Trump élu : que se passe-t-il en économie ?

L'incertitude est encore grande sur les débuts d'une présidence Trump. Mais il est possible d'évaluer ces marges de manœuvre et les conséquences de son populisme. Par Mark Burgess CIO EMOA et Responsable marchés actions, Columbia Threadneedle

Si Donald Trump est élu Président des Etats-Unis le 8 novembre 2016, cette date deviendra historique : ce sera la première fois qu'un homme d'affaires politiquement peu expérimenté accèdera au Bureau ovale. Tout comme les Britanniques ont voté en faveur d'un changement en quittant l'Union européenne, les électeurs américains auront choisi M. Trump pour qu'il prenne des décisions difficiles et s'emploie à respecter sa promesse: « make America great again » (littéralement, rendre sa grandeur à l'Amérique). Dans le monde entier, les prises de position et les déclarations de M. Trump durant sa campagne électorale ont suscité de nombreux débats et beaucoup d'inquiétude. Au-delà de ces préoccupations, les investisseurs s'intéressent particulièrement aux changements qu'il propose en matière de politique économique et à l'impact que cela pourrait avoir sur les marchés financiers. En fait, une présidence Trump génère bien plus d'incertitudes qu'une présidence Clinton, dans la mesure où Hillary Clinton se déclare favorable à nombre de mesures de l'administration actuelle. Cet article envisage l'impact que pourrait avoir l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis sur la finance ainsi que sur le marché à court et moyen terme.

Et ensuite ?

 Un programme encore flou

C'est la question clé, celle qui génèrera énormément d'incertitude et pourrait sans doute faire ou défaire une présidence Trump. Contrairement à son adversaire Hillary Clinton, Donald Trump n'a pas passé sa campagne à travailler sur l'élaboration d'une multitude de mesures et de propositions ; de ce fait, l'essentiel de ce qu'il mettra en œuvre n'est pas encore décidé. Selon Antoine de Saint-Exupéry, « La perfection est atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer ». Même si M. Trump a fort à faire pour réaliser son objectif et décrocher la présidence, il est possible que son manque de propositions politiques le serve au final, car ainsi il ne risque guère de devoir revenir sur beaucoup de mesures ou encore de les supprimer de son programme.

Le premier - et probablement le plus important - point à envisager est la répartition entre Démocrates et Républicains au sein du Congrès. Une majorité démocrate à la Chambre des Représentants ou au Sénat mettrait une limite aux changements les plus radicaux proposés par D. Trump et pourrait même se traduire par une situation de blocage sur certaines questions.Il nous paraît cependant très improbable que M. Trump puisse gagner sans le maintien des majorités républicaines. Le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, conserverait sa fonction mais la majorité républicaine ne devrait pas être suffisamment importante pour dominer complètement les sénateurs démocrates. Toutefois, en cas de carte électorale favorable aux Républicains lors des prochaines élections législatives en 2018, une transition pourrait s'opérer si les représentants tentant de gagner un siège ou de le conserver cèdent aux sirènes du populisme pour séduire le public. Des personnes telles que Paul Ryan (l'actuel Président de la Chambre des Représentants) devraient maintenir leur position et tempérer les propositions les plus farfelues, tout en gardant un œil sur le budget.Par ailleurs, les marchés attendront avec impatience que soient communiquées les identités de ceux qui formeront la « garde rapprochée » de Donald Trump. La composition de son administration donnera une première idée des ambitions concrètes de Donald Trump et apportera l'expertise qui lui fait cruellement défaut pour manœuvrer au sein du système politique.

Qu'est-ce qui a été promis et quelles sont les chances de voir ces promesses se concrétiser ?

