UberPop doit survivre, voici comment

Face à la demande de mobilité UberPop est indispensable, mais la concurrence ne peut être loyale que si tous les chauffeurs sont soumis au mêmes contraintes sociales et fiscales. Laissons les UberPop devenir des VTC low cost, ils paieront alors charges et impôts

Le succès d'UberPop s'explique simplement : la formation pour devenir chauffeur de VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur) est 2,5 fois plus longue que celle de conducteur de poids-lourd. L'offre de VTC en France est bloquée par d'absurdes barrières à l'entrée quand la demande n'est pas satisfaite. Levons les barrières inutiles et les conducteurs - chauffeurs UberPop entreront dans l'économie fiscalisée, socialisée, normalisée.

Pour conduire un VTC, il faut suivre 250 heures de formation à 6 000€ et avoir un véhicule de plus de 114 chevaux et 4,5 mètres de long. Pour être chauffeur de taxi, le prix moyen de la licence explose en France à 97 000€. Face à ces deux marchés réglementés, il suffit d'un simple permis B pour transporter sa famille, son voisin, ou un inconnu rencontré sur une application. La différence entre covoiturage et VTC ? Le droit de gagner de l'argent. La différence entre VTC et taxi ? Le droit de pratiquer la maraude, d'utiliser les voies de bus, le stationnement réservé, les bornes d'appel.

Le monopole des taxis sur la maraude se justifie

Le monopole des taxis sur la maraude est parfaitement justifié économiquement. Depuis son trottoir, le client, qui monte dans le premier taxi venu, ne peut pas négocier le prix ou choisir le chauffeur. Les tarifs sont donc administrés et les chauffeurs sélectionnés. L'existence d'une licence, en revanche, est injustifiée pour la réservation sur smartphone. Le client choisit alors entre plusieurs chauffeurs selon le prix proposé et les notations précédentes. Économiquement, la licence ne doit exister que pour la maraude physique.

En acquérant cette licence, le chauffeur de taxi achète (ou gagne) le droit de pratiquer la maraude et d'utiliser certaines infrastructures. Comme un commerçant s'endette pour son fond de commerce, le chauffeur artisan a investi sur un outil de travail. Quand une innovation technologique (le commerce en ligne face à la boutique) vient concurrencer son activité sans contester son titre de propriété (le fond de commerce), l'État n'en a que faire. Le droit exclusif des taxis à marauder n'est pas remis en cause par UberPop, les VTC ou l'Etat. Dès lors, aucune raison d'indemniser l'artisan - investisseur qui subit une mutation des modes de consommation. Quand la voiture sans chauffeur rendra caduc le permis de conduire, l'État n'indemnisera pas les moniteurs d'auto-école.

L'économie du partage met en lumière les normes inutiles

En réalité, le problème économique posé par UberPop est plus large qu'une classique tension entre investissement passé et innovation présente. Les plateformes d'économie du partage comme AirBnb, Blablacar ou UberPop permettent à des particuliers de fournir des services monétisés. Le particulier producteur entre alors en concurrence avec des acteurs traditionnels (hôteliers, transports en commun, VTC, taxis) sans payer de charges sociales et sans respecter les mêmes normes. L'économie du partage agit de fait comme un révélateur réglementaire : les particuliers s'engouffrent dans la liberté d'entreprendre et mettent en lumière les normes inutiles. On peut conduire un inconnu dans une voiture de moins de 114 chevaux. Un système d'auto-sélection se met ensuite en place : si le service est de mauvaise qualité, le conducteur sera mal noté et n'aura plus d'activité.

Que les chauffeurs UberPop deviennent des VTC low cost

La persistance de notre modèle social et la loyauté de la concurrence dépendent de la convergence des obligations fiscales, sociales et normatives entre les conducteurs UberPop, les chauffeurs de VTC, et l'activité de réservation des taxis. Pour éviter que les chauffeurs d'UberPop n'agissent à côté du marché, allégeons ces absurdes barrières à l'entrée. Laissons les devenir en toute légalité des VTC low cost avec leur véhicule personnel et leur permis B. Ils créeront de l'emploi et payeront leurs charges et impôts avec joie.

