OGM  : une chance pour l'environnement

Les OGM, plus précisément les PGM (Plantes génétiquement modifiées), rencontrent une opposition durable en France. Pourtant, ils présentent de nombreux avantages, notamment économiques, mais aussi environnementaux, en particulier pour lutter contre le réchauffement climatique. par Gérard Kafadaroff (*) ingénieur agronome, auteur de « OGM : la peur française de l'innovation », Editions Baudelaire.
Gérard Kafadaroff.

Depuis 1996, les OGM, plus précisément les PGM (Plantes génétiquement modifiées), connaissent un constant développement dans la plupart des grands pays agricoles. En 19 ans, les surfaces cumulées de PGM ont atteint 1,7 milliard d'hectares, chiffre supérieur aux surfaces agricoles cultivées dans le monde. En 2014, 18 millions d'agriculteurs ont utilisé des semences GM, soit 36 fois le nombre d'agriculteurs français !

Un choix politique

Aucun problème environnemental ou sanitaire n'a été scientifiquement démontré ou imputé à la transgénèse, technologie utilisée pour créer ces plantes. L'adoption rapide des PGM par les agriculteurs s'explique par les bénéfices économiques obtenus : réduction des coûts, amélioration des rendements et simplification du travail.
Cependant, la France persiste à refuser l'accès de ces semences aux agriculteurs.
Un choix politique justifié par des risques sanitaires et surtout environnementaux  réfutés par les experts scientifiques des instances officielles d'évaluation française, européenne et internationales.

Qu'en est-il réellement de l'impact des PGM sur l'environnement ? Une analyse sérieuse doit être effectuée au cas par cas.

Les PGM tolérantes aux herbicides concernent des variétés de soja, maïs, betterave, colza, cotonnier, tolérantes à des désherbants, essentiellement au Roundup® (matière active : glyphosate) mais aussi au glufosinate. Le Roundup®, connu pour ses performances herbicides, est un désherbant foliaire, systémique et non sélectif qui ne peut être appliqué sur une culture installée. Grâce au transfert d'un gène d'une bactérie du sol (Agrobacterium), ces PGM sont devenues tolérantes à cet herbicide, offrant ainsi aux agriculteurs une solution simple, efficace et peu onéreuse pour désherber leurs cultures.
Ces PGM permettent, à la fois, la réduction du nombre de traitements herbicides et des quantités d'ingrédients chimiques épandus ainsi que le choix d'un herbicide caractérisé par sa très faible persistance dans le sol et son bon profil toxicologique. Elles facilitent aussi l'utilisation des techniques d'implantation des cultures sans labour avec ou sans couvert végétal dans l'interculture.

"Conservation des sols"

Ces techniques dites de « conservation des sols », courantes en Amérique du nord et du sud mais très peu pratiquées en France, présentent des avantages économiques, agronomiques et environnementaux. Elles améliorent la fertilité des sols, réduisent l'érosion, la consommation de carburant et contribuent à la diminution des émissions de CO2 par le piégeage du carbone dans le sol. Elles ont un impact positif sur la biodiversité en stimulant la vie biologique des sols (vers de terre, carabes, collemboles...) et en offrant refuge et nourriture à la faune de surface, le sol ne restant jamais nu.

L'agroécologie, promue aujourd'hui en France, découvre ces pratiques agronomiques utilisées ailleurs depuis plus de vingt ans. Les PGM tolérantes aux herbicides présentes dans le monde sur 150 millions d'hectares en 2014, restent ignorées en France et en Europe : ni expérimentées, ni autorisées, ni utilisées ! Seule la Roumanie a cultivé avec succès du soja tolérant au Roundup® pendant 7 ans, assurant son autosuffisance en protéines végétales, avant de devoir y renoncer suite à son adhésion à l'Union européenne. Depuis, elle importe, sous forme de grains ou de tourteaux, ce même soja GM !

Phénomène de chimiorésistance

Ces PGM sont stigmatisées pour provoquer, dans certaines situations, l'apparition de mauvaises herbes résistantes au Roundup®. Ce phénomène courant de chimiorésistance concerne tous les herbicides, fongicides, insecticides (et antibiotiques) dans le cas d'utilisation trop répétée. La technologie utilisée pour créer ces PGM n'est nullement en cause. Il s'agit là d'un problème de bonnes pratiques agricoles que les agriculteurs français ont la capacité de gérer de façon durable en s'appuyant sur les expériences étrangères.