 Au-delà des coûts colossaux induits par certaines idées brandies durant la campagne de Donald Trump, seuls quelques points clé ont été précisés plus en détail, notamment au sujet des réformes fiscales, des accords commerciaux, de l'immigration et des soins de santé. Bien qu'à première vue les coûts ne semblent pas gérables, Donald Trump a affirmé : « Quand je serai président, je serai une autre personne. Lorsque vous dirigez un pays, un dialogue différent s'instaure, et nous pouvons le faire facilement ». Dans ce cas, peut-être pouvons-nous nous attendre à une approche plus modérée. Les paragraphes suivants détaillent certaines des propositions des candidats et se penchent sur la probabilité de les voir appliquées un jour.

 Réforme fiscale

Hillary Clinton et Donald Trump tendent à se rejoindre sur ce point et estiment que des allègements fiscaux - sous forme de réductions d'impôts - devraient être mis en place pour soutenir l'économie américaine. Par conséquent, la réforme fiscale est la plus susceptible d'aboutir en premier, une fois le candidat élu. Les détails devront toutefois être précisés, et notamment la façon dont le manque à gagner (perte de recettes) sera compensé.La position officielle de Donald Trump prévoit entre autres une simplification des impôts pour tous et une uniformisation des déductions. La réforme fiscale la plus importante depuis R. Reagan.

-L'allègement des impôts pour tous, afin que les familles qui travaillent puissent élever des enfants plus facilement.

-Une réduction drastique de l'impôt sur le revenu.nnLa simplification de l'impôt sur le revenu, de sept à trois tranches.

-La non-imposition des frais de garde d'enfants.nnLa limitation de l'imposition des revenus des entreprises à 15% pour chaque entreprise.

-De rendre l'impôt sur les sociétés compétitif à l'échelle mondiale et de faire des Etats-Unis le pays le plus attrayant en termes d'investissement.nnLa suppression des droits de succession.

Ce qu'il faut retenir, c'est que Donald Trump aimerait passer des réformes fiscales favorables aux entreprises et permettre le rapatriement, à un faible taux d'imposition, des liquidités détenues à l'étranger. Il estime en effet que c'est ainsi qu'il pourra remettre l'économie américaine sur les rails et faire en sorte que les Etats-Unis redeviennent le « meilleur endroit dans le monde pour faire des affaires ». Selon les estimations, la réforme de l'imposition des sociétés ainsi que les réductions fiscales accordées aux particuliers devraient coûter des milliers de milliards. Le 8 août, lors d'un discours tenu à Detroit, le candidat Trump a annoncé que sa proposition de réforme fiscale prévoyait une modification des barèmes fiscaux des particuliers. Il propose trois taux : 12%, 25% et 33%. De telles modifications permettraient d'alléger significativement le coût de son plan financier mais il est difficile de projeter le montant effectif dans la mesure où le détail des tranches de revenus n'a pas été communiqué. De toute évidence, en fonction des catégories concernées par ces réductions fiscales, l'impact sur l'économie ne sera pas le même. Il est probable que ces baisses d'impôts permettent aux contribuables fortement imposés d'épargner davantage, tandis que la classe moyenne dépensera plus - stimulant la consommation et les dépenses de détail.

Du côté des ménages à faibles revenus, les réductions d'impôts pourraient se traduire par une augmentation du taux de participation au marché du travail.Donald Trump est déjà quelque peu revenu sur ces déclarations pour annoncer des chiffres de baisses d'impôts plus réalistes. Dès lors que ces objectifs légèrement plus conventionnels sont maintenus, rien ne devrait s'opposer à ce que les réformes fiscales obtiennent le feu vert d'une façon ou d'une autre. Toutefois, si une mesure forçant les entreprises américaines à rapatrier les liquidités détenues à l'étranger devait être imposée, alors les implications pourraient être considérables pour le billet vert.

