Le nombre de femmes dans les Comités exécutifs et à tous les niveaux managériaux stagne depuis plusieurs années. À titre d'exemple, dans les 100 plus grandes sociétés européennes, les comités exécutifs sont composés à 89% d'hommes (83%aux États-Unis) (*). Un constat inquiétant tant les « mesures mixité » mises en place au sein des entreprises françaises sont nombreuses.
Des processus inadaptés à l'inclusion des femmes (recrutement, âge de sélection des hauts potentiels, etc.), ainsi que des résistances au changement chez les hommes, et chez les femmes elles-mêmes, expliquent pour partie cette stagnation. Mais il faut aussi se pencher sur les détails de la mise en œuvre réelle de ces « mesures mixité », qui quand ils ne sont pas suffisamment définis peuvent mener à des erreurs d'application puis à des effets contre-productifs.
Mesures vs "mesurettes"
Face à un tel état de fait, l'Observatoire de la Mixité s'est mobilisé. Depuis 18 mois, nos travaux d'observation nous ont conduits à identifier 3 grands points de blocage :
- d'abord, un trop grand nombre de solutions destinées à faire progresser la mixité face auxquelles le(a) décideur(e) a du mal à distinguer les mesures efficaces des « mesurettes »;
- l'absence d'une boîte à outils efficace permettant de mettre en place les bonnes pratique;
- et enfin, le manque d'un plan d'action simple, lisible pour les collaborateurs et comptant un nombre de mesures limitées.
Nos travaux nous ont ensuite menés à sélectionner, parmi 40 « mesures mixité », celles qui font réellement une différence.
L'Observatoire de la Mixité propose donc 6 mesures qu'il encourage à mettre en œuvre de manière concomitante :
1 - Présenter un engagement fort des dirigeant·e·s ;
2 - Opérer un changement de culture durable de l'entreprise, vers une culture de l'inclusion, par une sensibilisation de tous et toutes les employé·e·s aux questions de Mixité ;
3 - Prendre en compte la différence entre les cycles de carrières féminins et masculins dans les process RH et opérationnels ;
4 - Fixer à chaque dirigeant et manager des objectifs individuels de Mixité, précis et ambitieux ;
5 - Partager en interne et à l'externe le tableau de bord des indicateurs Mixité, dans 3 grands domaines : les viviers de talents, les COMEX/CODIR, la mobilité et l'évolution ;
6 - Généraliser l'usage d'un langage inclusif, dans les entreprises, les médias et le grand public.
Chacune de ces mesures s'accompagne de modalités de mise en œuvre détaillées et concrètes. A titre d'exemples, on peut citer les détails suivants pour la mesure consistant à prendre en compte la différence entre les cycles de carrières féminins et masculins : la prise en compte des grossesses dans les cycles de carrière, qui doit conduire les entreprises à élargir la fourchette d'âge auquel on peut être désigné comme haut-potentiel ; l'adaptation des horaires de travail et de réunions ; l'adaptation des fiches de postes pour les positions les plus élevées, les fiches de postes devant par ailleurs intégrer des critères « atteignables » pour les femmes.
La finalité de l'Observatoire de la Mixité est de diffuser ces 6 mesures le plus largement possible en France et à l'international. Il souhaite également les partager et les enrichir avec les entreprises de toutes tailles ainsi qu'avec les organismes syndicaux ou patronaux afin de recueillir les retours d'expérience.
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SIGNATAIRES :
Michel Landel (DG de Sodexo), Marie-Christine Mahéas, Caroline de La Marnierre, Viviane de Beaufort, Ingrid Bianchi, Arnaud de Bresson, Agnès Bricard, Armelle Carminati, Clara Gaymard, Brigitte Grésy, Daniel Lebègue, Cristina Lunghi, Marie-Hélène Marot de Priester, Laurent Saint-Martin, Agnès Touraine, Olga Trostiansky, Hélène Valade, Sophie Vernay.
Et les sociétés : SUEZ (Nicole Houel, Frédérique Raoult), Sanofi (Alexandra Rocca), ENGIE (Elisabeth Richard), Carrefour (Mathilde Tabary), Crédit Mutuel Arkea (Audrey Trotereau)
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NOTES
(*) Global Gender Balance Scorecard (ou "Tableau de bord mondial de la mixité"), par 20-First.
(**) L'Observatoire de la mixité est un think tank créé et piloté par l'Institut du Capitalisme Responsable* (ICR), parrainé par Michel Landel, directeur général de Sodexo, et coordonné par Marie-Christine Mahéas. L'Observatoire de la mixité est composé d'émetteurs (Crédit Mutuel Arkea, Carrefour, Engie, Sanofi, Sodexo et Suez) et d'expert.e.s de la mixité.
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