Le capitalisme, bientôt une relique barbare

Le capitalisme est dépassé. Mais par quoi sera-t-il remplacé? Les progrès fulgurants de la science et de la technologie seront-ils mis au service de la liberté individuelle et de notre qualité de vie commune ? Par Michel Santi, économiste

«Les grandes luttes du XXème siècle entre la liberté et le totalitarisme se sont terminées par une victoire décisive des forces de la liberté et du seul modèle possible de succès : liberté, démocratie et libre entreprise. Au XXIème siècle, seules les nations qui s'engageront à protéger les droits de l'Homme et à garantir la liberté économique seront capables d'assurer leur prospérité». Écrite en 2002 par le conseil américain de «stratégie de sécurité nationale» sous l'impulsion du Président de l'époque George W Bush, cet auto satisfecit appartient à des temps révolus. En effet, le capitalisme occidental - survivant de justesse à la crise des années 2007 à 2010 l'ayant laissé mortellement blessé- est en phase terminale car ses plaies infectées crachent l'inégalité, le mécontentement social et les endettements colossaux.

 Loin du début des années 90

Qu'il est loin aujourd'hui le triomphalisme du début des années 1990 qui avait vu le sacre du standard capitaliste américain érigé en valeur morale suprême ! Tout avait pourtant bien commencé. La démocratie n'était-elle pas supposée être en quelque sorte une sécrétion naturelle dès lors que la Russie et que la Chine embrasseraient le capitalisme ? Milton Friedman -qui affirmait qu'une société qui privilégie l'égalité des revenus à la liberté «finit par n'avoir ni l'égalité ni la liberté»- est aujourd'hui totalement ringardisé car notre liberté n'a plus à nos yeux qu'une valeur instrumentale, tout au plus un levier permettant de parvenir à des objectifs matériels. Notre défense des libertés -de la Liberté- semble bien peu crédible alors même que nous l'abdiquons au profit d'entreprises et de banques à taille de mastodonte qui nous imposent en permanence leurs diktats.

 Ce qui remplacera le capitalisme?

Comment pouvons-nous nous prévaloir de ces valeurs humanistes, comment simplement être crédibles pour imposer à d'autres nations le concept des droits de l'Homme, alors que -sous couvert de cette même liberté- une minorité infime concentre chez nous en ses mains richesses et pouvoirs excessifs ? Dans un tel contexte, il est bien plus simple d'imaginer la fin du capitalisme. Après tout, nul système social n'a duré éternellement, à plus forte raison s'il s'agit d'un ordre aussi intrinsèquement instable que celui dicté par le capitalisme. La question n'est donc pas tant si le capitalisme va péricliter et disparaître, que ce qui le remplacera dans un monde -celui de demain !- où le travail humain ne sera plus une nécessité.

 Quel modèle de société?

 Pourtant, personne -et certainement pas les politiciens- ne s'interroge ni ne se préoccupe du modèle de société que nous voulons organiser pour notre avenir immédiat. Est-ce une société où les individus auront la possibilité (s'ils le souhaitent) de s'affranchir du travail ? Une société offrant à chacun accès aux soins, au logement et à la décence matérielle, même sans labeur ? Ou est-ce un ordre hiérarchisé où une élite dominera la masse tout en exerçant un contrôle strict sur son accès aux ressources et aux biens ?

En d'autres termes, les progrès fulgurants de la science et de la technologie seront-ils mis au service de la liberté individuelle et de notre qualité de vie commune ? Ou la domination économique et financière accentuera-t-elle son emprise et achèvera-t-elle d'asservir le plus grand nombre selon les critères impérieux de la compétitivité et du profit ? L'oligarchisation, ou le capitalisme entre adultes consentants * ?

*sous-titre de mon prochain ouvrage à paraître en septembre : « Plus de capitalisme au XXIème siècle », éd. Lignes de repère

Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et Directeur Général d'Art Trading & Finance.

Il est également l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience", "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique" et de "Misère et opulence", préface rédigée par Romaric Godin.

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Commentaires 11
à écrit le 14/06/2016 à 15:53
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"Le capitalisme est en phase terminale car ses plaies infectées crachent l'inégalité, le mécontentement social et les endettements colossaux". Constat parfaitement juste n'en déplaise à ceux qui vénèrent ce capitalisme à l'origine de leur fortune. ...

à écrit le 14/06/2016 à 14:19
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"Les grandes luttes du XXème siècle entre la liberté et le totalitarisme se sont terminées par une victoire décisive des forces de la liberté". Et bien nous ne devons pas vivre dans le même monde! Si le prochain livre de ce monsieur est du même tonn...

à écrit le 12/06/2016 à 11:19
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Elucubration. Le capitalisme n'est pas un modèle social mais un moyen technique de permettre aux entreprises de se financer pour investir. A part la cueillette et la chasse pour atteindre individuellement l'autosuffisance il n'y a pas d'alternative a...

le 24/08/2016 à 18:12
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Mr Santi n'est pas le seul à penser que le capitalisme touche à sa fin « le Mercredi 19 Mars 2014 à 07:20 Selon une étude financée par le Centre de vols spatiaux Goddard de la Nasa, notre civilisation industrielle n'a plus que quelques décenni...

à écrit le 11/06/2016 à 10:41
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Bla bla bla.

à écrit le 11/06/2016 à 10:34
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M.Santi se decrédibilise dès les premiers mots de son article en associant obligatoirement "liberté, démocratie, et libre entreprise" au capitalisme. Comme si libertés individuelles et libre entreprise menaient forcément à une soif d'accumulation du ...

le 11/06/2016 à 13:47
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Ah parce que nous ne sommes pas dans une société qui prône l'accumulation (de capital et de biens) ? Première nouvelle. Si ce n'est pas le cas, alors explique moi comment se fait-il qu'on (enfin nos "élites") soit à la recherche de toujours plus de...

le 11/06/2016 à 18:55
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"Analyse classique dans un pays sans culture économique et jalou de la réussite des autres." : A part l'argument de la jalousie, vous avez quoi pour défendre le système actuel? Les quasi-esclaves qui travaillent pour permettre l'enrichissement des 1...

le 12/06/2016 à 11:25
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Comme Marx l'a souligné, l'accumulation de capital est nécessaire au développement économique. C'est d'avoir oublié cette vérité première et d'avoir trop cherché à l'entraver que notre pays souffre aujourd'hui, ainsi que le prouve le nombre d'entrepr...

à écrit le 10/06/2016 à 18:19
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TRAVAIL, CAPITAL, ENERGIE. On oublie l'énergie. Que feriez vous sans énergie. On serait comme au temps de Cro-Magnon! Du temps de Marx, l'énergie c'était les mineurs et les ouvriers des maitres de forges. Depuis, on a eu le pétrole, l'énergie électri...

le 12/06/2016 à 12:19
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l'énergie est une production intermédiaire indispensable à certaines activités et fabrications comme par exemple l'acier ou le silicium, et résulte de l'utilisation des deux ingrédients de base, , capital et travail. Sans mineurs ni investissement da...

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