N'enterrez pas le nucléaire !

Les énergies renouvelables, qui présentent de nombreux défauts, ne peuvent être le seul vecteur de la transition énergétique. Le nucléaire, que l'on enterre toujours très vite, est destiné à renaître une nouvelle fois. Par Bruno Alomar, maître de conférences à Sciences Po, ancien membre du cabinet du Commissaire européen à l'énergie

Les grandes puissances sont peu soucieuses du climat. Voilà une affirmation souvent entendue et qu'il faut ranger avec les nombreux poncifs sur les questions liées au changement climatique. En réalité, lorsqu'on établit une corrélation entre le niveau de développement technologique d'un pays et sa principale préoccupation dans le domaine énergétique, le lien entre technologie et lutte contre le changement climatique apparaît évident. Il est même confirmé par un certain nombre d'évolutions en matière de politique internationale puisque le revirement de la Chine lors des dernières conférences de la CCNUCC vers une acceptation de limitation de ses émissions ne pourrait se comprendre sans voir qu'en même temps Pékin est le premier constructeur mondial d'éoliennes et de panneaux solaires.

Une des clés de la lutte contre le changement climatique

Dans ce contexte, une technologie, à la fois ancienne et en perpétuelle évolution, s'impose comme une des clés de la lutte contre le changement climatique : le nucléaire. Avec des émissions de CO2 aussi faibles que celles du solaire photovoltaïque - de l'ordre de 20 kg par MWh ; à comparer avec les 1000 kg au MWh du charbon -, une absence d'émission des autres gaz à effet de serre et la possibilité d'installer des centrales de forte puissance, le nucléaire est une des clés de notre avenir. Comment en effet combiner le besoin de développement de nombreux pays, principalement émergents, en demande permanente de consommation électrique, et la préservation de l'environnement ? Combiner l'accès à l'énergie et la lutte contre le changement climatique impose de voir les réalités telles qu'elles sont. Le développement harmonieux de la Chine, de l'Inde, du Brésil, de la Turquie ou du Mexique ne passe pas uniquement par l'installation de panneaux solaires ou d'éoliennes. La Terre ne dispose pas de suffisamment de ressources pour les produire et aucun réseau électrique au monde ne pourrait supporter un tel ouvrage. Au contraire, un réacteur nucléaire de dernière génération dispose d'une puissance installée équivalente à plus d'un millier d'éoliennes de moyenne à forte puissance.

Les nombreux défauts des énergies renouvelables

Les énergies renouvelables qui sont également une des clés de cette équation souffrent pour le moment de nombreux défauts à commencer par la faiblesse des installations, l'intermittence de production selon les conditions climatiques et, même, la question de la pollution induite par la production des matériels. En effet une éolienne ou un panneau solaire ne sont pas des objets anodins. Ils nécessitent des éléments issus des terres rares, extrêmement polluants à produire et, pour le moment, pratiquement non-recyclables. Le nucléaire de son côté, s'il nécessite également des matériaux stratégiques, les emploie dans des quantités bien plus faibles eu égard à la capacité de production électrique d'un seul réacteur.

Souveraineté technologique

En outre, le nucléaire est également une affaire de souveraineté technologique. La capacité de la France en ce domaine, qui ne peut être comparée qu'à celle de la Russie, fait de notre pays un champion des industries énergétiques. EDF et Rosatom sont ainsi parmi les premiers électriciens mondiaux. La volonté de maîtriser la chaine de valeur du nucléaire de bout en bout, malgré une absence de ressources sur le territoire, a permis à la France de se développer technologiquement ainsi que de pallier le manque d'hydrocarbures. Cette position unique en Europe - les Britanniques qui avaient fait un choix similaire l'ont finalement abandonné au profit des ressources gazières de Mer du Nord, lesquelles sont en train de s'épuiser - met la France à l'abri d'une trop grande dépendance à un fournisseur unique de gaz et permet à la diplomatie française de garder une liberté de parole.

4e génération

L'avance de la France, dans les réacteurs actuels mais aussi dans les travaux sur la 4e génération où, là aussi, notre pays est en pointe, dans les réacteurs au sodium notamment, doit impérativement être conservée. En effet, le nucléaire, déjouant les pronostics post-Fukushima grâce aux réacteurs de nouvelle génération, dont la Russie est pour le moment un leader incontestable avec la mise en service du premier réacteur au monde de génération III+ le VVER-1200, continue de s'imposer comme la solution bas-carbone de forte puissance privilégiée par de nombreux pays pour leur développement, tout en respectant les normes et les standards de sécurité post-Fukushima les plus élevés.

 La Chine, l'Inde, le Brésil, le Vietnam, la Jordanie, la Turquie, l'Afrique du Sud, les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, l'Iran, qui doivent répondre à une demande croissante d'électricité, lancent ou relancent des programmes nucléaires nationaux. Dans ce contexte, de nouvelles puissances, décelant des opportunités, tentent également de s'imposer sur le marché. C'est le cas de la Corée du Sud et de la Chine. Ces pays asiatiques, dynamiques et innovants, ont compris le potentiel économique et politique qu'il y avait à disposer d'un savoir-faire qui n'est pour l'instant l'apanage que d'une poignée du pays.

Une renaissance du nucléaire

Le nucléaire, que l'on enterre toujours très vite, est donc destiné à renaître une nouvelle fois. De développement long et parfois difficile, il est une solution du présent et de l'avenir. Sans parier sur ITER qui est un projet d'horizon lointain, les réacteurs de génération III+, mais aussi de 4e génération sont une des clés du délicat équilibre entre développement et préservation. La COP21, pleine de promesses mais qui ne sont pour l'instant qu'au stade du papier, ne peut porter ses fruits qu'avec un dynamisme du secteur nucléaire. Alors que la Banque mondiale s'obstine à refuser de financer des centrales nucléaires et que les décideurs politiques s'arcboutent sur la question des énergies renouvelables - une des clés pour une porte aux multiples serrures - le nucléaire demeure dans l'ombre alors qu'il est lui aussi une des grandes données de l'équation.

Bruno Alomar, maître de conférences à Sciences Po, est ancien membre du cabinet du Commissaire européen à l'énergie

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Commentaires 5
à écrit le 06/10/2016 à 17:03
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Il est plus que regrettable de confier ce type d'articles sur un sujet spécialisé à quelqu'un dont ce n'est ni la formation ni la fonction et qui manque donc en plus d'expérience, on aboutit à de grossières erreurs et clichés et çà ressemble au publi...

à écrit le 05/10/2016 à 22:13
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L'auteur de cet article ne connais manifestement ps grand chose aux couts du nucleaire. Si le nucleaire a encore un avenir ce n'est surement pas a travers les epr et la filiere plutonium déguisée sous le vocable "centrales de 4eme generation": bcp t...

à écrit le 05/10/2016 à 15:21
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La plupart des gens ont un faible bagage scientifique malheureusement, c'est en l'étudiant d'avantage qu'on trouvera des solutions, tout l'inverse des ignorants ne cherchant qu'à détruire un domaine d'étude.

à écrit le 04/10/2016 à 17:47
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Oui le nucléaire comme les energies renouvelables ont un avenir commun, en permanence les opposer tout celà pour definitivement sortir du nucléaire, N'A AUCUN SENS ! Il faut du nucléaire plus sur, plus propre, moins générateur de dechets HAVL ou d'ac...

à écrit le 04/10/2016 à 16:31
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Ben pas besoin puisque comme on le voit à Fukushima, il s'enterre tout seul.

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