La BCE insensible aux soubresauts des marchés

Même si les marchés financiers sont volatils, et spéculent sur une évolution de la politique monétaire européenne, la BCE maintient le cap. Elle ne devrait pas modifier son programme d'achat de titres. L'euro, qui préoccupe le plus la banque centrale, devrait retomber dans les mois à venir. Par Elga Bartsch, chief Economist, Morgan Stanley

En annonçant qu'elle allait accélérer ses achats d'actifs durant les prochains mois en vue d'anticiper la baisse de liquidité du marché en août, la Banque centrale européenne a provoqué des remous sur les marchés financiers la semaine dernière. En outre, un responsable de la BCE a laissé entendre que les taux d'intérêt de la zone euro pourraient, en théorie, encore diminuer. À y regarder de plus près, les minutes de la réunion d'avril tout comme les déclarations d'autres membres du Conseil des gouverneurs montrent cependant que la BCE n'a manifestement pas l'intention d'abaisser davantage les niveaux des taux d'intérêt.

La BCE maintient le cap

Je ne pense pas non plus qu'elle soit disposée à ajuster son programme d'achats d'actifs en fonction des fluctuations à court terme du marché. Par conséquent, le fait qu'elle avance une partie de ses achats du mois d'août ne devrait pas être considéré comme une réaction à la forte augmentation de la volatilité des marchés obligataires européens ces dernières semaines. Certes, la BCE voit cette poussée de volatilité avec une certaine inquiétude étant donné l'ampleur de la hausse des rendements. Mais elle ne modifiera assurément pas pour autant sa politique monétaire. Son programme d'achats d'actifs, dont la mise en œuvre est très complexe, devrait rester caractérisé par un haut degré de prévisibilité.

Néanmoins, le fait que la BCE n'ajuste pas sa politique monétaire en fonction des variations à court terme du marché ne signifie pas qu'elle ignorera les conditions de financement d'ordre macroéconomique. Au contraire : celles-ci influent sensiblement sur l'évolution attendue de l'économie. Toutefois, l'accent est mis sur une croissance durable à moyen terme. Par ailleurs, les conditions de prêt au sein du système bancaire et, surtout, le volume de crédits octroyés, jouent un rôle important.

L'euro pourrait se déprécier à nouveau

Si, sur la base d'une analyse globale, le Conseil des gouverneurs de la BCE devait conclure que les mesures déjà mises en œuvre ne suffiront pas à atteindre l'objectif d'inflation dans les 12 à 18 prochains mois, la BCE augmenterait probablement de nouveau son programme d'achats d'actifs. La reprise de l'euro ces dernières semaines pourrait, dans ce contexte, revêtir davantage d'importance que la hausse des rendements des obligations de la zone euro. Nous pensons cependant que la correction du dollar est désormais terminée et nous anticipons une nouvelle dépréciation de la monnaie unique durant les prochains mois.

Du point de vue de la BCE, il est trop tôt pour discuter d'un ajustement du programme d'achats d'actifs. L'idée d'une réduction du programme d'assouplissement quantitatif paraît particulièrement prématurée. Les marchés financiers doivent en permanence intégrer l'évolution des probabilités d'un changement de ce programme. La semaine dernière, ils semblent toutefois s'être un peu laissé emporter.

Elga Bartsch, Chief European Economist

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Commentaire 1
à écrit le 03/06/2015 à 13:31
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Curieux: les sacs de dizaines de milliards d'euros déversés par l 'hélicoptère de M. Draghi tombent toujours du même côté...

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