Révolution technologique : la face cachée de la croissance

La révolution numérique actuelle est-elle seulement synonyme de destructions d'emplois et de faible croissance? Ce pessimisme doit être combattu, tant les potentialités sont immenses. A terme, la croissance devrait s'en ressentir positivement. Par Stéphanie Villers, économiste, Humanis

A l'heure où la croissance mondiale vacille, nombreux sont les sceptiques de la révolution technologique. Ces derniers réfutent l'impact positif des innovations numériques sur la croissance et les avancées sociales. Ces innovations ne concerneraient qu'une partie réduite de la population, celle la plus aisée. Pourtant, une approche terrain, moins académique, démontre le contraire. L'innovation touche l'ensemble des nouvelles générations et transforme durablement nos modes de vie et notre potentiel de croissance.

Certains experts mettent en garde contre les désillusions de la révolution numérique. Ces progrès technologiques issues des start-ups ultra-innovantes ne concernent que très peu d'emplois et ne créent pas de croissance à long terme. Elles profiteraient exclusivement aux riches au détriment de ceux qui sans formation et non désireux d'en recevoir resteraient sur le bas-côté. Les hommes remplacés par les machines ne trouveraient pas de quoi rebondir ou être productifs. La phase actuelle, disent-ils, n'a rien à voir avec l'ère de la révolution industrielle qui permettait aux employés agricoles de partir travailler dans les usines pour devenir plus productifs.

Les classes moyennes des pays émergents  profitent à plein de la révolution numérique

L'innovation actuellement ne serait accessible qu'à un petit nombre. Mais quid des Smartphones et de leurs myriades d'applications et des sites commerciaux qui fleurissent sur le web ? Ceux -ci permettent d'acheter toutes sortes de produits sans se déplacer, d'avoir un accès direct aux dernières innovations, de partager sa voiture, d'échanger son appartement, de faire ses courses à distance, de réserver son voyage, sa place de cinéma, son restaurant, de se faire livrer à domicile, mais aussi de conserver la main sur son domicile à distance, etc. Croire que ces services ne sont accessibles que dans les pays développés, ou que pour une poignée de personnes aisées, est un leurre. Les classes moyennes des pays émergents s'adaptent beaucoup plus vite aux nouvelles avancées technologiques que ceux de notre vieux continent. La Chine est le deuxième marché d'Apple derrière les Etats-Unis et devant l'Europe. Cette révolution n'est pas élitiste, elle concerne les générations jeunes, connectées, celle d'aujourd'hui et de demain sans se confiner dans les classes les plus aisées.

Des progrès étourdissants à venir

Nous ne sommes qu'au début de cette nouvelle ère qui laisse espérer des progrès étourdissants dans la santé, l'énergie, le bien-être, les transports mais aussi dans les loisirs. Et ces avancées technologiques ne peuvent être sans incidence sur le potentiel de croissance à long terme, d'autant qu'elles sont portées par une génération en phase d'atteindre son pouvoir d'achat maximale (génération Y, celle dont les enfants sont nés entre 1980 et 1995). Elles devraient de même se diffuser sur les générations suivantes. On ne parle alors plus de mouvement transitoire ou d'épiphénomène mais bien d'évolution durable qui transforme notre société, notre manière de consommer et de travailler. Selon le Boston Consulting Group, les enfants issus de la Génération Y aujourd'hui pèsent déjà pour 1 300 milliards de dollars dans les dépenses directes aux Etats-Unis.

Un problème de mesure

Philippe Aghion, professeur à l'université d'Harvard et à l'école d'économie de Paris, récemment nommé titulaire d'une nouvelle chaire permanente de Collège de France, admet que la révolution technologique de l'information a bien conduit à une accélération de l'innovation mais sans se refléter sur la croissance et sur la productivité. Mais, il explique que, « cette divergence procède pour l'essentiel d'un problème de mesure. Les innovations, surtout celles qui se traduisent par la création de nouveaux produits, mettent du temps avant d'être prises en compte par les statistiques ».

