La cybercriminalité s'immisce dans les guerres et dans les campagnes électorales

OPINION. La cyberguerre est devenue une composante importante de la guerre de terrain et un moyen de fragiliser les États en s'immisçant dans leurs campagnes électorales. En cette période d'élections présidentielles et législatives, à quoi la France doit-elle s'attendre ?  Sera-t-elle la cible de désinformations et de manipulations de l'opinion publique ? Par Guillaume Gamelin, vice-président régional chez F-Secure
(Crédits : Reuters)

Aujourd'hui, les armes des cyberattaques remplacent les technologies guerrières traditionnelles. Miroir du réel, le monde cyber révèle les mêmes alliances géopolitiques : Russie contre Etats-Unis, Chine contre Etats-Unis, Israël contre Iran, etc.

La frontière entre les deux mondes devient si ténue qu'en Ukraine la cyberguerre a commencé alors même que les troupes se positionnent sur le terrain et qu'aucun tir n'a été effectué. Selon des chercheurs de Microsoft, des pirates auraient déjà attaqué des dizaines de sites web gouvernementaux en Ukraine via des logiciels malveillants placés à l'intérieur des agences gouvernementales et des sociétés de technologie ukrainiennes. Soupçonnant les Russes d'être à l'origine de ces cyberattaques, le président Joe Biden n'a d'ailleurs pas hésité, le 19 janvier dernier, à menacer les Russes de représailles dans le cyberespace.

Des dégâts tragiques

Mais les logiciels malveillants sont-ils aussi dangereux que les chars et les missiles ? Si au premier abord les uns font plus peur que les autres, les dégâts d'une cyberattaque n'en sont pas moins tragiques. Et pour cause.  Bloquer le système informatique d'un avion en plein vol, créer et diffuser de fausses informations dans un système informatique d'une usine d'eau potable, d'une centrale nucléaire ou d'une chaîne de production de médicaments, pirater des données confidentielles d'un centre militaire, sont autant de cyberattaques dont les conséquences peuvent être dramatiques. Mais si jusqu'à présent les grandes cyberattaques comme WannaCry (logiciel malveillant touchant plus de 300.000 ordinateurs dans le monde) ou Stuxnet (ver informatique américain et israélien développé pour espionner et saboter les installations nucléaires iraniennes), n'ont causé que des dégâts limités, rien ne garantit qu'une catastrophe ne puisse se produire.

Les campagnes électorales sont aussi un enjeu

Quid de la cyberguerre dans les campagnes électorales ? Propagées par des gouvernements étrangers, ces cyberattaques ont pour but de favoriser leur candidat favori. La présidentielle américaine de 2016 en est un bon exemple, avec les traces de piratages repérées dans les systèmes informatiques électoraux de la quasi-totalité des États. Ainsi, selon les services de renseignements américains, la Russie avait piraté des comptes mail du camp démocrate pour favoriser l'élection du candidat républicain Trump à la Maison Blanche. En France, la fin de campagne présidentielle de 2017 fût, elle aussi, marquée par l'affaire « MacronLeaks » une cyberattaque attribuée aux groupes russes Pawn Storm, Fancy Bear ou APT28. Objectif ? Dévoiler au public des informations sur la gestion de la campagne d'Emmanuel Macron. Enfin, plus récemment, l'Allemagne a elle aussi été touchée par une cyberattaque venue de la Russie et visant des parlementaires allemands lors des dernières élections fédérales de septembre 2021.

Une cible de choix

L'intrusion de gouvernements étrangers dans les campagnes électorales pour influencer les votes est donc devenue une pratique courante. Actuellement, alors que nous trouvons en pleine campagne électorale, nous sommes, c'est certain, une cible de choix pour ce type de cybercriminalité. Que ce soit en déni de service, en désinformation, en effacement de site web ou encore en piratage de données, les cybermenaces de ces actions ont la même finalité : créer des campagnes de manipulation et d'influence idéologique pour interpeller et influencer l'opinion publique. La seule question qui se pose donc à ce jour est : est-on et sera-t-on capable tout au long de cette période, de contrer toute tentative de désinformation et d'intrusion dans notre campagne électorale ? Interrogé dans Télématin le 31 janvier dernier, Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères se voulait rassurant: « La France est aujourd'hui plus prémunie contre les ingérences que par le passé. La précaution et la sécurité cyber sont une de nos priorités et tout laisse à penser que ces élections se passeront normalement sans ingérence. » La campagne commence. L'affaire est donc à suivre...

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Commentaires 2
à écrit le 17/02/2022 à 13:55
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"en s'immisçant dans leurs campagnes électorales" qui n’intéressent pas les gens donc aux conséquences marginales. Oui la cyber criminalité peut poser des problèmes mais seulement financiers il convient donc de ramener ce danger à ce qu'il est et non...

à écrit le 17/02/2022 à 11:06
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Il faut se méfier de ceux qui en ont les moyens et qui rechercherons une excuse pour verrouiller tout cela dans leurs intérêts!

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