Taxis sans chauffeur, une leçon d'innovation

Les taxis sans chauffeur sont une leçon d'innovation pour des professions qui doivent se réinventer. Xavier Pavie, Professeur à l’ESSEC

L'arrivée des VTC (voiture avec chauffeurs) comme Uber, Hitch et autres GrabCar a bouleversé la profession des taxis dans le monde qui vivaient globalement dans un confort relatif en terme de concurrence et qui ne les obligeaient en rien à améliorer l'expérience client que tous les clients considéraient comme déplorable. Les VTC ont eu le mérite de forcer les compagnies de taxis à améliorer trois axes principaux : premièrement avoir un habitacle digne d'accueillir un client, deuxièmement que les chauffeurs adoptent un comportement décent, troisièmement utiliser un processus de réservation pertinent (géolocalisation, évaluation du service, facilitation du paiement, temps d'attente, etc.).

Quelques années après l'arrivée de ces nouveaux concurrents on peut facilement considérer que cela a permis à la poussiéreuse profession de taxi de se mettre au niveau des attentes clients.

 Un taxi sans chauffeur à Singapour

Cependant les chauffeurs de taxis ont-ils véritablement compris la leçon ? L'arrivée des VTC n'est-elle pas insignifiante face à la révolution qui est vraiment en train de s'opérer ? En cette fin septembre pour la première fois au monde il est désormais possible à Singapour de commander un taxi sans chauffeur ! L'acteur de cette révolution... ? Est-ce les opérateurs classiques locaux tels que SMRT, Comfort, Citycab ? les équivalents locaux de G7 ou encore Taxi Bleu ? Non ! c'est GrabCar. Cette petite start-up née il y a peine cinq ans a noué un partenariat avec NuTonomy, la première entreprise à avoir réussi à faire fonctionner en ville une voiture-taxi sans chauffeur il y a quelques semaines dans la ville du lion, et ce, quelques jours avant Uber qui a lui lancé son test début septembre à Pittsburg.

 Innovation disruptive

Si l'on comprend bien que ce qu'apportait les VTC face aux taxis traditionnels étaient de « simples » innovations incrémentales, ce qui est en train de se profiler en terme d'innovation disruptive cette fois semble être le dernier couperet pour cette profession qui ne retient pas les leçons de son passé récent. Et ce n'est pas une question de moyen, l'ensemble des compagnies traditionnelles réunies à bien plus de puissance financière et puissance d'action que ces petites start-ups dont l'agilité se dispute l'habilité et l'anticipation. Qu'est-ce qui peut faire que les acteurs traditionnels regardent passer les innovations comme une poule devant un couteau ? De la même manière que par le passé ils ne se sentent pas réellement concernés, cela leur paraît encore du domaine de la science-fiction - alors que tous les journaux évoquent les avancées de Google, Uber, Apple et autres Tesla dans le domaine -.

Deuxièmement ils ne savent pas comment s'y prendre et restent dans leur confortable pré-carré incapables d'acquérir un esprit d'entrepreneur. Troisièmement ils ne veillent pas à créer un écosystème et semblent hermétiques à ce qui peut se trouver à l'extérieur de la corporation et ce que peut proposer de jeunes entreprises ou encore des incubateurs présents dans les universités. Au même titre que les pharmaciens regardent le train de la santé connectée passer devant eux et compter le nombre d'officines en train de fermer, de la même manière que certaines écoles qui n'enclenchent aucune stratégie sur l'enseignement digital, les taxis traditionnels vont finir par disparaître totalement dans les 15 années à venir.

 L'innovation n'a qu'un seul enjeu : aider à survivre en se transformant, en s'adaptant à son environnement. Cela ne passe ni par des moyens financiers ni par des compétences réservées, c'est avant tout une affaire de comportements. C'est d'abord savoir se remettre en cause avant qu'il ne soit trop tard et s'ouvrir à ce qui se développe autour de soi. Ce sont les prix de la transformation, c'est l'essence de l'innovateur.

Xavier Pavie

Professeur à l'ESSEC Business School

Directeur du centre iMagination

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Commentaires 5
à écrit le 09/10/2016 à 20:08
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Trés cher prof vous portez un quo est synonime de Pacience,mais apparenment vous n'avez pas herité du gène.Le taxi de France est à sa quatrième crise "la premiére c'était sous l'impire la derniére en 1953.Le taxi a toujours rebondit plus haut aprés c...

à écrit le 07/10/2016 à 11:56
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je ne sais pas qui s'est permis d'utiliser mon pseudo pour proférer des insultes: à 4:48, je dormais. Je trouve ça lamentable. Désolée Ninio, je suis tout à fait d'accord avec toi. D'autant que le professeur de l'ESSEC va vite en conclusion . les c...

à écrit le 06/10/2016 à 21:49
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Et vous faites quoi des gens qui travail derriere leur volant... A non je m'excuse le profit d'un petit nombre est bien plus important pardon !!!!!

le 07/10/2016 à 4:48
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Et ton salaires ?qui va le payé abrouti mangmerde

le 07/10/2016 à 16:10
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une petite main d'uber utilise mon pseudo pour insulter les internautes Il y a des vérités qui dérangent d'accord avec toi NINIO!

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