D'autant qu'elles cohabitent avec des destructions douloureuses d'emplois dans les secteurs devenus non-performants. Il faudra donc patienter pour que les effets positifs de l'innovation se diffusent et que la phase de création destructive se dissipe sur les chiffres de croissance.

Tout le monde gagnant

Notre système économique s'achemine vers un modèle qui libère du temps et de l'argent grâce à nos produits connectés. Pour l'instant, ces effets positifs ne sont pas quantifiables, mais au quotidien on perçoit l'apport de ces nouveaux services. Le particulier, n'est plus uniquement un salarié ou un consommateur. Il peut obtenir d'autres sources de revenu en proposant une myriade de services qui ne cessent de se démultiplier, par exemple en louant son appartement, sa voiture, son garage, partager les frais de transports avec des passagers occasionnels, etc.

Certains pensent que ce modèle ne crée pas de richesse mais engendre au contraire, une concurrence déloyale (par exemple avec les hôtels, les taxis, les transports publics, etc.). Pour autant, ceux qui profitent de ces services n'auraient, pour la plupart, pas pu le faire sans ces nouvelles applications qui offrent des tarifs abordables. Grâce à ces nouveaux services, tout le monde semble gagnant, excepté peut-être le fisc pour l'instant. Mais, le trésor public saura, sans aucun doute, mettre en place rapidement un système pour collecter l'impôt de ces nouvelles sources de revenus.

Des services de masse

Après la production de masse, on s'achemine vers des services de masse pour le plus grand bonheur des consommateurs. L'«ubérisation » de notre système n'est à craindre que si les pouvoirs publics ne prennent pas en compte la nécessité de mieux former les générations à venir en les adaptant aux nouveaux besoins. Sans oublier d'accompagner les autres, ceux qui auraient du mal à vouloir vivre avec leur temps. A une transformation rapide des techniques, il faut savoir apporter des solutions appropriées au changement sans craindre ni la nouveauté, ni l'innovation.

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Commentaires 8
à écrit le 19/10/2015 à 20:37
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Je ne comprend pas très bien ce que vous voulez démontrer dans la relation innovation-emploi et il me semble qu'il y a une grosse confusion dans l'article. Vous dites au début : "Certains experts mettent en garde contre les désillusions de la rév...

à écrit le 18/10/2015 à 17:20
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Je ne comprend pas très bien ce que vous voulez démontrer dans la relation innovation-emploi et il me semble qu'il y a une grosse confusion dans l'article. Vous dites au début : "Certains experts mettent en garde contre les désillusions de la...

à écrit le 18/10/2015 à 16:53
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Vous avez oublié le i de Stéphanie Villers sous le titre. C'est pas Stéphane Villers mais bien Stéphanie.

à écrit le 14/10/2015 à 14:03
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Aujourd'hui affaire de mode et de tendance tout le monde se doit d'adorer, de vénérer le dieu GAFA ???? ( Google,amazone, facebook, apple) , ses algorithmes et sa bible qu'est le bigdata . Sauf que nous pauvres êtres humains sommes réduits à l'etat...

à écrit le 14/10/2015 à 11:37
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L'article aborde une question macro économique sans y répondre pour finir au ras des pâquerettes sur des questions ménagères afin de tenter d'emporter de manière populiste une adhésion minime du lecteur. Mal joué. En réalité les avancées numériques e...

le 15/10/2015 à 8:54
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Je partage à 100% votre commentaire et ceux de Idx et Eric... Personne n'est contre l'innovation qui est la destinée naturelle de l'être humain, sauf que lorsque le progrès et l'enrichissement ne se traduisent que par une supposée action bénéfique d...

à écrit le 14/10/2015 à 9:45
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Tout ce que l'article prouve en conclusion c'est que cela peut créer de la croissance via l'économie collaborative mais ne crée pas d'emploi salarié. De là à dire que tout le monde est gagnant , cela reste à démontrer ou alors il faut sortir carrémen...

le 14/10/2015 à 11:57
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La dame travaille dans un secteur d'assurance, @eric; ceci explique cela.

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