L'Italie et l'Espagne à l'assaut du marché français

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, l'Italie et l'Espagne à l'assaut du marché français
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Après l'Allemagne c'est au tour de l'Espagne et de l'Italie de siphonner une partie de la croissance française. Un simple graphique sur les évolutions comparées du commerce extérieur espagnol et français en volume donne un premier indice. Depuis la récession, les exportations espagnoles ont bondi de près de 48% et ont établi un nouveau record en 2015. Coté imports, la remontée est partielle et le pic de la série (en date du printemps 2008) n'est toujours pas restauré. En d'autres termes, les entreprises espagnoles se sont ruées vers l'exportation, pour compenser le manque de dynamisme de leur marché domestique dont la faiblesse des importations est le témoignage.

Le diagnostic est renversé côté français

Les importations n'ont jamais été aussi élevées et surplombent de 31% leur niveau du début de période alors que le plafond des exportations est bien plus bas. La question est donc bien de déterminer, si l'Espagne mais aussi l'Italie (et par extension nos voisins du Sud) se posent comme de sérieux concurrents de la France sur les marchés extérieurs mais aussi à l'intérieur de nos frontières et siphonnent ainsi une partie de notre croissance. Dans l'agroalimentaire c'est clairement le cas. Hors boisson, en 2011, le solde extérieur penchait légèrement en la faveur des producteurs ibériques, le déficit français se limitant à moins de 200 millions d'euros environ.

Aujourd'hui, la barre des 1 milliard se rapproche : une multiplication par 5 ou presque. Et si le déficit s'élargit, c'est parce que les importations en provenance d'Espagne sont très dynamiques et que les ventes françaises en Espagne, elles, patinent. Nous sommes bien là dans un jeu perdant pour la France. Idem avec l'Italie avec qui notre excédent a été divisé par 2 depuis 2011. Le mécanisme est le même : chute des exports alors que nous importons toujours autant de produits italiens. Dans l'automobile, les informations données par les évolutions du commerce bilatéral sont biaisées. Lorsque Renault décide de localiser la production de l'un de ses modèles dans ses usines espagnoles, ce n'est pas seulement le commerce entre la France et l'Espagne qui est impacté mais bien l'ensemble des échanges entre les partenaires commerciaux à qui le véhicule est destiné. Le plus simple c'est donc de partir du solde global : cela a le mérite de la clarté, l'Espagne est devenue archi excédentaire, l'Italie est à nouveau positive, la France campe dans le rouge.

L'évolution des productions nationales racontent la même histoire

L'Espagne a dépassé son niveau de production d'avant crise, l'Italie est en passe de le faire grâce à un spectaculaire rebond depuis peu grâce à l'installation de nouvelles lignes de production dans le Sud du pays , la France, elle est à la traine. Là aussi le diagnostic s'impose de lui même : une partie du redressement automobile espagnol et italien s'est effectué au détriment de la production réalisée dans les sites français. L'Italie, et encore plus l'Espagne défient la France. Basée sur les exportations, la première phase de leur redressement a donc eu comme contrepartie un affaiblissement relatif de la France qui était en décalage conjoncturel avec une demande domestique plus robuste. Une seconde étape est sur le point d'être franchie dans le Sud avec le réveil de la consommation des ménages et de l'emploi.  Cela sera plus profitable à la France à ce détail près : grâce à une compétitivité-coût retrouvé, les entreprises du Sud se posent désormais comme de sérieux challengers. L'intensité de la concurrence est montée d'un cran et le CICE est encore loin d'être venu à bout ne notre handicap de compétitivité intra-européen.

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Commentaires 6
à écrit le 05/03/2016 à 9:59
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On dit que la croissance française ne crée que environ 50 K emplois , c'est faux ......avec tous les fonctionnaires français ,européens et des pays concernés on n'est pas capable de savoir combien mensuellement nous avons de travailleurs détachés (p...

à écrit le 02/03/2016 à 22:06
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Quand va-t-on enfin comprendre qu'il faut utiliser nos impôts pour subventionner le travail en France et baisser ainsi nos prix hors taxe ?

à écrit le 02/03/2016 à 15:55
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Ok l'Espagne et l'Italie sont redevenues compétitives mais avant de les envier il faut regarder le tableau global: ces deux pays ont pris la crise de plein fouet et en ont souffert bien plus qu'en France. L'Espagne vient de retrouver le chemin de la ...

à écrit le 02/03/2016 à 13:28
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Cette évolution ne peut surprendre personne car Espagne et Italie ont retrouvé la compétitivité en cassant les salaires. Reste à la France à faire de même ou à quitter l'Euro.

le 02/03/2016 à 14:03
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Quitter l'euro et d'évaluer dans la foulée reviendra au même que de casser les salaires : L'inflation sera galopante, les salaires resteront stables, le pouvoir d'achat des ménages baissera et donc avec le coût du travail.

à écrit le 02/03/2016 à 12:35
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Toutes ces évolutions ne m'étonnent plus, hors de France depuis 3 décennies et vivant dans une villle dont l'économie de production pèse lourd, je nai jamais entendu de bonnes choses sur la représentation commerciale de la France ni de mauvaise ........

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