L'Europe en marche à Finspace, rendez-vous mondial des startups du spatial

La semaine organisée chaque année à Paris sous l'égide d'Euroconsult est devenue le rendez-vous incontournable des grands acteurs du monde de l'espace. Cette année, pour la première fois, ce rendez-vous associe dans une compétition qui leur est réservée, les start-ups du secteur spatial. Cette compétition mondiale désignera les 5 start-ups les plus prometteuses du secteur, leur offrant visibilité, échanges et récompenses qui leur permettront de franchir une nouvelle étape dans leur développement. Par Jean-Jacques Dordain, Président du jury de la compétition Finspace

Cet événement marque également une nouvelle étape dans le développement de la « World Satellite Business Week », devenant un forum de plus en plus large d'échanges entre les acteurs du secteur spatial du monde entier, entre déjà grands et encore petits, entre nouveaux et bien établis, entre véhicules et services, entre entrepreneurs et investisseurs, entre acteurs publics et privés..., cassant ainsi les frontières voire les oppositions artificielles créées entre ces différents acteurs qui ont tout un rôle important à jouer pour développer les valeurs de l'espace au service de l'humanité. Les objectifs sont communs et les problèmes à résoudre sont complexes ; les solutions réclament la richesse de tous les acteurs, aussi différents soient-ils.

Cette richesse et ces différences sont mesurables, ne serait-ce que dans la variété des start-ups qui ont participé à cette compétition Finspace.

Pour cadrer la comparaison entre les candidats, des critères de recevabilité des candidatures avaient été quantifiés dans l'appel lancé en juin dernier :

  • Travailler dans le secteur spatial
  • Avoir moins de 6 années d'activité
  • Avoir levé au moins 1 million d'euros pour l'entreprise
  • Fournir une évaluation du potentiel de croissance, de l'innovation de rupture et du temps d'introduction sur le marché.

Moyennant quoi, les 22 candidatures reçues ont toutes en commun les ingrédients nécessaires à un succès possible :

  • Une équipe séduisante, combinant expertises techniques, marketing et finance, acquise au cours d'expériences successives ;
  • Une vision ancrée dans le business ;
  • Un projet basé sur une ou des technologies de rupture, développées pour la plupart par des investissements publics.

Mais au-delà de cette base commune qui donne un socle de crédibilité à toutes pour lever les premiers fonds privés, les 22 candidatures représentent une très grande variété de marchés visés, de technologies et de cheminements, ce qui n'a pas facilité la tâche des 6 membres du jury que j'ai présidé.

Les marchés visés vont des services de lancement aux services à des collectivités (agriculteurs par exemple), couvrant ainsi toute la chaine de la valeur, proposant ou d'abaisser les coûts ou d'augmenter le retour économique, les deux voies conduisant au profit à court terme.

Les technologies utilisées couvrent également une gamme très variée, des systèmes de propulsion à la gestion de données en passant par les systèmes mécaniques.

Les cheminements conduisant à la création d'une entreprise sont également très divers, depuis le physicien souhaitant valoriser un progrès scientifique jusqu'aux startuppers professionnels découvrant que l'espace peut être profitable aussi après d'autres expériences réussies, en passant par l'ingénieur ayant contribué techniquement au succès d'une première constellation avant de créer sa propre entreprise.

Cette variété n'a certes pas rendu la tâche du jury facile, mais elle l'a rendue passionnante et les 5 startups sélectionnées ont fait l'objet d'un consensus parmi tous les membres du jury, Européens et Américains réunis.

La dimension la plus remarquable de la diversité des 22 candidatures est certainement la dimension géographique, puisque ces 22 entreprises sont réparties dans 13 pays différents. Cette répartition ne peut que satisfaire l'ancien Directeur Général de l'Agence Spatiale Européenne puisque les deux tiers des candidats viennent d'états membres de l'ESA, démontrant que l'Europe est en marche et que le NewSpace n'est plus une spécialité californienne.

