La crise actuelle n'est pas qu'économique

Par Pierre Bentata président de Rinzen Conseil, professeur à l'ESC Troyes et co-fondateur du Cercle Bélem.

Depuis le 9 novembre, l'État français a épuisé ses recettes fiscales. D'où une question devenue sempiternelle : pourquoi la croissance ne repart-elle pas ? Et comme toujours, chacun a une opinion tranchée. Dans le milieu politique, l'opposition condamne l'absence de réforme et l'incapacité du gouvernement à maîtriser les dépenses publiques. Le gouvernement quant à lui rappelle que la dépense avait déjà filé avant leur accession au pouvoir et renouvellera son vœu pieu d'une reprise à venir. Patience donc. Le débat n'est pas plus constructif parmi les économistes. Certains préconisent encore plus de dépenses, voire un quantitative easing, les autres réclament un relâchement fiscal ou encore un désendettement majeur.

Ainsi année après année, le débat demeure sans atteindre le moindre consensus. Il semblerait qu'en France, hommes politiques comme experts soient incapables de s'accorder, ce qui signifie aussi que les raisons de la stagnation économique ne sont pas claires. Autrement, des solutions communes seraient trouvées, au moins parmi les économistes dont l'objectif reste de comprendre les phénomènes économiques et non de plaire à un quelconque électorat.

Un débat mal posé

En réalité, la persistance du débat laisse penser que celui-ci est mal posé. A bien y regarder, la situation des entreprises françaises s'améliore. Depuis la fin de l'année dernière leur taux de marge repart à la hausse, le taux d'utilisation des facteurs de production a retrouvé son niveau moyen de long terme et les entrepreneurs prévoient une hausse de la demande pour l'année à venir. Le climat des affaires est donc favorable à la reprise. Pourtant, le chômage perdure et la croissance stagne. Comment expliquer cette situation ?

Des causes non économiques

Selon l'historienne Deidre McCloskey les phénomènes économiques ont toujours des causes non économiques. Crise majeure comme croissance miraculeuse naissent de l'état psychologique et sociologique d'une population. Bien sûr, cela ne signifie pas que la conjoncture est sans importance, mais que celle-ci compte moins que la perception que la population a de l'avenir. Aussi, peu importe la qualité des indicateurs économiques, tant que les Français ne seront pas rassurés, ils n'entreprendront pas.

Or, quels sont leurs motifs d'inquiétudes ? A en croire les agences de notation il y a la dette souveraine et il est clair qu'il faudra trouver un moyen de la maîtriser. Mais il y a sans doute des motifs plus profonds qui tiennent à l'absence de visibilité quant à la direction que prend le pays. Qu'allons-nous faire pour résoudre la crise des migrants ? Que faisons-nous face à l'Etat Islamique ? Où en est la crise ukrainienne ? Des questions sans réponses qui sont autant de raisons d'être pessimistes.

Offrir une vision de l'avenir

Tant que les hommes politiques demeureront inaudibles sur ces sujets, les entrepreneurs préfèreront attendre avant d'investir et d'embaucher, craignant un tournant inattendu dans un monde devenu imprévisible. Aussi, il est temps que les hommes politiques retrouvent leur fonction première et oublient la poursuite de leurs intérêts particuliers. Ils sont élus pour gouverner, c'est-à-dire pour offrir une vision de l'avenir et réagir clairement face aux événements qui bouleversent le monde. Il ne s'agit pas là de fustiger le gouvernement. L'absence de vision est une constante dans tous les partis actuels. Mais cela doit alerter et réveiller la classe politique. En matière de croissance et d'emploi tout est lié. L'économie ne va pas sans la politique et la paix sociale. Et c'est une bonne chose car cela signifie que pour résoudre les problèmes économiques il faut les oublier un peu et se concentrer sur ce qui compte vraiment.

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Commentaires 9
à écrit le 13/11/2015 à 15:01
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Yellen ne sait pas s'il faut relever les taux de la FED, Draghi et Weidman s'écharpent sur le QE, Merkel et Schaüble sur les migrants, Hollande et Obama hésitent sur tout. On devrait effectivement de demander "ce qui compte vraiment"

à écrit le 13/11/2015 à 14:35
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"Qu'allons-nous faire pour résoudre la crise des migrants ? Que faisons-nous face à l'Etat Islamique ? Où en est la crise ukrainienne ?" : Est-ce qu'il s'agit là des questionnements qui guident l'immense majorité des agents économiques dans leurs cho...

à écrit le 13/11/2015 à 13:15
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EXELLENT RAISONNEMENT? LE PROBLEME C EST QUE EN FRANCE LES HOMMES POILITIQUE SONT TOUJOUR EN ELEXTION EST NE PENSENT QU A LEURS AVENIR. A PARTIR DE CETTE ANALYSE? JE PENSE QU IL FAUDRAIS UNE FOIS POUR TOUTE FAIRE AVEC TOUS LES PARTIS POLITIQUE UNE LI...

le 13/11/2015 à 15:07
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Si la touche majuscule est bloqué, merci de changer de clavier!

à écrit le 13/11/2015 à 11:18
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" oublient la poursuite de leurs intérêts particuliers." Ce qui, si je ne me trompe, est purement économique. Nous en revenons donc bien à la problématique initiale. Ce qui est logique dans un monde capitaliste, d'ailleurs...

à écrit le 13/11/2015 à 11:17
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pas faux, l'economie reste une science molle! y a pas que les equations differentielles dans la vie! pour le reste, j'ajouterai que ca va moins pire qu'avant ......donc on va considerer que ca va ' mieux'... de la a dire ' ca va 'bien'' ........ to...

le 13/11/2015 à 14:29
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pourtant la confiance des patrons de PME-ETI a pas mal augmenté ces derniers mois (indicateur opinionway-banque palatine-challenges). et les défaillances baissent, je crois. sauf éventuellement dans le BTP. tu as sondé exclusivement des patrons du B...

à écrit le 13/11/2015 à 11:02
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"C'est la crise, je ne peux aller chez le coiffeur..." eut été plus original que cette suite d'arguties sans intérêts. Et dire qu'il est professeur en ecole supèrieure de commerce et anime un cercle d'idées (je ne sais pas s'il faut mettre le pluriel...

à écrit le 13/11/2015 à 10:51
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Le propos n'est pas très original , que de lieux communs !!!!

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