Commerce

Donald Trump s'est montré très clair : il est opposé au libre-échange et continuera d'œuvrer activement en faveur de l'abrogation des accords commerciaux et de la mise en place de nouveaux droits de douane et de nouvelles restrictions commerciales. Tout cela n'est pas sans rappeler l'isolationnisme américain des années 1930 et une question se pose : s'agit-il d'une tendance, aux Etats-Unis et dans le monde entier, en faveur d'un retour au « bon vieux temps » ? En réalité, Donald Trump devra batailler ferme s'il veut abroger les accords commerciaux existants. 5Leaders' Perspectives - Septembre 2016Imposer de nouveaux droits de douane et des restrictions supplémentaires sera toutefois plus réalisable. Des droits de douane de 35% pourraient contribuer à résorber le déficit commercial américain. Cela étant, le principal problème en matière de libre-échange semble être l'actuel accord entre les Etats-Unis et la Chine, un accord sur lequel Hillary Clinton souhaite elle aussi se pencher. C'est le dossier que les ouvriers américains suivront avec attention. Une telle mesure pourrait-elle ressusciter le secteur manufacturier américain, ou bien les entreprises continueront-elles de fabriquer leurs produits en Chine, afin de profiter de coûts salariaux moins élevés ? Les intentions de Donald Trump à l'égard de la Chine ne manquent certainement pas d'audace, sachant qu'il veut notamment :

-Amener la Chine à la table des négociations en l'accusant immédiatement de manipuler sa devise.

-Protéger l'ingéniosité et les investissements américains en contraignant la Chine à respecter les lois sur la propriété intellectuelle et à mettre fin à la pratique du partage obligatoire de technologie exclusive (avec des sociétés concurrentes chinoises) imposée aux entreprises américaines qui souhaitent entrer sur le marché chinois.

-Redonner des millions d'emplois aux Américains et ranimer le secteur manufacturier américain en mettant un terme aux subventions à l'exportation ainsi qu'aux normes laxistes de la Chine en matière d'emploi et d'environnement.

-Consolider la position de négociation en abaissant le taux de l'impôt sur les sociétés, de manière à conserver les sociétés américaines et les emplois sur le territoire américain, combattre la dette et le déficit pour que la Chine ne puisse pas s'en servir comme moyen de pression contre les Etats-Unis, et renforcer la présence militaire américaine en mer de Chine orientale et mer de Chine méridionale.Seul l'avenir nous dira combien de ces propositions pourront se concrétiser pendant un mandat de quatre ans. Peut-être que dans un premier temps, l'accent devrait plutôt être mis sur la situation intérieure. Se frayer un chemin à travers les rouages internes de la Chambre des Représentants et du Sénat sera déjà suffisamment compliqué - envisager d'utiliser la force pour imposer à la Chine la volonté de M. Trump est sans doute très prématuré pour le moment. L'obtention d'un accord renégocié nous paraît être une issue bien plus vraisemblable.

Immigration

Les similitudes avec la période isolationniste ne s'arrêtent pas à la Chine - en fait, les similitudes les plus frappantes transparaissent lorsque M. Trump s'exprime au sujet de l'immigration, y compris sa proposition d'« obliger le Mexique à payer un mur ». Tout au long de l'histoire, des murs ont été érigés dans le but de ségréguer et/ou de protéger des zones géographiques, avec plus ou moins de succès. L'un des scénarios les plus fréquents, toutefois, est que les murs finissent par devenir quasiment inutiles, les gens trouvant le moyen de les contourner.Si l'immigration légale doit être encouragée - jamais les Etats-Unis n'auraient pu prétendre à la grandeur sans elle - l'immigration illégale doit être contrôlée. A ce sujet, la rhétorique de Donald Trump s'est quelque peu modérée durant la campagne et, s'il parvient à gérer cette question de façon appropriée, l'économie américaine pourrait en sortir gagnante sur le long terme. A court terme, cependant, certains secteurs dépendant d'une main-d'œuvre bon marché, tels que la distribution, la construction et l'agriculture, risquent d'être pénalisés. Le fait de perturber l'offre de main-d'œuvre ne peut pas être bénéfique pour l'économie - et existe-t-il des travailleurs américains désireux d'occuper ces emplois ? Pour de nombreux intervenants, la prochaine étape serait d'investir dans les cimentiers et les entreprises de construction du Mexique, même si le mur dont il est question ne sera sûrement pas constitué de briques et de mortier, mais plutôt d'un tas d'accords commerciaux et de visas.