Et Finspace n'est qu'un signal parmi beaucoup d'autres de ce mouvement NewSpace en Europe. Ce mouvement n'est pas une mode ou un slogan, il est simplement la démonstration que l'espace crée de la valeur, à court terme et de façon durable, pour l'économie et pour la société, en particulier par sa capacité à collecter des données et à les distribuer en tout point de la planète. Cette capacité aiguise l'intérêt de nouveaux acteurs qui apportent de nouvelles ressources et de nouvelles méthodes, et encourage les acteurs du secteur spatial à accompagner ce mouvement. L'Europe, grand acteur de l'espace, ne reste pas sur le côté même si en Europe, ce mouvement n'a pas encore atteint l'amplitude de celui qui a maintenant créé de nouveaux grands acteurs spatiaux aux États-Unis, peu nombreux, mais spectaculaires et dont toute la presse européenne fait la promotion. Ce retard conjoncturel de l'Europe fait l'objet d'analyses quotidiennes où la culture, la taille des marchés publics et le volume des investissements publics sont tour à tour évoqués et qu'il est inutile de commenter. Il n'en reste pas moins que si le mouvement en Europe est en retard, il est bien réel et il a tendance à s'amplifier rapidement car si les acteurs en Europe sont plus petits que ceux aux États-Unis, qu'ils soient publics ou privés, ils sont nettement plus nombreux, issus de la diversité européenne. Ce mouvement d'ensemble est en effet alimenté :

  • Par tous les acteurs publics qui renouvellent leurs actions pour innover et créer de la valeur, au niveau national, que ce soit en France (avec la création d'une Direction de l'Innovation au CNES), au Royaume-Uni (avec la création de Space Catapult), en Allemagne (et son Business Incubation Center en Bavière), mais aussi au Luxembourg (avec l'initiative spaceresources.lu), au Portugal (avec l'initiative d'un Centre de Recherche Transatlantique aux Acores), ... et au niveau européen, à la Commission Européenne et à l'ESA;
  • Par des initiatives industrielles qui investissent dans le développement de nouvelles constellations (Airbus avec OneWeb et Thalès avec Leosat, etc.) ;
  • Par la multiplication de projets et de start-ups dont les 15 qui seront présentes à Finspace ne représentent qu'un petit échantillon du réseau des jeunes entreprises européennes créées ces dernières années ;
  • Par la création de fonds d'investissement, publics et privés, comme le fond Seraphim au Royaume-Uni, accélérateurs d'innovation ;
  • Par le développement de partenariats entre les acteurs publics, les entreprises et les investisseurs du secteur spatial, entre les acteurs spatiaux et non-spatiaux de l'automobile, du numérique, des ressources terrestres, etc., entre les entreprises spatiales et un réseau d'universités en Europe (programme ASTRI), entre les différents fonds d'investissement...

Le temps semble toujours plus long dans la diversité européenne, mais la transformation en marche est profonde et le spectre des acteurs est large. Les faits sont là : certains « Californiens » ne s'y trompent pas, ils viennent s'installer en Europe et y recherchent des partenariats, avec l'avantage que l'Europe garantit l'existence des 3 ingrédients qui mènent au succès :

  • Le niveau d'expertise des hommes et des femmes, de l'étudiant au plus expérimenté des experts ;
  • Un réservoir de technologies qui ne demandent qu'à être transformées en valeur ;
  • Une expérience inégalée de la coopération.

Finspace est une première, ce n'est certainement pas une dernière !

Rendez-vous mondial des startups du spatial,
en ouverture de la World satellite Business Week le 11 Septembre 2017

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Commentaires 2
à écrit le 08/09/2017 à 14:19
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(2) "L'Europe en marche à Finspace" Formule ringarde avant même l'élection de celui qui l'a généré. Si vous ne voulez pas que les gens lisent l'article placez là dans le titre.

à écrit le 08/09/2017 à 12:04
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"L'Europe "en marche" à Finspace" La formule déjà ringarde avant même l'élection de ce président, si vous ne voulez pas que l'article soit lu mettez là dans le titre.

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