La France "Championne de la fiscalité" ! ? ... C'est faux

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, la France "Championne de la fiscalité" !?... C'est faux

La France championne d'Europe et même de l'OCDE des prélèvements obligatoires... Années après années, la presse économique rejoue la scène de la stupéfaction. Et dès que le ras-le-bol fiscal ressurgit, sous ses formes diverses et variées, qu'ils soient pigeons, bonnets rouges ou gilets jaunes, c'est toujours cette données que l'on exhibe, comme témoignage édifiant de l'enfer fiscal hexagonal. Le chiffre n'est pas contestable, mais il nous livre une version très tronquée de la réalité fiscale hexagonale. On y mélange les impôts proprement dit et le financement de la protection sociale. Et cette deuxième composante contient des éléments très divers dont une large part est un pseudo-prélèvement, puisque qu'il garantit un revenu différé en cas de retraite, de chômage ou d'arrêt maladie notamment.

Alors la France est certes championne du monde ou vice-championne en matière de prélèvements obligatoires. Mais ce n'est plus tout à fait vrai ou spectaculaire lorsque l'on resserre l'analyse sur les impôts stricto sensu, directs ou indirects.  La France figure en haut de l'échelle, mais elle ne fait plus figure de pays atypique. Et c'est encore moins sur la taxation directe ou indirecte des ménages qu'elle se démarque. Si l'on additionne les impôts directs sur le revenu et les principaux impôts indirects (TVA et droits d'accise) pesant sur ces derniers, la France est en position médiane. Et c'est bien du côté des prélèvements sociaux, autrement dit du financement de la protection sociale qu'il faut chercher la source principale de la singularité française. Là effectivement, la France se démarque de ses partenaires.

Et cette particularité est logiquement reconfirmée lorsque l'on se tourne du côté des dépenses. La France  décroche un nouveau titre de champion du monde, celui de la dépense sociale, illustré ici, par la somme des prestations sociales monétaires ou en nature transitant par le budget des administrations publiques.

Ce n'est pas un scoop

Pour parfaire cependant ce décryptage, il  faut tenir compte du fait qu'une part croissante des impôts, stricto sensu, finance aussi la protection sociale, notamment dans le nord de l'Europe, et de plus en plus en France. L'indicateur le plus pertinent, du coup, si l'on veut caractériser la pression fiscale, hors protection sociale, c'est d'isoler la part des impôts qui ne sont pas affectés à la protection sociale, autrement dit retrancher les dépenses sociales des prélèvements obligatoires. La France reste un pays de fiscalité élevée, mais demeure proche de la moyenne et ne fait plus figure d'animal étrange.

Tout cela surligne une chose importante. On ne peut dissocier en France, la question de la pression fiscale, de celle du modèle de protection sociale. Et si notre exception fiscale s'est maintenue dans le temps, c'est bien que ce pacte implicite qui sous-tendait la fiscalité française était compris et bénéficiait de l'adhésion du plus grand nombre. On peut penser avec certains, que c'est l'inculture économique crasse des français, qui les conduisent aujourd'hui dans la rue. Ces derniers n'auraient pas compris que moins d'impôt conduit fatalement à moins d'assurance et de redistribution. L'explication paraît bien courte et bien méprisante. Peut-être devrai-t-on s'interroger aussi sur l'inculture sociale de nos dirigeants, et l'anti-pédagogie qui a fissuré la confiance qui était au cœur du pacte fiscalo-social hexagonal.

 >> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 13
à écrit le 07/12/2018 à 10:48
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c'est avec ce genre de conclusion que l'Etat, les collectivités locales,etc. seront toujours enclin à dépenser plus. que n'applique-t-on pas les conclusions de la cour des comptes ? un peu de comptabilité analytique : quel est le travail et l'appor...

à écrit le 07/12/2018 à 10:12
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D'accord pour parler d'inculture économique de nos concitoyens, qui pensent en gros que "demain on peut raser gratis", en ne pensant pas que toute prestation a comme corolaire un impôt ou une taxe pour la financer. Mais ce n'est pas la seule caracté...

à écrit le 05/12/2018 à 20:59
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Pouvez vous faire un comparatif entre les pays en fonction de leur PIB et des niveaux des salaires ! Notre pays risque d'être le champion de la fiscalité pour tout travailleur gagnant moins de 3500€ net mensuel ! et oui beaucoup plus avantageux pour ...

à écrit le 05/12/2018 à 17:57
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C'est surtout une fiscalité concentré sur l'appareil productif qui ruine nos entreprises et qui décourage les français à prendre des risques. Plus de 700 milliards de charges sociales dont plus de 65% financés par les entreprises, et protection socia...

à écrit le 05/12/2018 à 17:19
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Championne ou pas, c'est surtout les sommes qu'elle emprunte pour payer sa cotisation annuelle au club huppé qu'est l'UE de Bruxelles qui font tousser! Au bas mot 21 milliard d'euro qui via Bruxelles et sous ses couleurs aux étoiles d'or vont subvent...

à écrit le 05/12/2018 à 16:59
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oui. et puis les prélèvements/la fiscalité servent à un investissement large avec de bons résultats : infrastructures, compétences/R&D, entrepreneuriat/investissement des entreprises, logement, fécondité, santé, défense, environnement, limitation d...

à écrit le 05/12/2018 à 14:52
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Il faut surtout faire la contraction entre les prélèvements et les transferts pour constater que hormis sur la santé avec un système de remboursement public quasi intégral et un surcoût de 10%, nous sommes à peu près normaux (régalien dans la moyenne...

à écrit le 05/12/2018 à 14:29
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Il faut appliquer la note n°6 du CAE, avec une allocation universelle pour respecter l'équité. Pourquoi les Français n'arrivent ils pas à le comprendre alors que les autres pays européens l'appliquent. Cela consiste à répartir les charges sociales su...

le 05/12/2018 à 17:23
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Pourquoi vous ne voulez pas comprendre que l'UE de Bruxelles nous pompes notre fric en catimini?

à écrit le 05/12/2018 à 11:36
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Bonjour Mal nommer les choses c'est ajouter de la misère à la misère disait Albert Camu Une majorité des débats sont, selon moi, mal posés. La focal ne devrait elle pas être fixée sur l'efficacité de la dépense au service du plus grand nombre? Ce...

à écrit le 05/12/2018 à 11:18
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"Peut-être devrai-t-on s'interroger aussi sur l'inculture sociale de nos dirigeants, et l'anti-pédagogie qui a fissuré la confiance qui était au cœur du pacte fiscalo-social hexagonal" Bravo.

le 05/12/2018 à 14:07
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Une fois n'est pas coutume. Je suis d'accord avec le citoyen blasé. La pédagogie est pour le moins déficiente à tous les étages. Les décisions ne sont jamais argumentées dans un langage facilement compréhensible pour le citoyen. On ne parle qu'une la...

le 05/12/2018 à 19:09
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"Une fois n'est pas coutume. Je suis d'accord avec le citoyen blasé" "On devrait tous les ans faire un bilan de déficit accumulé expliqué au citoyen et leur expliquer clairement la raison pour que personne n'oublie que nous faisons une moyenne de ...

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