Le ras-le-bol fiscal des Français : 25 ans de prélèvements obligatoires

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le ras-le-bol fiscal des français : 25 ans de prélèvements obligatoires

 De 1992 à 1999, le taux des prélèvements obligatoires ne cesse d'augmenter : il passe, en 7 ans, d'à peine plus de 40% du PIB à près de 43,5%. 3,5 points, ou presque, de plus en un temps si court, c'est rarissime.

Un premier tour de vis pour respecter les critères de déficit de Maastricht

Et pour cause. A la suite du référendum du 20 septembre 1992, la France a ratifié le traité de Maastricht et s'engage à respecter les critères de convergence pour entrer dans l'euro, notamment les cibles maximales de 3% de déficit et de 60% de dette en part de PIB. Or, si la France respecte aisément l'objectif en termes de dette avec seulement 40% fin 1992, le déficit plonge à 4,6% du PIB et menace la qualification du pays. Tous les efforts convergent alors vers cet objectif : le taux de TVA est relevé de deux points en 1995, la CSG est majorée tandis que la CRDS (Contribution pour le remboursement de la dette sociale) est créée.

Les ménages sont en première ligne et le taux des prélèvements obligatoires s'envole et atteint un sommet en 2009, à près de 44%. Il est aussi paradoxalement poussé par la reprise qui se dessine à partir de 1997 : les bases fiscales (le revenu des ménages, la consommation ou les bénéfices des sociétés) évoluent en effet plus rapidement que le PIB, ce qui est habituel en phase d'accélération. Cela donne aussi le faux sentiment d'une aisance financière : c'est la fameuse cagnotte fiscale de 1999.

Cagnotte fiscale, puis récession et plan de relance allègent la note

Pressé par l'opinion et l'opposition, le gouvernement Jospin décide alors pêle-mêle d'une baisse de 1 point du taux de TVA, de la suppression de la vignette automobile, de la réduction de l'impôt sur le revenu, et de la suppression de la contribution additionnelle de 10% à l'impôt sur les sociétés. Et comme la conjoncture se retourne, le taux des prélèvements obligatoires redescend à moins de 42% en 2003.

Sa remontée jusqu'en 2006 est encore une histoire de conjoncture : la poussée de la consommation alimente les entrées de TVA, celle des salaires donne de l'élan à l'impôt sur les revenus et la flambée de l'immobilier alimente l'ISF. A cela s'ajoutent des facteurs plus techniques liés à la réforme de l'assurance maladie qui aboutissent à un alourdissement de la fiscalité. Le taux remonte à 43,6%.

La mécanique s'inverse à nouveau en 2007 et l'histoire s'accélère en 2009 avec une chute de près de 1 point. Un recul historique qui s'explique par la violence de la récession qui fait fondre l'assiette fiscale, ainsi que par les allègements fiscaux décidés dans le cadre du plan de relance.

La crise de la dette affole les compteurs à partir de 2010

La crise de la dette souveraine ouvre à partir de 2010 une nouvelle période. L'Etat est contraint à des tours de vis fiscaux sans précédent. Le compteur s'affole : le taux revient en 2012 à son niveau de 1999, il le dépasse en 2013 et établit là son record historique à près de 45%. Entreprises et ménages sont sollicités de façon relativement équilibrée sur cette période et contribuent à l'évolution générale au prorata de leurs poids dans les prélèvements obligatoires : 65% pour les ménages, 35% pour les entreprises.

Le pacte de stabilité fait redescendre la pression, mais pas pour les ménages

A partir de 2014, la pression baisse, un peu, mais pas pour tout le monde : les entreprises bénéficient du CICE alors que la barque continue de s'alourdir pour les ménages. La tendance se renforce en 2015 avec la montée en charge du CICE et les premières mesures du « pacte de stabilité ». 
Le seuil de tolérance des Français face à l'impôt est franchi et ce n'est pas la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu qui va compenser la hausse des autres mesures fiscales. Le constat est là : les prélèvements obligatoires sont en France très nettement supérieurs aux autres économies comparables et ce sont les ménages sur lesquels s'est concentré l'effort : 3 points de plus depuis 2000. C'est bien là l'origine du ras de bol fiscal des Français.

