l'Israélien Avi Katz, en passant par l'Américain Danziger, le Belge Kroll et le Palestinien Khalil, des caricaturistes du monde entier évoquent leur rôle face aux enjeux politiques de notre temps.

"Si vous voulez un baromètre de la liberté d'expression et comprendre les tabous dans un pays, il faut aller voir les dessinateurs de presse." Ce conseil de Plantu, Olivier Malvoisin l'a suivi à la lettre : Fini de rire revient sur les événements qui ont jalonné le début de ce XXIe siècle à travers les dessins et les témoignages de dessinateurs de presse des quatre coins du monde : de Plantu à Avi Katz (Israël), en passant par Danziger (États-Unis), Kroll (Belgique), Rainer Hachfeld (Allemagne), Khalil (Palestine)...

Au fil du récit, le film trace les contours des tabous contemporains et pose la question suivante : où en est la liberté d'expression aujourd'hui ? L'affaire des caricatures de Mahomet en 2006 a soulevé bruyamment la question de la représentation religieuse. C'est en partie ce que l'on observe dans le documentaire, mais on constate aussi l'émergence de nouveaux tabous : la censure économique, le poids de l'histoire, les murs réels ou imaginaires, qui sont autant de freins à la liberté d'expression.

Des balbutiements à la création de Charlie Hebdo,
tout l'art de la caricature

Quel est le point commun entre la Renaissance, la Glorieuse Révolution anglaise, la révolution de Juillet, le Printemps des peuples allemand, l'affaire Dreyfus, Mai-68 et... le nazisme ? Chacune de ces périodes a été faste pour la caricature. Longtemps considéré comme mineur, cet art a profité des grandes secousses de l'histoire pour se développer, pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que naissent les premiers grands caricaturistes, dans une Angleterre qui connaît un élan de liberté sans égal : William Hogarth, James Gillray, George Cruikshank...

En France, les grands ciseaux de la censure parviennent à étouffer la caricature jusqu'en juillet 1830 et l'arrivée au pouvoir de Louis-Philippe. Le "roi poire" légalise la liberté d'expression, avant de rétropédaler dès 1831. Trop tard. Des génies comme Charles Philipon et Honoré Daumier ont su s'engouffrer dans la brèche et, bravant la prison, irriguent la France et même l'Europe de leurs dessins révolutionnaires.

À la fin du XIXe siècle, la caricature est enfin reconnue comme un genre à part entière. C'est aussi à partir de cette période qu'elle révèle sa face sombre, devenant un instrument privilégié de l'antisémitisme, du nationalisme et de la presse d'extrême droite. Décriée après la Seconde Guerre mondiale, elle chute brutalement avant de se relever, en France, grâce à Mai-68, comme en témoigne la création de Charlie Hebdo, né deux ans plus tard pour prendre le relais de Hara-Kiri, interdit par la censure.

Dessins - souvent animés - à l'appui, ce documentaire instructif part à la recherche des ancêtres du journal satirique. Où l'on (re)découvre les grandes dates de l'histoire européenne à travers les images inspirées de ceux qui ont forgé de leurs plumes un art majeur.

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Entretien avec le dessinateur belge Pierre Kroll au sujet des attentats de Paris, de la liberté d'expression et du rôle du caricaturiste de presse aujourd'hui.

Première partie

Seconde partie

(Source : ARTE)

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Commentaires 3
à écrit le 11/01/2016 à 9:35
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Plantu, c'est pas le caricaturiste qui a reçu du Qatar en 2011 un prix et 10.000 E de récompense pour son humour ?

à écrit le 11/01/2016 à 9:16
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"Charlie" n'a pas augmenté la sécurité mais a préparé "l'état d'urgence" mise si rapidement en place!

à écrit le 10/01/2016 à 18:07
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Plantu est un mauvais caricaturiste, il fut bon autrefois, il y a bien longtemps maintenant.

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