Pour une pharmacie en ligne vraiment accessible

Aujourd'hui, les pharmacies en ligne ne peuvent être référencées sur les moteurs de recherche. La règlementation va-t-elle mettre fin à cette aberration? Par Nicolas Métairie, Pdg de Pharmarket.com

C'est pourtant évident : il y a un souci. Où les internautes sont-ils conduits lorsqu'ils tapent « achat médicaments pas chers » sur Google ? Non sur les sites des quelques 240 e-pharmacies françaises qui ont été créés et agréées depuis 2013. Mais avant tout, en ce 20 mai 2015, vers une e-parapharmacie qui précise immédiatement... qu'elle ne vend pas de médicaments « à l'heure actuelle », puis sur un site indien qui promet un générique du Viagra aussi efficace que l'original - sachant que le vrai cachet bleu n'est pas autorisé à la vente en ligne en France. Pour développer la confiance des internautes dans l'achat de médicaments sur le web, on fait mieux. Pour moderniser et développer les officines françaises qui, sur le web, affrontent leurs concurrentes européennes, ce n'est pas idéal non plus. La question est alors: les autorités et les représentants des professions de santé concernées vont-ils oser l'affronter, ce souci ?

Le risque de l'immobilisme

 Ils en ont l'occasion. Depuis quelques semaines en effet ils se réunissent régulièrement au Ministère de la Santé et discutent des modalités de la vente en ligne des médicaments sans ordonnance - des cachets contre les maux de tête aux vitamines en passant par les crèmes contre les brûlures et les gouttes pour les yeux. Ils croyaient avoir bouclé le sujet en juin 2013, date de publication d'un arrêté définissant les bonnes pratiques en la matière. Sauf que le mois dernier le Conseil d'Etat a annulé ce texte. Il faut donc tout recommencer.

Pour les autorités, la tentation est grande de publier, dans quelques semaines, un simple copier-coller de l'arrêté de 2013. D'abord parce que le Conseil d'État n'a pas annulé ce dernier sur le fond - il n'a pas donné raison aux acteurs du secteur qui l'avaient attaqué au motif qu'il serait trop contraignant pour les e-pharmaciens - mais uniquement du fait d'un vice de procédure. Surtout, l'arrêté de 2013 avait été accepté, au final, par les syndicats de pharmaciens. Le republier tel quel permettrait donc d'éviter des discussions sans doute houleuses avec ces derniers. Le souci est que cette option ne règlerait pas le problème du faux Viagra indien en haut de page Google. En plus, les acteurs qui ont attaqué le texte il y a deux ans - en majorité des pharmaciens !- risquent fort de rappeler illico leurs avocats. Ce serait alors reparti pour un tour.

Les moteurs de recherche réservés aux sites étrangers

Un nouveau compromis bâti sur quelques évidences va-t-il alors être trouvé ? Comment nier en effet qu'il y ait un souci lié au référencement sur les moteurs de recherche - interdit aux e-pharmaciens agréés mais pratiqué par les sites étrangers et/ou illégaux - d'où le pseudo Viagra indien en haut de page ? Evidemment, il faut faciliter le parcours de l'internaute - qui n'a pas envie de chercher la liste des 240 officines autorisées lorsqu'il arrive sur le net.

De même, conserver des garanties essentielles de sécurité que seul le pharmacien peut apporter (contrôle des dosages, origine des produits,...) et de protection des données des patients semble indispensable à l'heure où, d'après un récent sondage Ipsos, 64% des Français pensent que la vente de médicaments sur le web n'est pas contrôlée dans le pays ! Enfin, il y a aussi urgence à aider les pharmaciens français à se lancer sur le web - en Allemagne plus de 12% des achats de médicaments sont réalisés en ligne, contre moins de 0,01% en France. Et sur ce sujet les start-ups ont des compétences qui peuvent être bien utiles aux officines.

Trouver un juste équilibre

Espérons alors que le Bon Sens soit invité aux réunions du Ministère, et qu'il ait la bonne idée de parler très fort. Lui seul permettrait en effet de sortir de ce débat stérile aux airs de « guerre des anciens contre les modernes », entre d'un côté les adeptes de l'ultra-libéralisation - favorables pour certains à la création de plates-formes de vente de type Amazon, sans lien avec les officines-, et de l'autre les partisans de contraintes maximales sur la vente en ligne, effrayés à l'idée que son développement soit un premier pas vers l'arrivée des médicaments en supermarché. Tout l'enjeu des discussions en cours est en fait de trouver un « juste équilibre ». Le Bon Sens a-t-il fait sa cure de vitamines avant d'y participer - s'il le fait - ? Réponse avant l'été...

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Commentaires 2
à écrit le 06/09/2015 à 13:36
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Entièrement ok avec Nicolas Métairie, par contre c'est clair que l'on s'y perd un peu parmi tous les sites de <a href="http://www.cfmapharmacie.fr">parapharmacie en ligne</a>.

à écrit le 17/06/2015 à 19:08
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le jeune homme en haut c le pharmacien ou celui qui cherche du viagra?

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