Quand le champagne profite de la baisse de l'euro

Les ventes de champagne se sont accrues cette année, mais essentiellement à l'exportation. Et là où les prix ont baissé grâce à la chute de l'euro, en Grande-Bretagne au premier chef. Les huîtres et le foie gras en profitent également. Par Philippe Gélis, Kantox

Si ces derniers Noëls n'ont pas été des plus joyeux pour l'économie française, il y a une excellente raison pour trinquer cette année au champagne, qui vient de connaître l'une des meilleures années de son existence en termes de vente.

Alors que les périodes des fêtes (durant lesquelles, sans surprise, la consommation de champagne atteint ses records) s'avancent à grands pas, le champagne peut célébrer cette année un record de ventes de 4,75 milliards d'euros, en hausse de 5,6% par rapport à 2014. Enfin, après sept années de déclin de la consommation domestique, cette dernière connaît un sursaut de 1,5%.

Mais le paradoxe est que cette année record qui consacre la puissance du « Made in France » est surtout due au dynamisme des marchés étrangers et aux exportations, qui représentent 2,4 milliards du total des ventes. Les ventes mondiales étant dominées par les géants internationaux LVMH (68%), Lanson (9%), Vranken Pommery (9%).

Cette année, le Père-Noël est anglais !

Étrangement peut-être, les trois plus gros marchés à l'export sont hors de la zone euro, dominés par le Royaume-Uni, qui rafle 42% des exportations, suivi des Etats-Unis (25%) et du Japon (14%). L'Allemagne est en tête pour la zone euro, en attirant 8% des exportations (ex-aequo avec l'Australie), selon le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC). Grâce au Royaume-Uni (pour ne citer que lui) et sa demande en hausse de 8% par rapport à 2014, les ventes connaissent une croissance beaucoup plus élevée à l'export que sur le marché domestique.

Le jeu des devises

Les experts en devises et ceux du champagne s'accordent pour dire que la performance exceptionnelle de 2015 a été rendue possible par les mouvements des taux de change, qui peuvent significativement influencer les performances de ventes. Le champagne, à l'instar d'autres produits protégés et estampillés « Made In France », a profité cette année d'un euro relativement faible, et même en baisse,  par rapport au dollar, au yen et à la livre pour le marché anglais. Il est important de garder à l'esprit que le taux de change est une variable à double tranchant, et qu'une évolution contraire pourrait avoir des effets désastreux sur les ventes.

Philippe Hélaine, ancien Directeur des Financements et de la Trésorerie d'une des maisons de Champagne les plus cotées confirme l'importance de se couvrir contre le risque de change. « Les enjeux en matière de Trésorerie portent bien entendu sur le financement et l'optimisation des couvertures de change, dans la mesure où l'export représente une part significative du CA. Ceci nécessite la mise en place d'un système de prévision et stratégies de CashFlow Hedge avec mix options / couvertures fermes ». Cependant une stratégie de couverture ferme classique mais optimisée sera largement suffisante et moins onéreuse pour la grande majorité des exportateurs.

Malgré la hausse de l'euro ces dernières semaines, la tendance annuelle est clairement positive. Ce décembre, les exportations françaises sont 10% moins chères hors zone euro qu'à la même période de l'année dernière.

Noël gourmet, Noël français

Les ventes de champagne n'ont pas été les seules à connaître une embellie cette année puisque c'est tout le label « Made in France » qui a connu une croissance exponentielle pour ses autres produits associés à l'art de vivre, comme les huîtres ou le foie gras. La France est le premier producteur et exportateur d'huîtres avec 1,17 million de tonnes produites cette année, et produit également 20% du foie-gras exporté. Le marché du foie gras a connu une hausse impressionnante à l'export, avec par exemple une croissance de 11% du marché japonais, malgré l'embargo lié à la grippe aviaire décrété fin novembre, les importations 2015 ayant déjà été livrées.

Noël démontre la puissance du « Made in France » dans un contexte de (post) crise économique : les consommateurs se fient davantage aux labels reconnus mondialement et sont très sensibles à l'image de marque. Un dernier conseil, à l'attention des producteurs haut-de-gamme qui souhaitent s'affirmer à l'export, est d'envisager de facturer leurs clients dans leurs devises locales, un geste qui fait la différence au moment du choix des fournisseurs.

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Commentaire 1
à écrit le 22/12/2015 à 16:56
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Un bel exemple qui plaide pour un retour à une monnaie nationale, qui ferai baisser le coût de nos exportations, et relancerai l'activité...

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