L'investissement productif : vers un grand cycle de rattrapage

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, vers un cycle de rattrapage pour l'investissement productif.
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

Peut-on espérer une reprise rapide de l'investissement en France ? On sait que cet élément est décisif, si l'on veut que la reprise qui s'amorce se consolide et s'amplifie. Faisons déjà un bilan de la situation présente. Car elle ne fait pas l'unanimité

Ce qu'il faut souligner d'abord, c'est que la France vient de traverser sa plus longue phase de panne de l'investissement depuis l'après-guerre.

Les différents cycles, comparés les uns aux autres

Et le fait que de longues phases d'atonie alternent avec de grandes vagues de rattrapage sur une durée de 10 ans n'est pas en soi une nouveauté. Cela tient à la durée de vie moyenne des équipements.

Plus longue que celle des biens durables, ce qui génère des vagues espacées de renouvellement de parc. La durée exceptionnellement longue de la panne actuelle, plus de 7 ans, fait que notre parc vieillit, et que les entreprises prolongent à l'excès la durée de vie de leur matériel. Ce dont atteste une récente étude du cabinet Roland Berger, selon laquelle, le parc français a vieilli de 1,5 ans entre 1998 et 2013, pour atteindre un âge moyen de 19 ans.

Loin des discours les plus alarmistes cependant, la France ne se singularise ni par une dégradation de son taux d'investissement, ni par un niveau du taux d'investissement de ses entreprises et de ses collectivités plus important que ce que l'on observe dans les autres pays européens.

J'ai pris ici l'investissement des branches productives en volume, hors investissement résidentiel, rapporté à la valeur ajoutées des différentes branches hors secteur immobilier. Il rend compte ainsi de l'effort d'investissement productif et d'investissement public.

Et en Europe...

La France fait mieux que la moyenne européenne sur tous les compartiments de l'investissement, que ce soit en matière de bâtiment, d'équipements ou de logiciels et droit de propriété intellectuelle. Elle sous-performe par rapport à l'Allemagne concernant l'immobilier productif.

Elle surperforme en revanche au plan européen concernant l'investissement immatériel. Et c'est bien du côté de l'investissement en bâtiment que la panne est la plus manifeste depuis 2008. L'investissement en équipement et l'investissement immatériel offrant des profils moins dégradés même s'ils manquent de dynamisme, notamment en fin de période. C'est donc un bilan en demi-teinte que l'on doit faire de l'investissement français, et non pas celui d'un désastre comme le relaie trop souvent la presse. Idem pour R&D qui a relativement bien résisté dans la crise.

Voit-on dans ce contexte des signaux d'embellie se profiler ?

  • Non si l'on en croît le climat d'affaire et les perspectives de production toujours dégradées dans le secteur des biens d'équipement.
  • Mais oui si l'on tient compte à la fois de l'effet décalé des différents dispositifs de soutien public à l'offre qui devraient produire leur plein effet en 2015 et du récent coup de pouce fiscal annoncé par le gouvernement.
  • Oui aussi, si l'on en croît la dernière enquête investissement de l'INSEE dans le secteur manufacturier, qui n'a pas un grand pouvoir prévisionnel en soi. Mais dont l'inflexion à la hausse entre deux périodes d'enquête est bon signe.
  • Or c'est précisément ce qui s'est produit entre octobre 2014 et janvier, où les industriels ont rehaussé de 6 points leur projection pour 2015, prévoyant non plus une baisse mais une hausse de 3% de leur investissement.
  • Oui encore si l'on se fie aux frémissements que l'on détecte dans les carnets de commande de certains secteurs : les robots, les machines d'assemblage ainsi que les instruments de précision, la demande étant très largement impulsé par les secteurs du transport, il est vrai.

Bref, après des années léthargie, les besoins des entreprises sont considérables. Et l'investissement pourrait non seulement réveiller dès le premier ou second trimestre de l'année, mais il n'est pas interdit d'envisager un grand cycle de rattrapage équivalent à celui qu'avait connu la France dans la deuxième moitié des décennies 80 et 90.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 4
à écrit le 19/05/2015 à 15:16
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Si on compare les données affichées par l'auteur en France et en Europe à ce qui se passe aux Etats-Unis, cela donne quoi ? Et si on les compare aux mêmes données dans les années 1990 et 2000, cela donne quoi ?

à écrit le 18/05/2015 à 12:39
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Propagande: l'indice PMI industriel français est de 48, seule la Grèce à 46 fait moins bien. L'Espagne est à 55 ! On n'investit pas car pas de marge et pas de trésorerie. L'état a laminé les entreprises. Quant aux socialistes, ils ont détruit toute c...

le 18/05/2015 à 12:56
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merci pour cette tartine de n'importe quoi, les entreprises ne sont pas laminés, et ce qui les a percuté principalement est la crise de 2008 puis les politiques d'austérité menées de façon coordonnée depuis. Mais on sent bien le ton partisan dans vo...

le 08/11/2015 à 12:21
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Vous vous fondez sur quoi ? Seuls les données doivent être retenues, pas l'humeur du moment à la sauce médiatique ( dénigrement). Alors qu'en est-il ? L'Insee indique (i) le taux de marge, soit 31,1 pour 2015, et (ii) le taux d'investissement, soit 2...

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