Les PGM résistantes aux insectes concernent essentiellement le maïs et le cotonnier.
Elles utilisent la technologie Bt qui consiste à insérer dans une plante un des gènes d'une bactérie commune du sol (Bacillus thuringiensis = Bt) produisant naturellement des protéines insecticides très efficaces sur certains insectes  et inoffensives pour l'homme.
La seule PGM autorisée par l'Union européenne est le maïs Bt Mon 810 résistant à deux insectes nuisibles aériens (pyrale et sésamie) dont les chenilles peuvent causer d'importants dégâts. Elle a été interdite en France au moment du lancement du plan Ecophyto pour réduire la consommation de pesticides. Incohérence !
L'adoption de ces semences par les agriculteurs, lorsqu'ils en ont le choix, s'explique par une meilleure protection des rendements et une simplification du travail. Ces variétés Bt présentent d'indéniables atouts pour l'environnement : suppression d'un ou deux traitements insecticides, respect des insectes auxiliaires utiles (abeilles, coccinelles, syrphes, chrysopes...), réduction des émissions de CO2 (moins d'interventions mécaniques, temps de séchage du maïs réduit, le maïs Bt plus sain et plus résistant à la verse  pouvant sécher plus longtemps sur pied).

Faible teneur en mycotoxines

Un autre avantage du maïs Bt, sanitaire cette fois, est sa plus faible teneur en mycotoxines dont certaines sont connues pour leur caractère cancérigène. La même technologie Bt est utilisée sur maïs dans la lutte contre un insecte du sol redoutable, la chrysomèle, apparu en Europe il y a quelques années, que l'on tente de juguler par des traitements insecticides.
Le succès le plus marquant de cette technologie concerne le cotonnier, culture très consommatrice d'insecticides. L'adoption massive des semences GM, en particulier dans des pays comme l'Inde et la Chine, a permis aux petits paysans de réduire le nombre de traitements insecticides, d'améliorer leurs revenus, d'éviter les fréquentes intoxications, parfois mortelles, liées à l'inhalation d'insecticides lors des  interventions dans les champs.

Selon la société d'études PG Economics Ltd, les 19 premières années d'utilisation de PGM dans le monde ont permis la réduction de la consommation de «pesticides» de 500.000 tonnes de matières actives, soit 8 ans de consommation française ! Pour la seule année 2013, la réduction des émissions de CO2 (économies de carburant, d'insecticides, d'herbicides et surtout séquestration de carbone dans le sol) a été estimée à 28 millions de tonnes, soit la consommation annuelle de 12 millions de voitures, le tiers du parc automobile français ! Qui en a parlé ?

Réponse au réchauffement

La contribution des PGM en faveur de l'environnement ne s'arrête pas là :
- Les premiers maïs GM tolérants à la sécheresse, réponse au réchauffement annoncé de la planète, sont apparus aux Etats-Unis en 2012 et cultivés sur 275.000 hectares en 2014.
- La pomme de terre GM Amflora®destinée à la production d'amidon permettait de réduire les traitements chimiques, la consommation d'eau et d'énergie. Elle a été abandonnée sous la pression des écologistes et d'une règlementation dissuasive!
- En Chine, des eucalyptus et des peupliers GM à faible teneur en lignine rendent l'industrie papetière moins polluante et un maïs GM (maïs phytase) permet de réduire les pollutions des élevages de porc.
- A Hawai, un papayer GM résistant au virus « Ringspot » a sauvé cette culture après une attaque dévastatrice en 1992.

Les perspectives offertes par les biotechnologies végétales, en particulier par la transgénèse, sont prometteuses. La France craintive, repliée sur elle-même, qui se veut en pointe dans la protection de l'environnement, préfère promouvoir une agriculture bio sans grande perspective de développement ou une agroécologie dont le concept séduisant et fourre-tout reste à valider par la pratique agricole.

Désinformation massive

La France avait toute l'expertise scientifique pour rester parmi les pays agricoles leaders en amélioration génétique des plantes. Pendant deux décennies, la réalité concernant les PGM a été masquée par une désinformation massive et des comportements idéologiques.
La protection de l'écosystème agricole ne peut se faire durablement dans l'ignorance des progrès scientifiques et technologiques, notamment en génétique et en biotechnologies végétales.

(*) Gérard Kafadaroff est ingénieur agronome, fondateur de l'AFBV (Association française des biotechnologies végétales), auteur du livre « OGM : la peur française de l'innovation » préfacé par le Pr M.Tubiana , Editions Baudelaire

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 33
à écrit le 07/05/2015 à 13:31
Signaler
C'est un poi(s)son d'avril ? Juste un peu tardif.

