Pas de flambée du pétrole, sauf si…

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui :pas de flambée du pétrole, sauf si…

Le prix du pétrole peut-il flamber à nouveau ? Après la surprise d'Alger où l'OPEP s'est décidée à réduire sa production et où la Russie à décider de se mettre au diapason du cartel, les cours du brut ont à nouveau franchi la barre des 50 dollars, en hausse de 14%. L'accord d'Alger a donc incontestablement secoué le baril et les prix sont à leur pic de l'année. Il ne faut pas pourtant aller trop vite et prolonger sur les prochaines semaines ou les prochains mois à l'identique la nouvelle tendance. Car c'est une évidence, il y a un « effet surprise » dans l'évolution actuelle de l'or noir car la majorité des analystes avait fait une croix sur la capacité des membres l'OPEP à s'entendre sur quoique que ce soit.

Une fois l'effet surprise passée que reste-t-il ?

L'accord, mais c'est simplement un accord de principe sur une baisse de la production qui serait ramenée entre 32,5 et 33 millions de barils jours contre 33,2 aujourd'hui. Mais le plus dur reste à faire : il faut maintenant déterminer, c'est prévue le 30 novembre prochain à Vienne, la contribution de chacun des pays membres à la baisse de la production.

Mais faisons un pari :

  • 1- Celui d'une issue positive ;
  • 2- Que les membres de l'OPEP ainsi que la Russie respectent leurs quotas.

C'est un pari audacieux, mais même réussi il ne change pas les fondamentaux d'un marché marqué par une offre excédentaire d'un peu plus d'un million de barils jour.

L'accord d'Alger prévoit une réduction de la production comprise entre 200.000 et 700.000 barils. Au mieux, l'action de l'OPEP épongerait donc 61% des excédents mondiaux. Et encore, c'est faire l'impasse sur la révolution des gaz et pétrole de schiste, et un marché passé entre les mains des américains : certes avec la chute des prix, l'offre américaine s'est contractée d'environ 1,1 million de baril, mais elle s'est stabilisée depuis plusieurs semaines maintenant. Surtout d'après les spécialistes, les producteurs de pétrole de schiste seraient parvenus à réduire de moitié leurs prix de revient ces 3 dernières années et dès que le baril dépassera durablement les 50 dollars le nombre d'installations de forage ira crescendo, empêchant aux cours de s'échapper. En outre, aucun sursaut de la consommation mondiale n'est anticipé. Bien entendu, les cours peuvent toujours monter un peu, mais au meilleur des cas, ils auront gonflé de 10 dollars environ depuis les accords d'Alger ce qui emmène le baril à 55 dollars, pas plus.

Le prix du pétrole n'est pas près de se hisser à 100 dollars le baril...

... Sauf si une fois de plus ce n'étaient pas les fondamentaux du marché mais le contexte géopolitique qui devait changer la donne comme en 1973 où d'août à décembre les prix sont passés de 3 à 11 dollars : près de 300% de hausse. Une flambée orchestrée par l'Opep sous l'égide de l'Arabie Saoudite, qui avait pris le prétexte la guerre du Kippour pour fermer les vannes du robinet pétrolier bien que les belligérants ne soient aucunement des producteurs de pétrole !

Le second choc pétrolier voit les prix multipliés par près de 3 entre janvier 1979 et la fin 81. Cette fois, le détonateur c'est l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny et l'institution d'une république islamique en Iran qui entre en conflit avec l'Irak.

Le 3e choc, plus étalé dans le temps, a comme point de départ en 2003 une nouvelle fois un conflit en Irak avec cette fois si en maitre d'œuvre les Etats-Unis. Les cours sont à leur acmé en juillet 2008 à 134 dollars, attention la spéculation est aussi par là.

C'est un fait pour comprendre la politique étrangère américaine, il faut d'abord suivre l'odeur du pétrole c'est vrai aussi pour la Russie qui multiplie depuis peu les provocations.

 >> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaire 1
à écrit le 18/10/2016 à 11:03
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Et une consommation mondiale qui baisse malgré pourtant la baisse des prix. Le pétrole se retrouve donc condamné à rester bas étant donné que la demande, du fait de notre crise économique, de la baisse du pouvoir d'achat des ménages et de la concurre...

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