Pourquoi il faut taxer les robots

Il faut faire face à une situation inédite, où les robots prennent de plus en plus le travail des hommes, jusqu'à fabriquer des hamburgers. Par Michel Santi, économiste

N'est-il pas naturel de réfléchir à la taxation des robots alors que le salarié, lui, s'acquitte de toute la palette des impôts en vigueur au sein de nos économies occidentales? Les progrès technologiques qui caractérisent notre société d'aujourd'hui sont sur le point de nous confronter à une situation inédite et critique où - presque du jour au lendemain - ces machines intelligentes remplaceront efficacement le travail de l'Homme. Dans un contexte où la robotisation en est d'ores et déjà à fabriquer des hamburgers dans certaines entreprises de la Silicon Valley hors de toute intervention humaine, la taxation des robots - de plus en plus nombreux à accomplir les tâches humaines - permettra de financer des emplois où l'empathie et où la présence humaines sont indispensables.

La taxation, instrument idéal

Comme il n'existera quasiment plus de manutentionnaires, de nettoyeurs ou de conducteurs dans une quinzaine d'années, il est crucial - pour la justice économique et pour la paix sociale - que ce tournant soit bien négocié et anticipé. L'inéluctable robotisation en marche qui sera le marqueur des prochaines décennies doit en effet être opportunément - et donc financièrement - exploitée afin que ce progrès profite l'ensemble de la société.

A ce titre, la taxation est l'instrument idéal qui autorisera de compenser de leurs pertes et d'indemniser les catégories de la population sinistrées par l'apparition de ces machines. Seules des mesures fiscales adaptées et des politiques publiques appropriées permettront à l'ensemble de notre société d'embrasser et d'accueillir favorablement ces avancées tout aussi révolutionnaires qu'inéluctables. L'État doit donc assumer son devoir de régulateur face à cet afflux de machines - et donc de main d'œuvre très bon marché - dans le but de protéger celles et ceux condamnés à perdre leur emploi, et il doit tout entreprendre afin que robotisation ne devienne pas synonyme de creusement supplémentaire des inégalités.

 Freiner la robotisation

La redistribution sera une problématique fondamentale qui incombera tout naturellement aux pouvoirs publics, qui devront également s'atteler à une taxation plus lourde des robots opérant dans certains secteurs d'activité. Le levier de l'impôt permettra en effet de freiner judicieusement - ou à tout le moins d'étaler dans le temps - cette robotisation qui mettra de plus en plus d'humains au chômage. La perception de ces taxes viendra financer des emplois d'une autre nature - comme les services à la personne - et autorisera un redéploiement et une reconversion autant quantitative que qualitative de ces salariés.

Le devoir de l'Etat est donc de préparer, au mieux des intérêts du citoyen, cette transition vers le règne de la machine-productrice, quitte à en retarder l'échéance à la faveur de l'arme de la taxation. Il ne devra surtout pas céder aux inévitables pressions exercées sur lui par les entreprises qui agiront en vue d'alléger - voire de supprimer- toute imposition ciblant leurs robots. C'est uniquement à ce prix là que le progrès technologique ne sera pas perçu comme une malédiction par le plus grand nombre.

*Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est conseiller en investissements sur le marché de l'art et Directeur Général d'Art Trading & Finance. Il est également l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience", "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique" et de "Misère et opulence".

Dernière parution chez « Lignes de repères » : « Plus de Capital au XXI è siècle », préfacé par Philippe Bilger.

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Commentaires 14
à écrit le 26/02/2017 à 10:27
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On se trompe de combat . Moi je çrois qu'il faut taxer les bobos et tout ceux qui nous en...avec leur désir infantile de faire disparaître ceux qu'ils ont l'habitude d'appeler les moisis

à écrit le 21/02/2017 à 9:30
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Après "Taxer les riches" vient "Taxer les robots" puis viendra "robotiser le tax-man". La croyance tant répandue "travailler pour gagner sa vie" devient obsolète. La grande majorité des hommes, excepté ceux qui ont le pouvoir d'investir et ceux qui d...

à écrit le 20/02/2017 à 20:29
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Bientôt avec l'arrivée massive de l'intelligence artificielle, Il est temps de réfléchir à la question. Combien de gens toucheront encore un salaire pour payer leur travail?

à écrit le 20/02/2017 à 17:18
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Parler de taxer les robots sans donner l'once du début du commencement d'une définition d'un robot, sans me prononcer sur le fond, cela me parait stérile. Un robot, est-ce une machine qui remplace un ouvrier? Un programme informatique qui remplace un...

le 20/02/2017 à 17:56
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"Un robot, est-ce une machine qui remplace un ouvrier? Un programme informatique qui remplace un comptable? etc." Faut demander à l'ouvrier et le comptable au chômage, ils ont moins de doute que toi.

le 20/02/2017 à 20:01
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@ Luge à...f Dans un service comptabilité , tu installes un ERP et la tu passes de 30 à 4/5 personnes , dans la même lignée les traders auront à faire à des ordinateurs supras qui font des milliards de calculs à la seconde et sans faute. On peut p...

à écrit le 20/02/2017 à 17:08
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Imaginons , une usine de construction automobile 100% robotisée..la question, qui achète en bout de chaîne ? le chômeur ou le bac+5 qui bosse comme caissier, les assurances sociales et autres retraites seront financées comment ?

à écrit le 20/02/2017 à 16:53
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Imposer les robots qui remplacent les humains au travail, une idée saugrenue ? La proposition de Benoît Hamon fait grincer des dents - celles de l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg notamment. Mais le candidat de la gauche à l'élection p...

le 21/02/2017 à 8:25
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Vous avez entièrement raison, et "citoyen blasé" entièrement tort. Merci.

à écrit le 20/02/2017 à 16:50
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La première question est qu'est ce qu'un robot ? Non ? Une machine automatisée ? Par exemple, une ligne d’embouteillage est-elle un robot ? Un ordinateur est-il un robot ? Un engin extracteur est-il un robot ? Ou doit on retourner a creuser nos tro...

à écrit le 20/02/2017 à 14:16
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Ah enfin je peux m'opposer à un de vos articles. Pourquoi il ne faut pas taxer les robots: Tout d'abord taxer les robots va forcément inciter les actionnaires milliardaires à exploiter la main d’œuvre misérable mondiale dans des conditions dr...

à écrit le 20/02/2017 à 13:46
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Les robots consomment de l'énergie. Il faut taxer l'énergie consommée par les robots: une taxe sur l'énergie pour financer le chomage et les retraites. Tout ça est expliqué dans la note n°6 du conseil d'analyse économique. Cette taxe sur l'énergie pe...

le 21/02/2017 à 12:28
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Tout est dit !

le 22/02/2017 à 13:06
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@brice. Merci de votre réponse, mais comme on dirait à Lyon, "ce n'est pas d'y dire, mais d'y faire".

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