Il faut conclure rapidement la deuxième révision du programme de la Grèce

La Grèce doit poursuivre ses réformes et ses partenaires européens honorer leurs engagements. Par Roberto Gualtieri, Président de la commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen

Pour le Parlement européen, le constat à propos de la Grèce est clair : les mesures engagées par le gouvernement d'Athènes pour assainir ses finances publiques - au prix d'énormes sacrifices pour le peuple grec ! - vont dans le bon sens. Ceci doit permettre à la Grèce de consolider sa reprise économique, à condition, bien entendu que le rythme des réformes soit maintenu. Tout retard aura des conséquences lourdes pour la stabilité politique en Grèce et pour l'Eurozone. La crédibilité de l'Union européenne et de ses institutions est en jeu, ni plus ni moins.

 Lors d'une phase historique où l'Europe fait face à des défis internes et externes d'énorme portée, et où le protectionnisme pur et dur annoncé par Donald Trump, le repli sur soi prôné par les populistes, souverainistes et l'extrême-droite en Europe sont une menace sans précédent pour l'Union européenne et la démocratie, nous devons tout faire pour sauvegarder le projet européen. Nous devons renforcer le développement économique de l'Europe, assurer la convergence des économies nationales et la cohésion économique et sociale.

 De robustes taux de croissance pour 2017-2020

Quant à la Grèce, les chiffres attestent de l'effort accompli par le peuple grec. En 2016 l'économie grecque a connu une croissance légèrement positive. Le surplus primaire est estimé aux alentours de 2% pour 2016, mieux que 0,5% , l'objectif établi par le programme de sauvetage de la Grèce, alors que le FMI a prédit, au contraire, un déficit de 0,5%. Par ailleurs, le chômage a été réduit de 27% à 23% au début de 2015 et les prévisions de différentes organisations internationales tablent sur de robustes taux de croissance annuelle en termes de PIB pour la période 2017-2020.

 Il est maintenant temps pour toutes les parties concernées de redoubler leurs efforts pour progresser. Le gouvernement grec devrait continuer ses réformes et accélérer leur réalisation. En même temps, les partenaires internationaux de la Grèce ainsi que les créditeurs devraient honorer leurs engagements dans le cadre de l'accord obtenu à l'Eurogroupe en mai 2016 et ne devraient pas exiger de mesures supplémentaires en dehors du cadre de l'acquis UE.

 Pour une réforme du marché du travail efficace

Dans ce contexte, un mécanisme de contingence pour sauvegarder les objectifs budgétaires prévus pour 2018 et après serait un instrument utile. De même, une réforme du marché du travail efficace, s'inspirant des meilleures pratiques européennes sera un élément essentiel d'une économie solide. Cependant, toute demande de légiférer en avance des mesures équivalentes à 2% du PIB pour le budget 2019, ou de raboter de manière substantielle l'exercice effectif du droit à la négociation collective sans accepter le principe d'extension des contrats, même avec un mécanisme solide de vérification, est irraisonnable. De telles conditions seraient clairement inacceptables pour tout État membre.

 Les institutions européennes et une partie des experts du FMI affichent d'évidentes différences quant à la soutenabilité de la dette grecque. Ceci met en danger tout l'édifice de la réduction de la dette de la Grèce et risque de causer des retards importants dans la réalisation des objectifs. L'Article IV Staff report du FMI montre clairement que plusieurs « écoles de pensée » s'affrontent au sein de cette institution. Je pose la question : comment une institution respectée comme le FMI peut-elle délibérément négliger les données réelles sur le surplus primaire et sur les projections de croissance, qui ont été incompréhensiblement déclassées - malgré le fait que les résultats aient été meilleurs des attentes prévues?

 Discuter de mesures de réduction de la dette

 Il est maintenant essentiel que la seconde révision du programme de la Grèce soit conclue rapidement. De la sorte, la Banque centrale européenne (BCE) sera en mesure d'évaluer de manière adéquate les progrès de la Grèce et lui donner accès à ses programmes. Des mesures de réduction de la dette doivent être discutées dans le cadre de la feuille de route conclue en mai 2016, en reconnaissant qu'un surplus primaire de 3,5% peut être soutenable seulement pour des périodes très limitées. Si toutes les parties concernées peuvent s'entendre sur ces bases, il sera possible de terminer  un  troisième programme grec à partir de 2018 sur des bases solides. Tout délai sera néfaste : dans plusieurs pays de l'Union, des élections auront lieu prochainement et, dans le contexte de turbulences actuel, l'Europe ne peut pas se permettre de revivre le psychodrame de l'été 2015 qui a failli dégénérer en catastrophe.

C'est la raison pour laquelle je lance un appel aux ministres des Finances de la zone euro : leur réunion du 20 février prochain sera tout simplement cruciale.

 Roberto Gualtieri

 Président de la commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen

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