Volkswagen : symptôme de l'étouffement règlementaire ?

L'hypocrisie du cycle d'homologation, qui amène à valider des consommations impossibles à reproduire dans la circulation courante, conduit les constructeurs à prendre des mesures extrêmes parfois au détriment de toute forme de légalité et de conscience citoyenne. Par Adrien Aubert, Senior Manager chez Vertuo Conseil (Groupe Square)

Depuis plusieurs années, la prise de conscience de l'effet des activités humaines sur le réchauffement climatique a amené les politiques à lutter toutes voiles dehors contre les émissions de CO2. De façon assez classique, des normes et des incitations fiscales ont bouleversé l'offre et par extension la demande. Ainsi, dans l'industrie des transports privés et l'industrie automobile en particulier, le marché européen a atteint une Diésélisation sans précédent, souvent sans une analyse économique suffisante pour en démontrer la rentabilité. Or, les progrès technologiques qui ont mis ce type de propulsion sur le devant de la scène ont eu d'autres conséquences sur l'émission de particules directement néfastes pour la santé.

Des dispositifs toujours plus lourds

Jamais à court de progrès technologique, les industries allemande et française ont partiellement contourné le problème avec des dispositifs toujours plus lourds (et donc énergivores !), plus coûteux et complexes, répercutés directement en hausse sur les coûts d'achats et de maintenance (pièces détachées) pour les particuliers. Ce phénomène exclut d'office les populations les moins favorisées de la course environnementale, ce qui alimente une certaine fracture ou déresponsabilisation dans l'approche citoyenne.

La seconde zone d'ombre provient de la méthode d'homologation des consommations. Elle spécifie, entre autres exemples, que le banc de mesure (et non une piste dédiée avec de vraies conditions atmosphériques et de circulation) simule une accélération de 0 à 70km/h en 41 secondes. Pas sûr que quiconque ait la patience de tenir ce rythme. Logiquement, la mesure est sous-estimée et au final le client est pénalisé car il reçoit une information biaisée, bien plus favorable que ce qu'il sera capable de reproduire, et ce sans la moindre mauvaise volonté des constructeurs qui ne font que se plier à une norme !

Les investissements se focalisent sur la seule norme d'homologation

La troisième zone d'ombre provient de l'accélération du renforcement des normes et exigences. Avec notamment la mise en place du système de bonus / malus (et de son durcissement annuel), le progrès ne peut plus suivre la cadence et, peut-être encore plus grave, tous les investissements se focalisent sur la norme d'homologation (qui demeure une vitrine commerciale) parfois au détriment de problématiques tout aussi essentielles : sécurité active, sécurité passive, protection des piétons et des 2 roues, etc.
Une nouvelle fois, les exigences règlementaires, pourtant parties d'une bonne intention fondamentalement paternaliste, induisent une inflation non maîtrisée : des coûts, de la complexité du cadre professionnel (un frein à l'embauche ?) et des inégalités sociales. Quand les exigences politiques pénalisent le consommateur final et amènent des géants industriels à contourner la loi, n'est-il pas urgent de repenser nos dispositions règlementaires pour les rendre enfin acceptables et acceptées ?

Adrien Aubert

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Commentaires 14
à écrit le 30/09/2015 à 9:16
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Ces règlements sont pondus par des fonctionnaires qui ont, très rarement, mis la main dans le cambouis; Mais sont concentrés sur les pénalités promises si c'est pas tenu et la facilité du contrôle.En plus les constructeurs ont leur mots à susurrer.

à écrit le 29/09/2015 à 15:42
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Les décisions politiques se font la plupart du temps sous l'emprise des lobbys et sans aller plus loin qu'un raisonnement binaire. Et bien sur sans envisager un seul instant aux effets pervers de ces décisions: Bonus/malus CO2, on fabrique des petits...

à écrit le 29/09/2015 à 10:11
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Si les gens de VW n'avaient pas eu les yeux plus gros que le ventre pour être les premiers, ils ne seraient pas lancés dans cette tricherie à grande échelle, pour notamment vendre coute que coute du Diesel aux USA et pour apparaître plus beau que ce ...

le 29/09/2015 à 16:13
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D'après un article dans LesEchos web, le filtre qui va bien, et qui permettait de rouler aux USA tranquillement en rejetant peu de NOx coûte trop cher : 300 euros. Bricoler l'informatique (donc continuer à polluer de façon excessive vu le progrès de ...

à écrit le 29/09/2015 à 9:44
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Qu'est ce qu'il ne faut pas lire pour justifier la triche! C'est croustillant! Ça fera la bonne blague du matin. Les normes environnementales sont élaborées avec les constructeurs automobile. Cet article tend à faire croire qu'elles le sont à leur en...

à écrit le 29/09/2015 à 9:44
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Qu'est ce qu'il ne faut pas lire pour justifier la triche! C'est croustillant! Ça fera la bonne blague du matin. Les normes environnementales sont élaborées avec les constructeurs automobile. Cet article tend à faire croire qu'elles le sont à leur en...

à écrit le 29/09/2015 à 9:15
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300 euros économisés par Volkswagen par voiture vendue soit 11 millions de véhicules concernés multipliés par 300 correspond à une somme faramineuse...malheureusement la tricherie a été découverte ceci étant je ne suis pas sur que les amendes et les ...

à écrit le 29/09/2015 à 8:23
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Désolé mais avant d'analyser il faudrait connaitre un peu le dossier : - ne pas confondre la mesure du co2 liée directement à la consommation ( qui n est pas l'objet des problemes de vw ) et la mesure des nox pour lesquels la reglementation américai...

à écrit le 29/09/2015 à 8:16
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Votre argumentaire ne tient pas un seul instant. Vous cherchez à excuser une faute impardonnable. C'est avant tout la concurrence effrenée, le climat de guerre économique qui induisent la triche, dans un contexte de prise de mainmise des enjeux finan...

à écrit le 29/09/2015 à 8:07
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Non, syndrome de la tricherie érigée en système et au "too big to fail" en leitmotiv. Car en attendant, ce sont combien de concurrents dans les cordes qui auront été marginalisés?

à écrit le 29/09/2015 à 8:05
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L'automobile est un exemple qui illustre très bien la dérive des normes et leur éloignement de la réalité. La réglementation thermique du bâtiment (RT2012) est absolument tombée dans les mêmes travers.

le 29/09/2015 à 15:45
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Tout à fait d'accord avec vous. Sous couvert de rendre l'atmosphère plus saine, on décide de norme qui sont totalement irréalistes et n'ont pas grand intérêt. Une accélération de 0 à 70km/h e 41s. Je ne suis as certaine que ces tests soit pris en con...

à écrit le 29/09/2015 à 7:36
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En gros, la conclusion du "journaliste" c'est qu'il faut alléger les normes et laisser les véhicules polluer comme au bon vieux temps.

le 29/09/2015 à 8:53
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Le souci avec la notion de "norme", comme avec celle de " progrès", est que ça " plie" le réel dans un costume mal ajusté, et surtout trop rigide. Le réel se révolte et déborde de partout par des effets de bord. "La triche" de VW est un de ces effe...

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