Santé

Le secteur des soins de santé a également fait l'objet de vifs débats au cours de la campagne. Donald Trump s'est montré catégorique : l'Affordable Care Act (ACA) doit être abrogé et remplacé. Avec un coût de 400 milliards de dollars, les chances qu'il obtienne le soutien dont il a besoin sont minces. Il est plus probable que la « taxe Cadillac », une pénalité appliquée aux régimes de santé privés plus généreux, soit abandonnée. Néanmoins, les incertitudes entourant l'avenir de l'ACA pourraient affecter les hôpitaux et les programmes de soins gérés si les traitement qu'ils proposent ne sont plus couverts. A l'inverse, les sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques pourraient voir la vie en rose, car Donald Trump est favorable à la négociation par le gouvernement des prix des médicaments dans le cadre de la Partie D de Medicare, mais aussi aux importations de médicaments et à des réformes fiscales agressives.

Economie et marchés « Rien n'est plus incertain qu'une certitude »

En termes historiques, les Républicains ont démontré leur attachement au marché boursier, avec des mesures favorables à la croissance, au secteur de la défense, aux grandes sociétés pharmaceutiques, anti-réglementation et prônant l'équilibre budgétaire. Comme évoqué ci-dessus, les opinions de Donald Trump diffèrent quelque peu : il est favorable à la réforme fiscale, à des politiques de lutte contre le libre-échange et l'immigration, et désire supprimer l'ACA. D'une certaine façon, cela pourrait avoir une incidence positive sur l'activité et l'économie intérieure dans leur ensemble. Il paraît toutefois que « rien n'est plus incertain qu'une certitude », et compte tenu du caractère imprévisible de Donald Trump, il est fort possible qu'un vent d'incertitude balaie les marchés. Comme cela a déjà été mentionné, les opinions de M. Trump restent floues dans bien des domaines, et sa personnalité impulsive et instable ne manquera pas d'alimenter la nervosité des marchés. Ou le contraire pourrait se vérifier, et dans un environnement où l'incertitude règne à l'échelle mondiale, les marchés pourraient opter pour une attitude complaisante et attendre les faits plutôt que de tirer des conclusions hâtives.

Une victoire de Donald Trump aux élections se traduira probablement dans un premier temps par une appréciation du dollar, qui sera acheté dans le cadre d'un mouvement d'aversion pour le risque. Mais une telle issue aurait également une incidence positive sur le billet vert dans la mesure où le protectionnisme réduit la production potentielle et entraîne une hausse de l'inflation ainsi qu'une politique plus agressive de la part de la Fed par rapport au scénario de référence pour un niveau de croissance donné. Ces éléments se combinent avec une population proche d'une situation de plein emploi et des dépenses budgétaires importantes pour bâtir des infrastructures, ce qui tire les salaires et l'inflation vers le haut.