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Commentaires 13
à écrit le 21/11/2017 à 13:15
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Comment expliquer que dans mon village de 180 habitants sans aucun commerce sans aucun service publique avec une mairie ouverte 2 demi journées par semaine JE PAYE PLUS D'IMPOTS FONCIER que dans la commune de 15000 habitants qui a tout ?????

à écrit le 03/04/2017 à 22:05
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Très bien résumé mais aussi très consternant pour les particuliers français salariés ou retraités Et vous oubliez pour les retraités la suppression de la demi part à vie par Sarkozy et la fiscalisation des avantages sociaux pour tous ceux ayant éle...

le 04/04/2017 à 15:16
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c'est vrai que le Portugal a été/est bien géré, lui (comme les autres PIIGS, comme les Anglos, comme les BRICS, comme la Germanie, etc...). :-) mais bon. on va dire qu'à travers toi, la France donne un coup de pouce à un de ses partenaires en diffi...

à écrit le 03/04/2017 à 15:12
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A des prélèvements excessifs s'ajoutent un système de terreur fiscale de type stalinien. Chaque compte en banque est surveillée, chaque dépense oscultée. Pour faire passer la pillule, la propagande martèle qu'il s'agit de lutter contre le blanchiment...

à écrit le 03/04/2017 à 8:57
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Suite. Et je rajoute, pour qui serait intéressé par mon commentaire, qu'il faut rétablir l'équité par une allocation universelle. Vous avez tous les éléments de la réussite. Mais qui le comprendra?

le 03/04/2017 à 10:51
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Exactement,et je propose de financer cette allocation par une taxe sur l'énergie .Qu'en pensez vous?

le 03/04/2017 à 13:36
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@gérard. L'allocation universelle serait récupérée par le choix des tranches d'imposition de l'impot sur le revenu. Mais pour mieux la faire accepter, on peut la financer par la fiscalité énergétique. C'était une opinion émise au Grenelle de l'enviro...

le 03/04/2017 à 16:15
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La fiscalité énergétique ne peut résoudre le problème à lui seul, car un riche consomme à peine plus d'énergie qu'un pauvre. La CSG est une bonne solution à la condition qu'elle n'offre pas de niches fiscales à des privilégiés...

le 04/04/2017 à 8:53
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@Dingo. Effectivement, c'est pour cela que je propose de répartir les charges sociales sur la production (les cotisations sociales) et sur la consommation d'énergie, jusqu'à un point d'équilibre correspondant à un optimum économique qui dépend de cha...

à écrit le 03/04/2017 à 8:55
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il faut payer pour ce que l'on reçoit. comme mentionné sur l'article Latribune.fr de ce jour sur la "schizophrénie française", la France dépense beaucoup moins par tête pour la santé que la Suisse. et elle surclasse notre voisin (et tous les autres ...

le 03/04/2017 à 11:08
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"Il faut payer pour ce que l'on reçoit"; d'accord, mais les étrangers ne veulent pas payer parce qu'ils ne reçoivent rien. Il faut faire payer les consommateurs. C'est le cas du financement des charges sociales, chomage et retraites qu'il faut assure...

à écrit le 03/04/2017 à 7:59
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Il faut faire la différence entre les prélèvements sur la production et ceux effectués sur la consommation. Cela est expliqué dans l'étude sur la fiscalité de Coe-Rexecode. Il faut ensuite faire la différence entre les prélèvements sur l'ensemble des...

à écrit le 03/04/2017 à 7:58
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Les fonctionnaires ont remplacés l'aristocratie chassée par la révolution Française. L'administration a remis en place les "privilèges" que 1789 devait avoir aboli... Et cela nous coûte de plus en plus cher, non seulement par leur manque d'efficacité...

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