Emmanuel Macron est-il vraiment le président des riches ?

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, Emmanuel Macron est-il vraiment le président des riches ?

Emmanuel Macron est-il vraiment le président des riches et des entrepreneurs ? Si l'on s'en tient à l'impact de la prochaine loi de finances pour la seule année 2018, l'assertion paraît difficilement réfutable.

Un budget qui profite aux plus fortunés

Il suffit de superposer  les différentes mesures du budget 2018 pour s'en rendre compte.

  • Les 4,2 milliards transférés aux détenteurs de patrimoine via la refonte de l'ISF, et la flat tax sur les revenus du capital.
  • La hausse de la CSG, moins que compensée cette année par une baisse des cotisations salariales pour les actifs, puisque cette baisse est décalée à janvier et octobre. Cette hausse de CSG est de surcroît applicable aux retraités, au-dessus d'un certain seuil de revenu, sans pouvoir être compensée par la baisse des cotisations. Les retraités voient ainsi leur pouvoir d'achat entamé dès lors qu'ils gagnent plus de 1200 euros par mois et qu'ils ne détiennent que de petits patrimoines.
  • Les 3 milliards de consolation via la décrue d'un tiers de la  taxe d'habitation, pour 80% des redevables, visant plutôt la classe moyenne.

Il est clair que ce budget profite cette année d'abord aux plus fortunés. Mais pas n'importe lesquels, ceux qui participent au financement de l'économie productive.

Le gouvernement renoue avec la politique de Sarkozy

Si l'on adopte un autre mode de présentation, selon que l'effort fiscal est porté par les ménages, les entreprises ou les détenteurs de patrimoine, on voit rapidement que du côté des ménages, la baisse de la taxe d'habitation pour 3 milliards est plus qu'effacée cette année par la charge nette qu'induit le basculement inachevé des cotisations sur la CSG (+3,7 milliards), à quoi il faut ajouter la fiscalité du tabac (+0,5 milliard), soit 1,2 milliard d'accroissement des impôts pour les ménages en tout. Sans compter l'alourdissement de 3,7 milliards de la fiscalité énergétique, qui se répartit sur tous les acteurs, mais pèse davantage sur les ménages.

Côté entreprises, il y a l'impact de la baisse de 5 points de l'IS jusqu'à 500.000 euros de chiffre d'affaires (-1,2 milliard), l'effet budgétaire décalé de la hausse du CICE l'an dernier, (-4 milliards), et divers autres allègements (-0,7 milliard). Cela fait en tout 5,9 milliards d'allègements, qui pour l'essentiel constituent un héritage du précédent gouvernement, et relève très largement des conventions d'écriture autour du CICE.

Restent les détenteurs de capital, qui engrangent les 3,2 milliards de la refonte de l'ISF et les 1,3 milliard du prélèvement forfaitaire sur le capital, soit 4,5 milliards.

Si on se focalise sur les mesures nouvelles du gouvernement Philippe, on renoue cette année avec la ligne Sarkozy, qui assimile une politique de l'offre à une politique de baisse du niveau général des impôts  favorable à ceux qui détiennent le capital et le recyclent (les plus riches en général). Et l'on rompt avec la ligne Hollande qui avait plutôt privilégié une bascule de l'impôt des entreprises vers les ménages, dans un jeu à somme nulle, entre les deux types d'acteurs. En accroissant plutôt la barque sur les ménages les plus riches.

"Un pays qui produit de la richesse produit des riches"

Finalement, les « enrichis » du capitalisme sont bien les gagnants de ce budget. Derrière cela, il y a une idée maîtresse : un pays qui produit de la richesse, produit des riches. Et cette richesse gagne plus à être réinvestie dans l'économie réelle et sur le territoire qu'à être taxée à des fins de redistribution. Le gouvernement fait le pari que c'est en créant un climat de confiance en faveur des personnes aisées que l'économie pourra repartir.

C'est un vieux débat, mais c'est surtout une politique qui est menée de façon plutôt homéopathique, si l'on regarde les ordres de grandeur en jeu, l'impact de ces mesures à plus long terme, lorsque la baisse des cotisations salariales prendra son plein effet, et si l'on tient compte de la revalorisation de certains minima à horizon 2022.

In fine, la révolution annoncée a plus les allures d'une expérimentation que d'un vrai changement de cap à la Reagan ou à la Thatcher.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 8
à écrit le 20/01/2018 à 16:10
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Le très riche Président des très riches Résultat d'une longue trahison d'abus de confiance, d'un marketing de lessive et d'une surdité des esprits, fait qu'aujourd'hui nous sommes dirigés par "le Bal des Débutants et la Star Académie" cornaqués p...

à écrit le 19/10/2017 à 0:23
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Europe = Euronext Bien qu'en soit cela ne me gêne pas vraiment, j'en admire même la prouesse technique mais voila il sera difficile a un intervenant du milieu de la finance ou des banques d'investissement si vous saisissez la nuance d'avouer, qu...

à écrit le 16/10/2017 à 17:02
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"Le gouvernement renoue avec la politique de Sarkozy" Elle doit être contente l'aile droite du PS qui a crée LREM avecdes LR.

le 16/10/2017 à 18:09
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Ce n'est pas faute de les avoir prévenus à l'époque où ils sabordaient allègrement le candidat officiel du PS. Résultat, ils se retrouvent avec un Président de Centre Droit, un Premier Ministre tout droit sorti de l'équipe Juppé, l'Economie tenue par...

à écrit le 16/10/2017 à 16:05
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Je soupçonne que l'obole de 21 milliard annuel du a cette zone administrative l'UE a du participer a l’élection de Mr Macron! Et de ce fait a élire un collaborateur zélé!

à écrit le 16/10/2017 à 15:37
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Merci, au moins l'avantage c'est que tous les experts indépendants affirment bel et bien que c'est le président des riches alors que ces derniers continuent de planquer leur pognon dans les paradis fiscaux et que du coup à part appauvrir le pays de f...

à écrit le 16/10/2017 à 15:12
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c est quoi etre Riche? mieux vaut etre en bonne santé et a l écart de ce tumulte

à écrit le 16/10/2017 à 14:21
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Emmanuel Macron est vraiment le président des riches, des fonctionnaires, du milieu de la santé médecin, toute cette caste d'assistés qui vivent au crochet de l'état. Pour le privé c'est réforme sur réforme, se serrer la ceinture et travailler plus p...

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