A l'inverse, en cas d'implosion de la croissance dans un autre secteur de l'économie, un transfert important de l'emploi vers le secteur du bâtiment pourrait être observé. Les propos de Donald Trump sur le retour de l'étalon or constitueront en revanche, s'ils sont à prendre au sérieux, une source de préoccupation majeure. M. Trump aurait déclaré : « Restaurer l'étalon or serait très difficile, mais vraiment merveilleux. Nous aurions une référence à partir de laquelle nous pourrions fixer notre devise ». Nous ne pouvons qu'espérer qu'il s'agisse de paroles en l'air. M. Trump peut-il ignorer l'environnement de récession économique dans lequel le monde est enlisé depuis bientôt dix ans ? Les avantages d'un étalon or théorique liant le cours du dollar américain à celui de l'or seraient les suivants : empêcher la Fed de faire tourner la planche à billets trop rapidement ; maintenir un taux d'inflation bas et ainsi ralentir la montée des prix à la consommation ; stabiliser les cours du pétrole ; et, bien entendu, le fait que la valeur de l'or soit reconnue dans le monde entier. Nombre de ces critères deviennent cependant superflus dans l'environnement économique actuel. Si les banques centrales n'avaient pas été en mesure d'imprimer de la monnaie, la crise financière mondiale aurait sans doute été encore plus grave. En effet, si l'économie américaine semble bien tourner, c'est en partie (sinon entièrement) grâce à l'assouplissement quantitatif. En outre, alors que les niveaux d'inflation affichent des plus bas record, l'économie réclame de l'inflation à grands cris, si bien que l'idée de réduire cette dernière est absurde.7Leaders' Perspectives - Septembre 2016La mémoire de Donald Trump semble vraiment lui jouer des tours : il suffit de remonter en arrière de moins de 100 ans pour constater le désastre qu'a été la mise en œuvre de l'étalon or. L'expérience n'a duré qu'un peu plus de dix ans, avant un retour à la normale.

L'incidence sur les marchés actions sera mitigée. L'infrastructure, et notamment les routes, les ponts et les aéroports, ainsi que les secteurs susceptibles de tirer parti des opérations de fusion-acquisition et des mouvements de consolidation, que le candidat Trump affectionne tout particulièrement, en sortiraient évidemment gagnants. Les secteurs financiers bénéficieront de l'assouplissement des règlements Dodd-Frank. En outre, le secteur de la défense devrait quant à lui prospérer. Parmi les autres secteurs susceptibles de tirer leur épingle du jeu, citons la consommation discrétionnaire, la consommation de base, les télécommunications, l'énergie et l'industrie minière.Une victoire de Donald Trump ne devrait pas constituer une bonne nouvelle pour le marché obligataire américain, du fait de l'augmentation des points morts d'inflation.

Creusement du déficit budgétaire

Les mesures qu'il propose se traduiraient en particulier par un creusement substantiel du déficit budgétaire, et donc par une certaine pentification de la courbe. Donald Trump a par ailleurs tenu des propos relativement déconcertants sur le caractère non obligatoire du remboursement de la dette.Si un événement international majeur comme la crise financière devait survenir de nouveau, cela pourrait signifier que la dette intérieure serait remboursée, au détriment de la dette étrangère. Cela pourrait-il faire fuir les investisseurs ? Une telle fuite serait particulièrement malvenue. En effet, les émissions de bons du Trésor américain devraient s'accélérer de manière notable afin de pouvoir financer les diverses mesures onéreuses du candidat Trump, les Etats-Unis accumulant un déficit de plus en plus important.

Quid du dollar?

Trois éléments pourraient affecter le dollar américain :

1. Rapatriement des capitaux - une nouvelle version de la loi Homeland Investment Act de 2004 semble plus probable en cas de victoire du candidat Trump, qui a déjà évoqué une taxe exceptionnelle de 10% sur les rapatriements de capitaux (bien que cela n'apparaisse pas dans la partie « vision économique » du site Internet de sa campagne). Le montant estimé des fonds détenus à l'étranger par les entreprises américaines s'élève à 2.000 milliards de dollars, mais cette mesure n'aurait un impact positif sur le billet vert que si : a) les fonds revenaient ; b) les fonds n'étaient pas détenus en dollars américains, en actifs libellés en dollars ou en actifs couverts contre le dollar et qu'ils devaient par conséquent être convertis. Les données sont incomplètes dans la mesure où les entreprises ont tendance à ne pas divulguer la composition de ces fonds. Toutefois, la grande partie des fonds communiqués sont détenus en dollars américains, de telle sorte que le montant des rapatriements concernés serait largement inférieur à 2.000 milliards de dollars - ce qui n'empêcherait cependant pas un impact positif sur le billet vert. La loi HIA de 2004 avait été suivie de rapatriements de capitaux d'une valeur égale à 2% du PIB.

