La Blockchain est-elle vraiment à la mode ?

Le mot est sur toutes les lèvres : la blockchain et son développement sont devenus des sujets brûlants, tout comme la monnaie qui y est associée, le Bitcoin. Pour autant, les grandes entreprises tardent à adopter cette technologie en pleine croissance, qui s'annonce comme une source de disruption et d'amélioration pour toute une gamme de secteurs, de la banque et la finance à l'immobilier, en passant par la cybersécurité, voire la musique. Par Thierry Antonin, ACI Worldwide.

Les entreprises l'ont testée. Elles savent ce que la blockchain recouvre et comment elle fonctionne. Leurs laboratoires d'innovation ont pris part aux travaux d'expérimentation et sont parfois membres d'un ou de plusieurs consortiums industriels dédiés à son évaluation. Mais, ils ne sont pas allés plus loin, et ne l'ont pas mise en œuvre dans le cadre d'applications essentielles pour leur activité.

Quels sont les freins qui pèsent sur la Blockchain ?

Le niveau de maturité de la Blockchain ou « technologie des registres distribués » (DLT) constitue l'un des principaux freins à son adoption. En effet, elle n'est pas en mesure aujourd'hui de prendre en charge de grandes infrastructures financières en travaillant en millisecondes. Actuellement, les actions qui requièrent une capacité de CPU importante ne peuvent assurer qu'un nombre de transactions à un ou deux chiffres par seconde. Pour ainsi dire, il est urgent d'attendre !

Ce problème a été souligné dans un récent article publié sur Finextra et intitulé « Bank of Japan exec warns FS firms against leaving DLT expertise to tech providers » [Les dirigeants de la Banque du Japon mettent en garde les entreprises de services financiers : l'expertise DLT ne doit pas être réservée aux prestataires de technologies], 2MAR17. « Il ne fait aucun doute que la DLT constitue une technologie innovante sans précédent, a déclaré Shigehiro Kuwabara, directeur exécutif de la Banque du Japon. Pourtant, au vu de son stade de développement, elle n'a pas atteint le niveau requis pour remplacer totalement le système centralisé actuel. »

Pourtant, certains consortiums, parmi lesquels Hyperledger, travaillent actuellement au lancement d'une nouvelle base de code open source qui devrait être à même de supporter plus d'un millier de transactions par seconde. De plus, les nouvelles plateformes de serveurs z Systems d'IBM devraient être capables de multiplier cette vitesse par deux. D'autres développeurs, tels que Ripple et Etherium, lui emboitent le pas. De nombreuses équipes travaillent sur le sujet.

Une fois qu'ils disposeront de la vitesse adéquate, ce qui, d'après Oliphant, pourrait intervenir entre la fin du second semestre 2017 et le premier semestre 2018, les early adopters devraient s'engouffrer dans la brèche et être massivement suivis par le reste des utilisateurs.

« La blockchain doit d'abord et avant tout arriver à maturité, ajoute-t-il. Selon nous, les autres utilisateurs devraient être des fast-followers ! »

Nous observons que nos clients ne commencent à se familiariser avec la Blockchain que depuis quelques mois.Les premiers appels d'offres et demandes d'informations commencent seulement à nous parvenir. Les clients souhaitent prendre contact avec nous et avec d'autres prestataires de la Blockchain. Nos clients disposent généralement de grandes infrastructures de paiement intégrées qui leur permettent d'assurer différentes prestations de paiement.

Quelles actions immédiates les clients devraient-ils engager ?

Nous suggérons à nos clients d'identifier des cas d'utilisation critiques dans lesquels ils peuvent utiliser la blockchain pour créer de la valeur pour leur entreprise, améliorer leurs processus actuels ou développer de nouveaux produits et services. Un cas d'utilisation probant incitera à son adoption (à l'instar de ce qui s'est produit à l'origine pour le Bitcoin). Cela permettra également aux directeurs informatiques de la budgéter plutôt que de lancer une initiative blockchain cherchant à régler des problèmes à résoudre. Les clients doivent rester extrêmement concentrés.

Par chance, tous les cas d'utilisation n'imposent pas de disposer d'une Blockchain affichant des vitesses ou des performances élevées. Autrement dit, les entreprises peuvent parfaitement utiliser la technologie dans son état actuel.

Parmi les principaux cas d'utilisation pour lesquels la vitesse de transaction en milliseconde ne constitue pas aujourd'hui un impératif absolu, figurent notamment :

  • les paiements transfrontaliers
  • les transferts de fonds internationaux : remplacement des mécanismes actuels pour le virement d'argent entre les membres d'une même famille.
  • la gestion de la chaîne d'approvisionnement
  • les données / référentiels centralisés

Plusieurs prestataires de services blockchain, tels que Chain Inc., IBM et Ripple, commencent à proposer des produits/services dans ces différents domaines. L'essentiel pour les clients consiste à identifier les cas d'utilisation qui leur permettront de créer de la valeur pour leur entreprise.

À l'inverse, des applications demandant des vitesses élevées, telles que les opérations de compensation et de règlement ou encore les transactions boursières, devront attendre encore un peu avant que la technologie ne soit prête. Mais, comme nous l'avons dit plus haut, les clients potentiels ne devraient plus avoir à patienter bien longtemps.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.