Produire du gaz en France...c'est possible !

La France importe la totalité de sa consommation de gaz. Une situation aberrante, alors qu'une production non négligeable est possible, sans avoir recours à des procédés non écologiques. Par Julien Moulin, Président de la Française de l'Energie

Le sommet de la COP21 et son cortège de bonnes résolutions n'y ont rien changé, la France continue d'importer près de 100% de sa consommation de gaz. Avec, pour conséquence directe de cette politique : une situation de dépendance peu souhaitable vis-à-vis de nos principaux fournisseurs (parmi lesquels la Russie, la Norvège et l'Algérie) et un coût énergétique élevé, tant sur le plan économique que sur le plan environnemental, l'empreinte carbone du gaz importé étant, sans surprise, considérablement alourdie par son transport ou le processus de liquéfaction- regazéification dans le cas du gaz naturel liquéfié (GNL).

 Faire jouer les circuits courts

Pourquoi persister dans de tels schémas qui, en termes d'investissement comme d'environnement, vont à l'encontre de nos ambitions nationales alors même que des alternatives existent ? Alors que l'on peut, dès à présent, favoriser les circuits courts et vertueux d'une production locale pour une utilisation locale de nos ressources présentes dans certaines régions afin de substituer un gaz plus propre et performant au gaz importé de Russie ou d'ailleurs. Que leur exploitation est non seulement possible mais souhaitable sur le plan économique - fourniture à un tarif compétitif -, énergétique - de meilleure qualité que le gaz importé - et écologique - empreinte carbone très inférieure à celui actuellement consommé puisqu'il est produit á proximité de son lieu de consommation.

Un manque à gagner pour notre territoire

Persister à se priver d'une source d'énergie qui cumule autant d'avantages s'apparente non seulement à un manque à gagner pour notre territoire et le maintien dans une situation de dépendance dangereuse. L'exemple du bassin minier de Lorraine est édifiant : une partie significative des importations à l'échelle régionale sera remplacée dans les prochaines années par un gaz local plus propre et performant permettant de réduire fortement l'empreinte carbone des consommateurs.

Les procédés de production sont éprouvés, sûrs et conformes aux exigences environnementales sans rapport avec les pratiques minières du siècle dernier qui polluaient les sols et défiguraient le paysage, ni recours à la fracturation hydraulique (le charbon lorrain d'où est extrait le gaz est naturellement fracturé) ou tout autre technique invasive.

Retraitement des déchets

Les méthodes utilisées sont sans impact sur les nappes phréatiques et tout risque d'affaissement des sols est écarté puisque seul le gaz est extrait, pas le charbon.
La méthode de production mise au point en Moselle n'a rien en commun avec les pratiques anciennes: elle prévoit que tous les déchets soient recyclés dans leur intégralité. Qu'il s'agisse de l'eau extraite du charbon - décantée et analysée avant d'être envoyée en station d'épuration - ou des déblais de forage - séchés et recyclés en centrale thermique-, rien ne subsiste de l'exploitation des sous-sols.

Économiquement viable, écologiquement positive et immédiatement opérationnelle comme confirmé par les différents forages de test réalisés et les certifications du BEICIP (IFP Énergies Nouvelles) - il est aujourd'hui possible de produire en France une énergie nouvelle génération - au bénéfice des territoires concernés, compétitive et respectueuse de l'environnement à partir d'une énergie connue.

Jusqu'à 5% de la consommation totale d'ici cinq à dix ans

Dans un contexte français extrêmement bien encadré et réglementé, ce gaz nouvelle génération multiplie les avantages. A commencer par sa capacité à constituer un authentique levier de diversification de l'approvisionnement national, sachant qu'il pourrait représenter plus de 5% de la consommation totale d'ici 5 à 10 ans et redynamiser des régions industrielles désireuses d'accompagner des projets de développements ambitieux profitant aux acteurs locaux - entreprises, institutions et collectivités - et créant également des emplois non -délocalisables pour soutenir la production et la valorisant de l'énergie locale produite.

A cela s'ajoutent une empreinte carbone environ dix fois inférieure à celle du gaz importé, une qualité naturellement supérieure - ce gaz local étant composé à 96% de méthane quand le gaz d'importation ne l'est qu'à 93% seulement - et des coûts de production compétitifs.

C'est cette vision à long terme et sa double ambition, à la fois nationale et locale, qui prouve que la dépendance de la France en matière d'énergie n'est pas une fatalité. Des solutions existent sur nos territoires et certaines, comme celles déployées par Française de l'Energie, sont d'ores et déjà accessibles et opérationnelles. Produire et commercialiser une énergie nouvelle génération made in France permettrait de créer bien plus que de la valeur énergétique en contribuant à renforcer l'attractivité de certains bassins industriels historiques, en offrant un levier de compétitivité supplémentaire à des acteurs locaux et en restaurant les équilibres au sein d'une politique énergétique française jusqu'alors uniquement tournée vers les importations.
En France on n'a certes peu de pétrole mais toujours des idées!

Julien Moulin, Président de la Française de l'Energie

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Commentaires 8
à écrit le 17/03/2016 à 23:40
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@ BONSOIR ; cette idée n'est pas du to déraisonnable ..... depuis deux ans et demi à l'Elysées on fabrique bien du vent ! alors .....

à écrit le 17/03/2016 à 19:47
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BONJOUR : POURQUOI PAS ? A l'Elysées on fabrique bien du vent depuis plus de deux ans alors .......

à écrit le 17/03/2016 à 14:04
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Valoriser les déchets est essentiel, ça donne du bio gaz, du vrai, sans culture dédiée non alimentaire (produits phyto, surface, eau, ..). Un reportage montrait une idée en Alsace, de traitement de jus de choucroute, acide et malaisés à traiter pour...

à écrit le 17/03/2016 à 13:27
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Si on avait de vrais politiques dans ce pays, au lieu de rabâcher à chaque interview, dès qu'on leur parle d'énergie durable/renouvelable "ah oui mais y'a pas toujours du vent et du soleil donc ça marche pas", auraient depuis un bon moment mis en pla...

à écrit le 17/03/2016 à 3:47
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Il y a bien mieux comme orientation à prendre que le gaz de schiste polluant, coûteux à extraire et très limité dans le temps. L'essor des énergies renouvelables n'est guère affecté par les bas prix des énergies fossiles et la transition vers ces nou...

à écrit le 16/03/2016 à 23:25
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...Sauf que le gaz est une énergie fossile non-renouvelable. Laissons le "grisou" (car c'est de lui qu'il est question, du gaz de houille) là où il est est. Il a suffisamment créé des problèmes et de morts chez les mineurs, par le passé. Il n'y a pa...

à écrit le 16/03/2016 à 19:49
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Sauf que ce qui se PASSE aux us est maintenant CONNU : pollution du sous-sol par des produits qui ne pourront jamais être éliminés, pollution AUSSI des nappes phréatiques car les produits injectés n'arrivent pas à les éviter, même en prenant un gros ...

à écrit le 16/03/2016 à 18:52
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type le genre d'industrie ' intensive en capital' he ben ca va pas etre facile de trouver des idiots pour investir et etre traites aussi bien qu'au venezuela dans le pays centre de l'univers qui fait ' la chasse au grand capital' et menace de tout...

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