à écrit le 24/04/2015 à 21:46
Signaler
Ce monsieur ne parle pas des vrais problèmes. Il ne fait que vendre sa soupe. À quoi sert un OGM ? À rien. Tout peut déjà être fait, et en mieux, de manière bien plus naturelle et plus efficace. L’innocuité n’a toujours pas été démontrée. Tan...

à écrit le 20/04/2015 à 11:30
Signaler
Excellent article qui énonce quelques vérités que l'on a peine à lire dans le paysage médiatique français. Pour des motifs idéologiques et démagogiques, la France (et une grande partie de l'Europe) se prive d'un réel progrès technique. Il est for...

à écrit le 16/04/2015 à 16:02
Signaler
"Aucun problème environnemental ou sanitaire n'a été scientifiquement démontré ou imputé à la transgénèse… » ; « …des risques sanitaires et surtout environnementaux réfutés par les experts scientifiques des instances officielles d'évaluation françai...

le 17/04/2015 à 10:09
Signaler
Revoilà le mythe des paysans qui se suicideraient du fait de la culture de PGM. J'aime beaucoup cette légende car elle implique que plus de 90% des paysans indiens sont suicidaires dans l'âme. En effet, au cours des années, selon cette légende anti-O...

le 17/04/2015 à 19:15
Signaler
vous n'êtes apparemment pas envahi de remords avec la somme de stupidité que vous deversez en quelques phrases ! Pourriez vous citer un seul cas scientifiquement démontré de drames humains et écologiques qu'auraient pu générer les OGM ? Alors qu'on...

le 20/04/2015 à 11:35
Signaler
Les suicides indiens ? Ils sont maintenant plus de 7 millions d'agriculteurs indiens à cultiver du cotonnier Bt sur 11 millions d'hectares (soit 95 % de la surface totale). Ils doivent savoir ce qu'ils font... certainement mieux que la militante pré...

à écrit le 16/04/2015 à 15:38
Signaler
Bonjour, Cet article dénote un lobbyisme de parti pris pour les OGM : - Plusieurs études sanitaires ont prouvé via des protocoles approuvés par la communauté scientifique mondial que certains OGM notamment de maïs avaient une incidence négative sur...

à écrit le 16/04/2015 à 15:05
Signaler
Gérard Kafadaroff, Ingénieur agronome, Secrétaire Général de l'Association Française des Biotechnologies Végétales, oublie de préciser qu'il est aussi ancien directeur chez MONSANTO. Tous les moyens sont bons pour le story telling : faux argument ...

le 17/04/2015 à 10:24
Signaler
Quand on ne peut attaquer les arguments on s'attaque aux personnes. Un classique chez les anti-OGM. Pourquoi ne pas dénoncer le "lobbying outrancier" des associations anti-OGM ?

à écrit le 16/04/2015 à 14:39
Signaler
Souvenir :La vérité émerge lentement: un rapport du Ministère (indien) de l’Intérieur sur les morts par suicide, indique que, jusqu’à 2003, environ 100 000 fermiers se sont suicidés en six ans en Inde. Ces dernières semaines, 1500 fermiers se sont su...

le 17/04/2015 à 18:53
Signaler
Cest plutot vous qui persistez dans l'erreur avec ce hoax récurrent sur les suicides indiens. Plusieurs publications scientifiques prouvent justement le contraire. Lisez les ! Par comparaison, il y a 21 x plus de suicides chez les agriculteurs fran...

à écrit le 16/04/2015 à 14:34
Signaler
Il a surtout une bonne tête de baby-boomer ayant bien profité de la vie et de produits sains grâce à de bon revenu financier qui lui ont permis d'acheter des produits sans OGM.Par contre ,il souhaite apparemment laisser de la mer..pour les suivantes ...

à écrit le 16/04/2015 à 13:29
Signaler
18 000 études prouvent que les plantes gm sont aussi peu dangereuses que leurs équivalents conventionnelles https://www.contrepoints.org/2013/10/08/141708-1-800-etudes-confirment-linnocuite-ogm c'est suffisant pour vous?

le 16/04/2015 à 14:46
Signaler
Le débat ne se réduit pas à la seule évaluation toxicologique, au demeurant. La pertinence de cette technique (OGM) doit être questionnée. Et en l'occurrence, elle n'est pas très performante sur le long terme par rapport à la sélection massale.

le 17/04/2015 à 18:47
Signaler
Qu'avez vous comme données qui pourraient donner un semblant de sérieux à votre affirmation idiote ? prouvant elle, à l'évidence que vous n'y connaissez rien de rien en matière d'amélioration varietale. La selection massale... il y a bien longtemps ...

le 17/04/2015 à 21:58
Signaler
La sélection massale ? Vraiment ?

