Du déclin à la relève des grands groupes français

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui: grands groupes français, du déclin à la relève.
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

En l'espace de 10 ans, plusieurs grandes entreprises françaises ont disparu du classement des 500 premières multinationales mondiales. On comptait encore 37 champions hexagonaux dans ce palmarès en 2004. Ils ne sont plus que 31 en 2014.

Des noms aussi emblématiques qu'Alcatel, Alstom, Arcelor, Areva, Lafarge, Suez ont disparu du radar ; soit que ces entreprises aient fusionné, soit qu'elles aient changé de pavillon. Pour Emmanuel Macron, nos grands groupes seraient en train de déserter et de se transformer en coquilles vides car  notre politique fiscale serait devenue inadaptée.

Laurent Flallo, éditorialiste des Echos évoque de son de son côté une mue ratée de notre colbertisme Hightech, sa mauvaise acclamation au capitalisme financier. Celui qui conçoit l'entreprise comme un portefeuille d'actifs, et aborde la stratégie comme un jeu de mécano. S'éloignant toujours plus du modèle allemand de banque industrie, nos groupes auraient perdu peu à peu leur identité et leur attache au territoire. En se lançant dans ce jeu avec un déficit de fond propre, ils auraient dilué leur actionnariat, se transformant en proies faciles.

Le ministre des finances sonne l'alarme

Il a raison d'autant plus que les choses sont récupérables. Car le fait est, que la France demeure encore gagnante au jeu de la croissance externe comme le montre la balance de nos investissements directs. L'extension de nos groupes demeure supérieure à leur recul. Et  le fait que dans cette guerre de position, qui est une course à la concentration, notre armada industrielle soit parfois perdante est inévitable. Il faut affronter le problème sans pour autant le dramatiser.

Le plus important est de saisir la portée de la mue de notre appareil productif. De comprendre d'abord le flux de revenus que cette stratégie financière  engendre. Quelques chiffres d'abord pour en prendre la mesure : les ventes à l'étranger des filiales de groupes français représentaient 1.474 milliards en 2012, dernier chiffre connu. Soit près de 40% du chiffre d'affaire et plus de 2,5 fois la valeur des exportations de biens et service que dégagent les entreprises implantées sur le territoire. Parmi les grandes économies européennes, seul le Royaume-Uni a un ratio comparable au notre.

Autre chiffre édifiant, le montant des revenus que procurent nos groupes à l'étranger

Il se chiffre à 61 milliards. Certes, cette stratégie de développement extravertie fragilise l'emploi hexagonal. Cette conception du développement à travers la prédation des brevets et des savoirs faire des concurrents crée moins  d'intérêt en faveur de la recherche et développement et de  l'innovation sur le territoire. On ne peut le nier. Je comprends bien la critique que l'on peut adresser à ce capitalisme mécano, à l'instabilité qu'il génère et au risque de perte d'identité et de cohérence qu'il engendre.

Il n'en reste pas moins que cette extension à l'international a aussi doté la France d'une superstructure, plus financière qu'industrielle, qui lui permet de contrôler  des masses de revenus considérables. Et ce portefeuille d'actifs aux contours variable participe aussi à la résilience de l'économie française. Elle lui confère un pouvoir de marché bien supérieur à ce que lui permet la taille de son économie.

On peut rêver d'un autre capitalisme

On peut aussi plus prosaïquement de demander comment recycler au mieux sur le territoire les profits que nos entreprises génèrent à l'étranger. Considérer cela comme une formidable ressource pour financer ce que l'on appelle le Corporate equity. Autrement dit le financement par les grandes entreprises de startup à fort potentiel sur le territoire.

Et si l'on se place dans cette optique de recyclage, alors, oui, il y aurait tout intérêt à créer de fortes incitations fiscales pour que les profits que nos entreprises génèrent à l'étranger alimentent les circuits du capital investissement. Et que se développe sur le territoire la relève des groupes dont la disparition nous émeut.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 4
à écrit le 05/06/2015 à 15:36
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L'analyse de la participation française au classement Fortune 500 est inexacte. Certes il y a moins d'entreprises mais c'est la lot de toutes les nations en contrepartie d'une montée considérable des entreprises chinoises, plus de 100, qui a pris pla...

le 07/06/2015 à 9:42
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merci de votre commentaire intelligent .

à écrit le 04/06/2015 à 13:57
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pour une fois je suis d'accord avec macron! les entreprises quon met dehors avec ' un remerciement a la francaise taille 45 fillette' mettent les voiles et ont raison de le faire! d'ailleurs si elles n'avaient pas l'assise internationale qu'elles o...

à écrit le 04/06/2015 à 11:59
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Le CAC 40 est en général performant en autant que l'état et ses fonctionnaires n'y mette pas son nez.

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