Quelle est la politique d'investissement du gouvernement ?

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, quelle est la politique d'investissement du gouvernement ?

 Que peut-on attendre de la politique d'investissement du gouvernement ? 50 milliards d'euros. C'est ce qui est annoncé sur le papier. Est-ce beaucoup ou peu ? Pour l'heure, on sait que le dispositif sera coordonné par Jean Pisani Ferry. Pour ce dernier, la restauration de la compétitivité hors coût passe par des investissements immatériels, notamment dans la formation, et les économies budgétaires ont pour préalable une modernisation des structures. Mais si l'on s'en tient à ses propres propos, on sait surtout que s'il « connait l'équation à résoudre, il n'en détient pas encore la solution. ».

Ce que prévoit le plan

Le plan sera ventilé en six grandes masses : 15 milliards d'euros pour la transition écologique, dont 4 milliards pour « diviser par deux le nombre de passoires thermiques ». Ensuite, 15 milliards d'euros pour la formation, notamment des jeunes peu qualifiés. Puis quatre enveloppes de 5 milliards d'euros chacune iront à la transformation agricole, à la santé (plan numérique pour l'hôpital), aux transports et à la modernisation de l'action publique.
Ces enveloppes seront déployées par tranches, de 2018 à 2022. Ce qui signifie 5 milliards par an, soit 0,2% du PIB... A priori c'est peu, et encore faut-il qu'il s'agisse vraiment de mesures nouvelles et non d'un recyclage d'anciens dispositifs.

Quelle articulation avec le programme d'investissements d'avenir ?

C'est là toute l'incertitude. S'agit-il vraiment de financements supplémentaires qui affecteront les dépenses et la dette de l'État à la hauteur de ce qui est annoncé ? Rien n'est moins sûr. Car cette annonce se greffe sur des dispositifs déjà existants. Et notamment le programme d'investissements d'avenir, PIA. Viendra-t-il l'étoffer ou seulement le renouveler ? Revenons sur ce plan, dont le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'est pas d'une lisibilité aisée.

Le PIA, c'est en fait à l'origine un programme exceptionnel lancé en 2010, de 35 milliards d'euros, relancé en 2014 avec un ajout de 12 milliards, puis en 2017 avec un nouvel engagement de 10 milliards. 47 milliards en tout. Et sur ces 47 milliards, 38,6 avaient été engagés mi-2016 et 15,5 réellement décaissés.

Dans les cuisines du financement

Ces gros écarts entre ce qui est programmé, engagé et décaissé, tiennent au fait que les dépenses sont étalées dans le temps. Et surtout que les formes de financement sont très variables, entre ce que l'on appelle les crédits non consommables (qui constituent une dotation immobilisée qui irrigue l'économie et affecte les dépenses et la dette de l'État au rythme des intérêts qu'ils produisent), et les prêts et prise de participation (qui augmentent la dette au sens de Maastricht, mais qui n'affectent pas les dépenses et donc le déficit au sens de Maastricht), les subventions (qui affectent et la dette et le déficit au sens de Maastricht), et enfin les avances remboursables (qui affectent positivement la dette et le déficit quand elles sont déboursées, puis négativement quand elles sont remboursées).

L'expérience passée montre donc que l'ingénierie du financement est un élément décisif, notamment si le gouvernement veut rester dans les clous de ses engagements bruxellois.

Mais tout cela reste aussi d'une lisibilité limitée. Le chiffre de 50 milliards est bien difficile à décoder et à traduire en termes d'injection véritable en soutien à la croissance et à la modernisation. Et ce sera peut-être là la tâche prioritaire de Jean Pisani Ferry. Consolider, renforcer les synergies et la lisibilité entre des dispositifs et des institutions diverses, la BPI, le CGI, France Stratégie, et le Plan Juncker, pour que l'on comprenne enfin véritablement ce que produit et vers quelle priorité s'oriente la politique de fléchage et de soutien à l'investissement de l'État.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaire 1
à écrit le 27/07/2017 à 7:56
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Une seule solution: appliquer la note n°6 du CAE. Cela devient urgent. Que les personnes compétentes en économie réagissent, mais pas nos économistes officiels qui n'y comprennent rien en économie.

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