Royaume-Uni : les limites du dopage

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, les limites du dopage de l'économie britannique.
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Vu de France, le Royaume-Uni  a trouvé la potion magique de la croissance et du plein emploi. Pourtant, certains en doutent. Pour le savoir, il faut revenir sur la façon dont les Britanniques se sont relevés. L'élément central de la stratégie de David Cameron a été de s'appuyer sur une reprise de l'immobilier pour relancer l'économie. Tous les leviers ont été actionnés : budgétaire, avec le programme Help to buy. Un dispositif où 5% d'apport suffisent pour devenir propriétaire. Il permet de souscrire un emprunt bancaire couvrant 75% de l'acquisition, les 20% restant étant directement empruntés auprès du de l'Etat sans échéances de remboursement avant 5 ans.

Deuxième levier, la politique monétaire avec la baisse des taux pilotée avec une grande réactivité par la Banque centrale. La BoE a abaissé son taux de base dès le début de la crise à 0,5% et l'a maintenu à ce niveau exceptionnellement bas jusqu'à ce jour. C'est aussi la mise en place d'une politique non-conventionnelle d'achats d'actifs. Qui a dopé les cours boursiers et renforcé les effets richesses. Et il suffit de superposer un indicateur global de richesse et le PIB pour prendre la mesure de la corrélation. Le décalage récent des deux courbes suggère que c'est bien ce moteur là qui a relancé l'économie.

La bataille pour l'attractivité et la productivité, loin d'être gagnée

Et l'inquiétude vient maintenant que les effets richesse plafonnent. Il faut donc que les salaires embrayent pour prendre le relais et assurer une croissance pérenne. Une dynamique qui ne s'enclenchera qu'une fois le redressement de la productivité avéré, autrement dit, une fois l'entreprise « UK » remise sur les rails. Or le « tapis rouge » que le gouvernement a déroulé pour les entreprises étrangères n'a pas eu l'effet escompté. C'était pourtant le second pilier décisif de la stratégie de Cameron : la concurrence fiscale, dans le but d'attirer les investissements étrangers : le taux de l'IS devrait de la sorte être ramené à 20% en avril prochain.

Mais cette bataille pour la productivité et l'attractivité n'est pas encore gagnée. Deux graphiques pour le démontrer. D'abord, celui de l'évolution de la productivité : le rebond de la croissance aurait dû entraîner celui de la productivité du travail. mais elle stagne. Or la productivité est l'un des principaux moteurs de la croissance de long terme. Au premier rang des accusés, la dégradation de la « qualité » de l'emploi. Un emploi dont la progression s'est concentrée sur les personnes les moins qualifiées et sur la montée de l'auto entrepreneuriat, ce qui a entraîné un déclassement des cadres.

Comme dans les pays low cost

Les entreprises ont fait le choix du travail peu coûteux ou déprécié au capital, comme dans les pays low cost. Lueur d'espoir, la productivité semble amorcer un redressement. Mais il ne s'agit que d'un point. De même, les exportations peinent à redécoller signe que le pays ne parvient pas à regagner des parts de marché. Mais là aussi les derniers points montrent une inflexion. Les prémices d'une reprise durable sont là mais encore très fragiles. Cela renvoie l'image d'un pays sur le fil du rasoir et pour 2015 ça passe ou ça passe ou ça casse.

 >> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 2
à écrit le 19/04/2015 à 3:23
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Et après on appèlle Hollande socialiste quand leur état couvre 20% d' un pret immobillier (5% d' apport minimum du particulier)

à écrit le 13/04/2015 à 16:23
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Bravo pour cette explications comme les precedents d'ailleurs. Merci ca change des raisonnements a la petite semaine qui nous sont servis a plus soif...

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