à écrit le 16/04/2015 à 12:33
Signaler
Comme une impression de lire le Manuel du Glyphosate de Monsanto ...

le 18/04/2015 à 13:18
Signaler
mon impression est qu'il est sûr que vous n'avez jamais vu ce manuel, vous ne risquez donc pas de l'avoir lu !

le 18/04/2015 à 16:56
Signaler
Et qu'est ce qui vous fait penser que je ne l'ai jamais lu ?

à écrit le 16/04/2015 à 12:31
Signaler
Si certaines personnes souhaitent manger des OGM (ou même de la nourriture bourrée de pesticides), libres à eux de le faire, en revanche comment peut-on me garantir que je ne retrouverais pas d'OGM dans ma nourriture "biologique" ? Ces OGM pousseront...

le 18/04/2015 à 10:44
Signaler
différence de taille énorme. Autant il est établi que le tabac et sa fumée sont dangereux pour le fumeur et ses voisins, autant il n'est nullement démontré que quelque OGM qui ait pu être mis sur le marché présente des dangers quelconques tant sur le...

à écrit le 16/04/2015 à 12:26
Signaler
Cet article, et le cancer qui va avec, vous sont offerts par Monsanto !

à écrit le 16/04/2015 à 12:11
Signaler
Quand la grenouille qui voulait être grosse comme un boeuf a éclaté, on ne s'est pas demandé si sa maladie ne venait pas de son désir de toujours produire plus, de toujours gagner plus. On est, qu'on le veuille ou non, sur une petite boule bleue tour...

à écrit le 16/04/2015 à 10:48
Signaler
"Aucun problème environnemental ou sanitaire … " Quand on se refuse à chercher, on ne risque pas d'en trouver ! !

le 17/04/2015 à 10:49
Signaler
Ce que vous auriez pu noter c'est que les anti-OGM ont eu beau chercher des problèmes ils n'en ont pas trouvé (Comme je l'ai déjà mentionné dans un autre commentaire si tel était le cas la France n'aurait aucun soucis à appliquer la clause de sauvega...

le 17/04/2015 à 22:56
Signaler
Il semblerait donc que vous ayez cherché ... les resultats de vos recherches devraient être connus de manière urgente pour le bien de tous ! Au revoir jeans car je doute fort que vous soyez capable de trouver une seule référence !

à écrit le 16/04/2015 à 10:46
Signaler
La diversité et l’industrialisation ne feront jamais bon ménage!

à écrit le 16/04/2015 à 10:31
Signaler
Concernant l’exemple de la Roumanie, jamais l'abandon des OGM n'a conduit à l'importation de soja. Les OGM présentent des rendements inférieurs à ces des plantes conventionnelles, très performantes par ailleurs. C'est en France où l'on a un des meill...

le 17/04/2015 à 10:32
Signaler
Ce que j'aime avec les anti-OGM c'est qu'ils s'expriment avant même d'avoir cherché des infos sur le sujet. Pourtant il existe une étude très intéressante sur la production de soja en Roumanie: http://journals.usamvcluj.ro/index.php/zootehnie/articl...

le 17/04/2015 à 13:19
Signaler
Je ne sais peut-être pas lire, mais je sais compter. Le soja français, non OGM, affiche des rendements qui peuvent être supérieurs au soja transgénique roumain citée dans votre étude : http://grandes-cultures.reussir.fr/actualites/un-nouvel-elan-pou...

le 17/04/2015 à 13:37
Signaler
Et j'ajoute que l'étude que vous citez se garde bien de préciser les teneurs en protéines des variétés OGM : silence éloquent. Et bien étonnant de la part de personnes qui mettent précisément en avant les OGM pour réduire le déficit en protéines. Biz...

le 17/04/2015 à 15:16
Signaler
Il est assez cocasse de vous voir comparer les rendements du soja en Roumanie et en France pour conclure que le soja GM aurait un rendement inférieur au soja non-GM. J'espère que vous vous rendez compte que les conditions pédo-climatiques et le nivea...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.