La révolution digitale affecte aussi la gestion de patrimoine

Portée par une poignée de mastodontes, mais aussi par un nombre toujours plus croissant de nouveaux venus, la révolution digitale a notamment pour conséquence de reconfigurer les places boursières. Au point de rendre indispensable l'adaptation des stratégies d'allocations d'actifs dans les portefeuilles boursiers. Par Patrick Ganansia, Associé-gérant, Herez
Inconnue il y a cinq ans, la marque Tesla veut plus aujourd'hui que Peugeot

« GAFA ». Derrière cet acronyme se cachent quatre acteurs majeurs de l'Internet : Google, Apple, Facebook et Amazon. Ils génèrent aujourd'hui l'équivalent du PIB du Danemark (35ème puissance économique mondiale) et affichent une croissance plus élevée que celle de la Chine. Pour ces géants, chaque humain connecté est un client potentiel et chaque humain non connecté devrait l'être.
Parmi ces mastodontes, le leader incontesté reste Apple. Depuis son introduction en Bourse, en 1980, la valeur de l'entreprise a été multipliée par 50.000. Et Tim Cook, son nouveau PDG, ne compte pas s'arrêter là. En septembre dernier, la société a dévoilé « Apple pay », son service de paiement mobile compatible avec l'iPhone ainsi qu'avec sa nouvelle Apple Watch, présentée au public le 9 mars. Le succès semble être au rendez-vous. En effet, plus de 750 institutions financières sont déjà partenaires, et le nombre de paiements sans contact aux États-Unis a explosé depuis le lancement.

Apple vaudrait plus de 1.500 milliards de dollars, si sa banque fonctionne

En janvier dernier, Bank of America et JP Morgan revendiquaient à elles seules respectivement 800.000 et 1 million d'ouvertures de compte Apple Pay. Selon Vincent Fourcaut, président de UNCIA AM, spécialisé dans la recherche de sociétés de croissance forte et de qualité, si Tim Cook réussit son pari et transforme progressivement Apple en banque dématérialisée, la valorisation du groupe pourrait dépasser les 1.500 milliards de dollars, soit l'ensemble des valeurs du CAC 40.

Tesla vaut plus que Peugeot

Mais le secteur financier n'est que le dernier exemple en date d'une reconfiguration de notre économie. Prenons l'exemple de Tesla qui a su miser sur la technologie de la batterie, en prenant le contre-pied du moteur à combustion. Aujourd'hui, c'est le seul constructeur automobile capable de proposer une nouvelle expérience de conduite, tout en installant son propre réseau de stations de recharge rapide (15 minutes pour 200 kms d'autonomie). La société a d'abord visé les véhicules haut de gamme avec près de 600 kms d'autonomie, et souhaite proposer, d'ici 3-4 ans, la première voiture électrique grand public. Mais son savoir-faire risque d'aller bien au-delà en proposant des solutions de stockage pour les énergies renouvelables et les évolutions sont imprédictibles. Tesla, encore parfaitement inconnu il y a 5 ans, est aujourd'hui valorisée autant qu'une entreprise comme Peugeot, créée il y a plus d'un siècle.

Ne pas tomber dans le piège de la bulle internet

Citons également Netflix, dans le secteur de la vidéo à la demande, Airbnb, dans l'hôtellerie, Facebook et Linkedin, dans les réseaux sociaux, sans oublier Criteo, dans la publicité en ligne. Le nombre de sociétés prenant le contrôle de tout un pan de l'économie en quelques années ne cesse d'augmenter. En moyenne, tous les 5 ans, 25 nouvelles compagnies intègrent le classement des 100 plus grosses sociétés américaines. Il s'agit là d'une évolution de fond qu'il est nécessaire de prendre en compte au moment de définir une stratégie d'allocation à un portefeuille boursier.
Afin d'accompagner ces acteurs disruptifs, il est conseillé d'allouer 5% d'un portefeuille équilibré, ou 10% d'un portefeuille dynamique, sur cette classe d'actifs. Mais attention à ne pas tomber dans le même piège qu'à l'époque de la bulle Internet.

Certaines entreprises ne seront jamais rentables. Il est primordial de rester très sélectif et de privilégier les entreprises déjà dotées de profits. De ce fait, les gérants n'investissent qu'au sein d'entreprises combinant une croissance forte et un business model durablement créateur de valeur. Ces dernières représentent à peine 1% de la cote mondiale. L'une de leurs convictions du moment : Safaricom, l'opérateur télécom leader au Kenya. Il a su se réinventer en proposant des services de transactions sur mobiles à une large population d'utilisateurs. Ce qui lui permet déjà de représenter des échanges financiers équivalents au tiers du PIB du pays.

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Commentaires 2
à écrit le 27/03/2015 à 16:49
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En lisant le titre, je m’attendais à un article intéressant sur l'évolution de la gestion de patrimoine. En fait non, il s'agit juste d'un conseiller patrimonial qui a découvert les GAFA...

à écrit le 25/03/2015 à 3:09
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Pas digitale ! On dit numérique en français !

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