Maison connectée : vers un échec ?

Telle qu'elle se présente aujourd'hui, l'offre de "maison connectée" a peu de chances de rencontrer le succès. Comment éviter l'échec? Par Alexandre Chaverot, résident d'Avidsen et de Smart Home International.

Tel est, en tout cas, le scénario pessimiste du cabinet d'études Xerfi prédisant que, d'ici là, les objets connectés pour la maison ne dépasseront pas 5% de croissance par an. Ce marché, estimé à 150 millions d'euros en 2014 pour la vente directe d'appareils aux particuliers en magasin, ne devrait pas dépasser 180 millions d'euros à l'horizon 2017, selon ces experts. En cause, des équipements perçus par les consommateurs comme des gadgets, peu innovants, sans valeur économique, ni valeur émotive.

En tant qu'acteur historique de la maison connectée, anciennement appelée domotique, chez Avidsen nous considérons que ce qui fait principalement défaut aujourd'hui, à notre marché, c'est la simplicité de compréhension pour le consommateur.


Le dilemme du prisonnier

Désormais, de grands groupes industriels veulent à tout prix s'accaparer cette deuxième révolution d'internet. Géants de l'électronique, opérateurs de télécommunications, même les acteurs traditionnels ne proposent pas aux clients de solution universelle mais seulement un univers très complexe avec des écosystèmes concurrents, fermés et restreints. Ainsi, les objets connectés développés fonctionnent uniquement en circuits fermés, au sein d'écosystèmes hermétiques, par le biais de protocoles de communication propriétaires, pour verrouiller toute velléité d'ouverture et d'interopérabilité entre différents produits. A l'instar du modèle iOS d'Apple. Si vous voulez transférer sur un smartphone Androïd, vos musiques achetées sur iTunes, vous n'avez pas d'autre alternative que de « bidouiller ».

Et quand bien même certains, comme des fournisseurs d'accès à Internet (FAI), se targuent d'avoir choisi un protocole dit « ouvert » comme le Z-Wave ou le Zigbee, ils arrivent quand même à le transformer en protocole propriétaire en ne travaillant pas sur les mêmes couches. Ainsi, deux produits pourtant conçus pour fonctionner sur le même protocole, ne pourront pas communiquer ensemble. Aujourd'hui, sur ce marché de la maison connectée, nous vivons donc le dilemme du prisonnier. Les intérêts individuels s'opposent encore aux intérêts collectifs. Ainsi, comment le consommateur peut-il s'y retrouver, être rassuré, séduit et convaincu ?

L'essor de la maison connectée dépendra, certes, des potentiels de réduction de la facture énergétique, en réalisant des économies de chauffage, mais avant tout de la simplification de l'usage de ces technologies. Le grand public ne veut pas avoir à « bidouiller » pour que ça fonctionne.


Plus d'expérience utilisateur et moins de culture d'ingénierie

Avec une foultitude de protocoles mais aussi d'alliances entre constructeurs, notre secteur continue de vivre dans une culture d'ingénierie au lieu de s'ouvrir à l'expérience utilisateur. Et cette expérience se doit d'être facilitée au maximum.

Par ailleurs, ce n'est pas parce que des géants américains veulent s'accaparer ce marché qu'il faut, en tant qu'entreprises françaises, baisser les bras. Au contraire, c'est le signe que la maison connectée renferme un véritable potentiel. J'ai l'enthousiasme chevillé au corps et je reste persuadé que la maison connectée sera une évidence pour nos enfants.

Voilà pourquoi, chez Avidsen, dorénavant, quand l'utilisateur ouvrira un pack Thomson, tous les accessoires pour la maison connectée seront déjà pré-installés en usine et prêts à l'emploi. Il n'y aura donc plus aucune manipulation informatique à effectuer, juste à placer les accessoires dans la maison où on le souhaite. De plus, des scénarii intelligents de base seront déjà pré-programmés, directement dans la box domotique. Car réaliser, soi-même, des scénarii prend du temps et peut se révéler trop complexe.

Pour la suite, nous travaillons également sur des couches software d'intelligence artificielle afin de simplifier davantage la maison connectée. L'intelligence artificielle permettra à la box domotique d'apprendre toute seule à partir des comportements et des habitudes de vie de la famille dans la maison, 24/24 et 7/7, afin d'être force de proposition directement auprès du consommateur qui validera ou non ces nouveaux scénarii d'automatisation ainsi suggérées de manière intuitive. Par exemple, si l'utilisateur souhaite optimiser son chauffage, la box domotique proposera les options les plus pertinentes et efficientes selon la présence réellement constatée de chaque membre de la famille dans chacune des pièces de la maison en fonction des jours et des heures de la semaine et du week-end. Ainsi, la maison intelligente doit proposer et l'utilisateur, disposer.


Une offre plus innovante où la maison fait vraiment tout, toute seule

En attendant, que nous promettent les concepts de maison connectée que l'on voit aujourd'hui en publicité à la TV ?
Une mère de famille, encore au bureau le soir, qui éteint la lampe de chevet de son enfant ou la TV de son mari. Représenter ainsi la maison intelligente aux yeux des consommateurs n'a aucun intérêt. Pourquoi iront-ils dépenser jusqu'à 49 euros dans un objet qui leur permet tout juste d'éteindre ou allumer la lumière ou un appareil électrique à distance ? Cette représentation de la maison connectée ne fait plus rêver les gens. Ce sont des solutions trop basiques et pas assez innovantes.

En revanche, si nous sommes capables de faire une offre plus innovante où la maison fait vraiment tout, toute seule, dans une optique d'économies d'énergie, de sécurité et de gain de temps et de confort, les consommateurs seront davantage séduits et convaincus par la maison connectée.

Élargir le champ des possibles


Tant que les industriels n'auront pas compris qu'il faut que l'expérience utilisateur soit simplifiée et que le champ des possibles soit plus large, les objets connectés pour la maison ne pourront pas décoller.
 Certes, le marché évolue beaucoup plus lentement que prévu. Mais, en tant qu'acteurs qui défendons chacun notre pré carré, nous ne faisons rien, non plus, pour faciliter son éclosion. Ainsi, à nous de rendre la maison connectée enfin lisible et compréhensible par tous.

N'oublions pas que le client est déjà en train de décider. Puisqu'il n'achète pas, il nous apporte la preuve que ce que font les industriels n'est pas bon. Alors même que la maison intelligente est inéluctable. C'est le sens de l'histoire. La maison de nos propres enfants sera complètement automatisée et truffée d'objets connectés. Cela prendra juste un peu plus de temps que ce que les études voulaient nous faire croire jusqu'à présent. A nous, donc, de nous améliorer.
A nous, désormais, d'être plus proche du consommateur et moins de notre compte d'exploitation, à court terme.



Alexandre Chaverot,
Président d'Avidsen et de Smart Home International.

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