Le « nouvel ami » de la police municipale ?

La décision du gouvernement d'armer massivement les polices municipales relève de la fausse bonne idée. par Bernard Gauducheau, maire de Vanves, Conseiller Régional d'Ile-de-France (UDI).

Suite à la légitime indignation nationale soulevée par les attentats de janvier 2015, et au meurtre de Clarissa Jean Philippe, stagiaire à la police municipale de Montrouge, l'État a mis soudainement 4000 révolvers et 8000 gilets pare-balles à disposition des communes.

En parallèle, à Béziers, « la police municipale a un nouvel ami», est le slogan d'une campagne d'affichage provocatrice montrant un révolver aux armoiries tricolores sur fond bleu marine.

Sirènes médiatiques et dérives démagogiques

Ainsi, entre les sirènes médiatiques et les dérives démagogiques, la question de l'armement de la police municipale est en réalité une arme à double tranchant. Après quelques semaines de recul et de réflexion, je pense qu'il ne faut pas céder à l'émoi général en renforçant l'équipement des policiers municipaux d'armes dites létales.

Aujourd'hui, 45% des 19 000 policiers municipaux sont armés et on serait tenté de vouloir augmenter ce pourcentage au nom de la sécurité nationale alors que le véritable poids des forces de l'ordre se trouve du côté des 145 000 policiers nationaux et des 98.155 gendarmes.

 Les communes n'ont pas à se substituer à l'État

Une coopération efficace entre la Gendarmerie, les Polices Nationale et Municipale fonctionne sur le principe où chacun des fonctionnaires agit selon ses champs de compétences. Les communes ont incontestablement des moyens humains et financiers très différents selon leur niveau de richesse. Elles n'ont aucunement à se substituer à l'État dans ses missions régaliennes de sécurité des biens et des personnes sur l'ensemble du territoire.

Les maires sont détenteurs du pouvoir de police administrative. Ils n'ont pas vocation à être les shérifs des temps modernes et par conséquent à tomber dans le piège trop facile du désengagement de l'État.

Des missions de proximité

La police municipale doit poursuivre ses missions de proximité, d'ilotage, de contrôle en matière de stationnement, de circulation, de sécurité routière et de salubrité publique. Il n'est pas question de la soumettre à des contextes ou des situations à risques qui relèvent strictement des Policiers Nationaux et des Gendarmes, formés et équipés à cet effet. Il faut en revanche renforcer le matériel de protection et de défense des fonctionnaires municipaux adapté à la nature de leurs missions tels que les gilets pare-balles, les bâtons de défense, Flash Ball. Ces mesures de bon sens concernent autant les policiers municipaux que les agents de surveillance de la voie publique.

 Des revolvers déjà anciens

Ironie de l'histoire, les 4000 revolvers proposés par le Ministère de l'intérieur, principalement des « Manurhin », calibre 38, sont certes solides mais déjà anciens et généreront des couts d'entretien significatifs. Paradoxalement, les villes qui font de l'armement de leurs policiers une priorité se tirent une « balle dans le pied ». En cette période de crise, ce sont des crédits non alloués à des missions qui sont au cœur de leurs responsabilités, comme l'embauche de personnel pour les crèches et pour les écoles.

Une fois de plus, l'État se décharge de ses missions

Les édiles se font berner en assumant un choix permettant une nouvelle fois à l'État de se décharger de ses missions. Au Gouvernement, les belles annonces et aux villes d'assumer la facture et les conséquences néfastes et insoupçonnées de décisions ministérielles prises à l'emporte-pièce.

Les Français dans leur globalité attendent surtout des effectifs de police nationale suffisants notamment dans les commissariats, ce qui est loin d'être le cas dans nombre de communes françaises. L'insuffisance généralisée des effectifs de police nationale ne permet pas une lutte efficace contre la délinquance quotidienne et d'assurer une tranquillité publique satisfaisante.

 Attention aux fausses bonnes idées

Après avoir payé à contre cœur la lourde addition de 600 millions d'euros de la réforme des rythmes scolaires critiquée par 75% des Français, les maires vont-ils signer avec le sourire des chèques aux armuriers au moment même où la baisse de 30% des dotations de l'État aux collectivités locales d'ici 2017 va entrainer un recul des services essentiels à la population et une chute des investissements publics ? Pour quelle raison les villes devraient assumer la charge financière de polices municipales toujours plus nombreuses et équipées d'armes dont l'utilisation restera toujours exceptionnelle ?

Attention aux fausses bonnes idées ! Ne jouons pas à la roulette russe avec l'armement de la police municipale !

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Commentaires 6
à écrit le 11/04/2015 à 20:09
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En tant que simple citoyen, je demande à pouvoir m'armer comme bon me semble, comme aux USA.

à écrit le 11/04/2015 à 9:56
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Effectivement, un élu complètement à côté de la plaque... Si les Polices Municipales se trouvent en première ligne dans de nombreux quartiers, c'est que des Députés ont votés pour celà. Du temps de monsieur Sarkozy, de nombreux commissariats de quar...

le 16/04/2015 à 18:20
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vous avez parfaitement résumé la situation......

à écrit le 10/04/2015 à 18:29
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vius êtes en total contradiction dans vos propos ... Faire de l îlotage faire de la proximité c est se retrouver en première ligne face à la délinquance c est se retrouver un jour à devoir gérer un accident qui vient de se passer sous vos car il y a...

à écrit le 10/04/2015 à 16:19
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pour en faire des milices municipales !! l'exemple des états unis devrait être médité....

le 10/04/2015 à 17:22
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Des milices municipales????vous connaissez cette profession de dire cela??? on demande juste à protéger nos concitoyens et à se protéger! nos missions qui nous sont dévolues présentent parfois des risques.....nous intervenons sur les rixes, tapages,c...

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