Les chefs d'entreprises, des super-héros ?

La baisse des défaillances d'entreprises au troisième trimestre montre bien la ténacité avec laquelle les chefs d'entreprises français s'accrochent. Dans l'indifférence générale... Par Daniel Thébault, Président de la Garantie Sociale des Chefs d'entreprises (CSC).

Une bonne nouvelle fait sans doute une meilleure introduction pour traiter d'un sujet délicat. Alors qu'une étude du cabinet Altares publiée récemment indique que le nombre de défaillances d'entreprises en France a reculé de 4,8 % au troisième trimestre par rapport à la même période 2014, que savons-nous des patrons qui, derrière le chiffre, ont été contraints de conduire leur entreprise au cimetière de l'aventure entrepreneuriale ?

Derrière une formulation optimiste d'Altares, "l'été vient confirmer que le recul de la sinistralité des entreprises est bien enclenché",  je souhaite rappeler que la période de mutation économique que nous connaissons depuis 2008 aura été la plus trouble que la France et le monde occidental aient connu depuis l'effondrement de 1929 ; en moyenne, 65 000 entreprises ont été forcées de mettre la clef sous la porte depuis la crise des subprimes de 2008 ; passées pour la plupart par la procédure de sauvegarde et liquidées en grande majorité.


Les chefs d'entreprise doivent se protéger

Les chaines de télévision se font régulièrement l'écho du désespoir et la colère des salariés qui perdent leur emploi ; elles ont peu l'occasion de suivre un dirigeant accompagnant son entreprise sur le parcours sinueux de la fin de vie. Il ne s'agit pas de savoir des deux maux lequel est le pire mais plutôt de rappeler que les dirigeants peuvent, au même titre que les salariés, se protéger contre les aléas de la vie professionnelle. En tant que président de la GSC, je souhaite à travers cette bonne nouvelle de la baisse des défaillances, rendre ma supplique plus audible.

Selon des chiffres cités par l'Institut de veille sanitaire (InVS) lors d'un récent colloque, 480 000 salariés seraient concernés par la "souffrance psychique au travail". Mais ce même institut interpelle sur le fait que la médecine du travail n'a pas mission, ni personne d'autre d'ailleurs, de comptabiliser ces mêmes données  en ce qui concerne les travailleurs non-salariés (TNS), c'est-à-dire en grande partie des dirigeants d'entreprises. Gérard Sebaoun, député (PS) président du groupe d'étude "Pénibilité du travail, santé au travail et maladies professionnelles" rappelle que le taux de suicide parmi les TNS est "supérieur aux taux de suicide des autres

Des héros du travail

Les dirigeants et notamment les plus jeunes se pensent immunisés. « Il y a une idéologie du leadership qui interdit tout signe de faiblesse, à la fois dans le comportement et dans la parole du patron », expliquait Olivier Torrès, enseignant-chercheur spécialiste des PME à l'université de Montpellier et fondateur de l'observatoire Amarok, premier du genre à étudier la santé au travail des patrons. Il nous est insupportable à la GSC de voir qu'à la défaillance économique s'ajoute une détresse humaine et familiale, qui constitue de plus en plus un enjeu de santé publique.

Nous croyons que les dirigeants d'entreprise sont à leur manière des héros du travail et de l'initiative mais à l'inverse de Boris Vian qui s'exclamait «  quoi de plus seul qu'un héros », nous martelons réunion après réunion qu'il est de leur Responsabilité Sociale et Environnementale de s'armer, tel l'alpiniste, le motard, le parachutiste ou le plongeur, des moyens sécurisés et adaptés pour entreprendre. Personne n'est à l'abri des aléas de la vie et mieux vaut se munir d'un filet de secours. Il reste à convaincre les dirigeants d'entreprise qu'eux aussi doivent s'assurer afin de ne jamais priver le pays d'un entrepreneur, simplement parce qu'il aurait connu une situation d'échec économique dans son parcours.

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Commentaires 2
à écrit le 27/10/2015 à 9:00
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M.Thébault, tenez vous vraiment à vénérer les chefs d'entreprises en France? Alors c'est vous le héros!...

à écrit le 26/10/2015 à 12:42
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Une fois mort il ne compte plus on meurs qu une fois Vu le nombres de boîtes tombées depuis 5 ans

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