Charles-Antoine Schwerer, économiste chez Asterès

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Commentaires 17
à écrit le 01/07/2015 à 16:59
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Enfin un avis sensé, clair et juste sur toute cette affaire. Oui, le monopole sur la maraude se justifie, sinon demain des milliers de chauffeurs rouleront au pas sur les Champs-Elysées et bloqueront tout le trafic. Oui, à cause du smartphone, ce mon...

à écrit le 01/07/2015 à 11:41
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Il y a beaucoup de confusion sur ce sujet des VTC & UberPop vs. taxis aussi bien chez l'auteur de l'article que chez les lecteurs qui commentent. 1/ Il ne faut pas confondre économie du partage (qui est une évolution sociologique) avec économie numé...

à écrit le 30/06/2015 à 20:48
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C'est ce qu'on appelle de la masturbation intellectuelle.

à écrit le 30/06/2015 à 20:28
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Vous avez raison la machine est en route. Le service uberpop va devenir ubercompact pro, des ex chauffeurs uberpop passant la capacité, (loti) 4 semaines de formations pour 1000€ . Avec un statut SARL ou Sasu est voilà les Vtc low cost, voiture san...

à écrit le 30/06/2015 à 16:58
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La naiveté de l'auteur de l'article laisse pantois... Le principe même de Uber est de ne pas employer de personnel. De laisser chacun de leurs chauffeurs travailler "en indépendants"... pour ne surtout pas avoir à payer de charges sociales. Les clie...

le 01/07/2015 à 1:15
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+ 1000 rien n a rajouter.

le 01/07/2015 à 10:36
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Question : les taxis, qui n'ont jamais de lecteur de carte bleue et donc qui ne se font payer qu'en liquide, déclarent 100% de leurs revenus ? Etes-vous naïf au point de penser qu'ils le font? La traçabilité des revenus me parait beaucoup plus aisée ...

le 02/07/2015 à 11:55
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>> "La traçabilité des revenus me parait beaucoup plus aisée avec les paiements CB des Uber & UberPop qu'avec les paiements en liquide des taxis". Vous faites preuve d’une objectivité bien superficielle avec des idées toutes faites et sans origi...

à écrit le 30/06/2015 à 16:57
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Excellent argumentaire je suis d'accord à 100%. Je souhaiterais qu'un forum s'installe avec pétition possible pour le schéma que vous proposez. Je suis certain qu'une très vaste majorité des usagers seraient d'accord avec vous. Pour info j'habite en...

à écrit le 30/06/2015 à 16:27
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Il faut racheter les licences des taxis et permettre a tout le monde de faire taxi en créant sa société et s'inscrivant au registre des artisans ou des professions libérales avec toutes les contraintes que ça comporte

à écrit le 30/06/2015 à 16:05
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Merci pour cette analyse. Je suis d'accord à 100% avec vous. Il faut définir un statut pour les vtc low-costs. Je vous félicite aussi pour votre courage car vous allez maintenant être la cible des taxis, et vous risquez d'être poursuivi pour inci...

à écrit le 30/06/2015 à 15:44
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Nous pouvons critiquer UberPop, intenter une action en justice, explorer son business model. Il n'a rien d'illégal. Ce qui se passe avec la mise en examen des dirigeants est alors un abus d'état. Ce seront les seuls dirigeants mis en prison, pratique...

à écrit le 30/06/2015 à 14:53
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Effectivement, si les UberPop deviennent des UberX donc des VTC (auto-entrepreneurs) cela serait plus juste. Il y aurait des obligations et un minimum de charges. Et puis, cela permettrait de garder le choix entre un taxi et un VTC. De plus, ...

à écrit le 30/06/2015 à 14:28
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Argumentaire bidon ! Je pense qu'il faut interdire UberPop, simplement. Laure

à écrit le 30/06/2015 à 13:03
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Votre article est certes intéressant mais on peut considéré que le statut d’auto-entrepreneur correspond bien à l'activité uberpop. On pourrait même ajouter si on est mauvaise langue que les chauffeur uberpop ou VTC ne peuvent faire de course "au bla...

le 30/06/2015 à 15:44
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surtout que cela a déjà été debattu au Senat ! http://www.senat.fr/questions/base/2009/qSEQ090408188.html

le 01/07/2015 à 5:19
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Enfin un commentaire censé. Effectivement les chauffeurs UberPop paient DEJA des charges et impôts comme autoentrepreneurs! Elles sont d'ailleurs très élevées!! Et Uber est une plateforme de réservation qui ne touche qu'une commission.

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