Microsoft-LinkedIn (1/3) : vers un nouvel outil « LinkeSoft » ?

Ces deux organisations sont parfaitement complémentaires. Mises en commun, on pourrait assister à la création d’un écosystème de travail collaboratif potentiellement très performant. Par Matthieu Deboeuf-Rouchon, Pôle Universitaire Léonard de Vinci

C'est dans un silence sans précédent pour le monde du digital que l'opération s'est déroulée. Au matin du 13 juin 2016, Microsoft annonce l'acquisition de LinkedIn pour un montant de 26 milliards de dollars payés cash, annonce effectuée par voie de presse uniquement comme si cet évènement était déjà inscrit dans l'ordre des choses.

Une question demeure : pourquoi ?

Dans la forme comme dans le fond, ces deux entités sont parfaitement complémentaires. Mises en commun, nous allons assister à la création d'un écosystème de travail collaboratif qui s'annonce des plus performants. Nombreux sont les commentateurs du sujet ayant souligné cette complémentarité, allant même jusqu'à présenter ce rachat comme un manque désormais comblé dans l'offre de Microsoft.

Cette opération, la plus importante depuis l'accession de Satya Nadella à la tête de Microsoft, aura sans nul doute un impact majeur sur un marché aujourd'hui trusté par quelques acteurs. L'ajout du « M » de Microsoft à l'acronyme GAFA serait-il envisageable à terme ? Pourquoi pas ? Voyons pourquoi !

LinkedIn est mort, vive LinkedIn !

Soyons objectif, LinkedIn, dans son ADN tel que nous le connaissons va nécessairement muter. Comment et à quel rythme reste une question sans réponse, mais déjà les pronostics sont en cours. Une des pistes de réflexion parfaitement plausible et envisageable consiste à entrevoir le devenir de LinkedIn comme un hub social de connexion à l'ensemble des services de Microsoft déjà existant et, par la même occasion, à permettre le développement d'un écosystème de travail collaboratif et socialisé.

À l'image des services de travail collaboratif développés par Google ou plus récemment du développement de Facebook@Work, Microsoft se positionne clairement sur une cible orientée professionnelle. Ce « nouveau » LinkedIn, assimilable à un centre de répartition générant de la transversalité opérationnelle à l'ensemble des outils de la galaxie Microsoft, permet de créer, pour la modique somme de 26 milliards de dollars, le hub de connexion qui manquait jusqu'alors à l'ensemble de ses outils.

Yammer aux oubliettes ?

Microsoft avait déjà initié cette volonté de créer un outil de travail social et collaboratif par l'achat, il y a deux ans à peine, de Yammer, pour un peu plus d'un milliard de dollars.

L'achat de LinkedIn signe-t-il une disparition certaine de Yammer, ce réseau social d'entreprises déjà mort-né lors de son rachat ? Bien que l'ensemble des fonctionnalités présentes sur ce RSE (réseau social d'entreprise) soit d'une qualité irréprochable, c'est peut-être l'adhésion, l'engagement, la capacité de l'utilisateur à projeter son utilisation personnelle et quotidienne dans les sphères professionnelles qui lui ont manqué.

LinkedIn c'est en effet plus de 400 millions d'utilisateurs déjà acquis à la cause et totalement formés aux codes de ce réseau social accessible depuis leurs mobiles presque depuis sa création.

Faire survivre Office ?

Incontestablement, la capacité de se passer de la suite Office est de plus en plus aisée. La pénétration dans les entreprises, par exemple des outils Google, tire la sonnette d'alarme et la nécessité de trouver de nouveaux modes de développement plus en phase avec les attentes des utilisateurs. Disposer d'outils de travail de la suite Office via LinkedIn, qui serait organisée sous forme d'un gestionnaire de projets collaboratifs, offrirait la possibilité de créer des équipes, de partager et stocker des documents propres à un projet et échanger directement en réunion dématérialisée via Skype.

Ce sont autant de possibilités qui s'offriraient à nous si ces prédictions s'avéraient exactes. Dans ce cas, l'ensemble des outils Microsoft, majoritairement implantés dans les entreprises, trouverait un nouveau levier de développement et permettrait à Microsoft d'offrir un service alternatif et crédible à l'ensemble des outils actuellement en déploiement comme Facebook@Work.

Un acteur « arbitre » ?

LinkedIn a profondément changé les usages et la manière dont les professionnels interagissent entre eux avec notamment cette capacité d'attester des compétences d'autrui, de consulter un profil LinkedIn en lieu et place d'un CV et peut-être même à terme de valider des compétences au travers de ce réseau social par l'intermédiaire d'une formation que vous auriez pu suivre sous Lynda.com (marque LinkedIn). Dès lors, vous pourriez notamment boucler la chaîne de valeur en vous formant aux différents outils Microsoft via Lynda.com, passer une certification via ce même site, attester de cette compétence reconnue par Lynda.com sur LinkedIn...

Un nouvel écosystème fermé « LinkeSoft » ne serait-il pas en train de voir le jour ? Restons positifs et acceptons ces nouveaux usages qui découleront de la fusion des services et outils entre LinkedIn et Microsoft. En tout état de cause, le renversement des pouvoirs que génère le digital laissera le choix final à l'utilisateur. Le succès sera-t-il au rendez-vous ? Réponse dans quelques mois !

The Conversation_____

 Par Matthieu Deboeuf-Rouchon, Web & Ebusiness Department Director, Pôle Universitaire Léonard de Vinci

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation

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