2. Commerce extérieur - une montée du protectionnisme est probable, via une augmentation des droits de douane. Le résultat le plus évident sera une résorption du déficit commercial, et avec lui du déficit courant. En temps normal, cette résorption devrait s'accompagner d'une appréciation de la devise. La contraction du déficit courant diminuerait également le montant des dollars disponibles à l'étranger, ce qui exercerait des pressions sur les économies fortement endettées en dollars. L'incidence serait doublement négative pour les pays qui exportent massivement aux Etats-Unis et affichent d'importants engagements libellés en dollars. Par conséquent, le dollar devrait enregistrer d'excellentes performances face à des devises telles que celles du Mexique et de la Chine. Le contrepoint serait toutefois qu'une présidence Trump diminuerait l'attrait des Etats-Unis comme destination pour les capitaux et les investissements - si bien que l'euro et le yen seraient notamment susceptibles de surperformer le billet vert. Dans l'ensemble, la politique commerciale de Donald Trump pèserait sur les devises des pays qui exportent essentiellement des biens en direction des Etats-Unis (principalement des marchés émergents) et favoriserait les pays qui exportent des capitaux/investissements (c.-à-d. les nations développées). Sur le plan historique, des situations similaires ont été observées au début des années 2000, lorsque des droits de douane sur l'acier ont été imposés à l'Europe, et au milieu des années 1990, lorsque le Japon a subi des droits de douane sur l'industrie automobile.

3. Expansion budgétaire - la mondialisation semble avoir soutenu la croissance tendancielle. Il serait donc raisonnable de supposer que la mise en place de barrières commerciales devrait avoir l'effet inverse. Avec l'expansion budgétaire proposée par M. Trump, le ralentissement de la croissance tendancielle dans une économie déjà proche d'une situation de plein emploi se traduira probablement par une poussée inflationniste marquée et une réaction appropriée du côté de la Fed. Cela entraînerait une appréciation du dollar américain, qui bénéficierait également de la hausse des rendements d'échéance longue induite par une expansion budgétaire de cette ampleur. En réalité, Donald Trump devrait être entravé par l'absence d'une majorité républicaine au Congrès, ce qui l'empêchera de mettre en œuvre l'ensemble des mesures précitées - tout au plus sera-t-il capable d'amener des versions extrêmement édulcorées de ses propositions.

Immobilisme politique

Nous entrerions alors dans une nouvelle phase d'immobilisme politique aux Etats-Unis et la Fed opterait pour un statu quo face aux incertitudes. Cela se traduirait par un affaiblissement du dollar et un épisode d'aversion pour le risque sur les marchés.

Aucune loi d'envergure ne devrait être adoptée avant 12 mois, étant donné que le vainqueur des élections prendra ses fonctions en janvier et devra désigner et obtenir la validation des directeurs d'agences, y compris un nouveau juge à la Cour suprême des Etats-Unis. La sagesse populaire veut toutefois que les accomplissements majeurs d'un Président soient réalisés au cours des deux premières années de son mandat. Au-delà, il devient bien trop difficile de légiférer dans la perspective des prochaines élections présidentielles. Bien entendu, pendant les deux premières années de son mandat, Donald Trump pourrait s'employer à compliquer la vie des Démocrates tandis que les membres du Congrès pourraient faire honneur à leur réputation de conservateurs, mais il existe une fenêtre durant laquelle un président Trump pourrait introduire de véritables changements, à la fois raisonnables et tempérés. L'avenir nous le dira.Pour en savoir plus, rendez-vous sur

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Commentaire 1
à écrit le 13/10/2016 à 15:40
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Là encore un de mes commentaires non validés... Faut m'expliquer en quoi rapprocher le FN et TRUMP était censurable, merci.

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