L'accord sur le climat entre en vigueur : quelles conséquences pour les entreprises ?

Comment les entreprises peuvent-elles se préparer à la mise en oeuvre de l'accord de Paris sur le climat? Par Alexis Gazzo, Associé EY et Julien Perez, senior manager EY

 A l'aube de l'entrée en vigueur de l'Accord de Paris sur le climat, la dynamique initiée lors de la COP21 s'accélère, contribuant concrètement à faire basculer l'économie mondiale dans une nouvelle ère, où croissance économique et consommation d'énergies fossiles ne vont plus de pair. Si l'engagement des Etats et la mobilisation du secteur privé - il faut le souligner, sans précédent - se sont révélés décisifs pour l'obtention d'un accord, ils le seront encore davantage dans sa mise en œuvre.

L'objectif fixé de maintenir l'élévation de la température moyenne de la planète en-dessous de 2°C ne pourra être atteint sans la contribution pleine et entière du secteur privé. Pour les entreprises, il s'agit donc non seulement de s'adapter à de nouvelles obligations réglementaires, mais plus généralement de repenser leur positionnement stratégique dans une économie plus sobre en émissions de gaz à effet de serre.

Tenir compte de l'ensemble de la chaîne de valeur

Les engagements pris par les Etats en amont de la COP21 sous la forme de contributions nationales[1] vont donner lieu à la mise en œuvre de deux types de dispositifs réglementaires : des mécanismes incitatifs, en faveur du développement de technologies sobres en carbone, mais aussi contraignants, pour les activités les plus émettrices de CO2. L'enjeu pour les entreprises est double : d'une part, il s'agit pour elles d'anticiper les risques, afin d'assurer la viabilité de leur modèle dans un scénario où la hausse du réchauffement climatique n'excède pas +2°C. D'autre part, il leur faut engager une réflexion globale sur l'impact et les opportunités que cette transition pourrait occasionner, en tenant compte de l'ensemble de leur chaîne de valeur (approvisionnement, logistique, conception et usage des biens et services, etc.). En France, l'article 173 de la Loi de Transition énergétique pour la croissance verte, qui oblige les entreprises à mieux maîtriser les émissions de gaz à effet de serre dans l'ensemble de leur chaîne de valeur, s'inscrit dans cette logique.

Impact sur les coûts de production, sensibilité des parties prenantes...

La surévaluation d'actifs non compatibles à moyen terme avec un scénario limitant le réchauffement climatique à +2°C comme l'appelle l'Accord de Paris, la sensibilité des coûts de production et d'achat à l'évolution du prix du carbone ou de l'énergie, ou encore la sensibilité des parties prenantes (investisseurs, société civile, etc.) à la performance carbone des produits et services, font désormais partie des enjeux stratégiques que les dirigeants doivent traiter.

Signe que les temps changent, les questions d'actionnaires de premier plan sur l'exposition aux risques engendrés par le climat se sont multipliées courant 2016. Sur ce point, le rapport du groupe de travail du Financial Stability Board piloté par Michael Bloomberg doit publier ses recommandations en fin d'année.

Plusieurs outils peuvent dès à présent aider les entreprises à mettre en œuvre une stratégie compatible avec un scénario à 2°C. Citons parmi eux la revue des portefeuilles d'actifs en fonction de critères de sensibilité au climat, la définition de nouvelles offres, produits et services liés à la transition énergétique ou encore l'utilisation d'un prix du carbone interne. Le déploiement de mesures d'efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables peuvent également constituer des mesures efficaces.

A quelques jours de la COP22 qui s'ouvrira le 7 novembre à Marrakech, les prises de position publiques en faveur de mécanismes de tarification du carbone se multiplient. 130 investisseurs ont ainsi récemment lancé un appel aux nations du G20, pour encourager les investissements dans les énergies propres et rendre obligatoire la publication des données relatives aux risques financiers liés au changement climatique. Cet appel témoigne de la pression croissante qui s'exerce sur les nations pour mettre concrètement en œuvre les engagements pris à Paris. Plus que jamais, le secteur privé a donc un rôle clé à jouer pour accélérer la transition vers des modèles économiques adaptés aux défis du XXIe siècle.

 [1] Nationally Determined Contributions (NDC)

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