L'Alsace essaime des aides économiques dans le numérique

Le conseil régional d'Alsace alloue 1 million d'euros de subventions à des porteurs de projets numériques dans les filières industrielles et les services. Sans coordonner son intervention avec l'initiative territoriale French Tech, portée par les villes de Strasbourg et Mulhouse.
Freshmile, jeune opérateur de mobilité électrique établi à Entzheim (Bas-Rhin), va se diversifier en élaborant un capteur de données de mobilité.

« Le numérique est à la croisée des chemins » : Philippe Richert, président (UMP) du Conseil régional d'Alsace, a présenté les projets lauréats de l'appel à manifestation d'intérêt « Economie numérique » lancé fin 2013 par la collectivité. A la clé, pour les sept start-ups, consultants ou ETI sélectionnés parmi 14 candidats : 1 million d'euros de subventions à investir dans les filières de l'énergie, du développement durable, de la médecine, de l'information et des transports. Une ligne de subventions fourre-tout ? Pas vraiment, estime Lilla Mérabet, vice-présidente (UDI) de la Région en charge de l'innovation : « L'agrégation d'1 million d'euros au niveau de notre budget n'a pas été facile. C'est la continuité de notre schéma régional de développement économique », se défend l'élue. La réflexion prospective « Alsace 2030 », approuvée en octobre 2013 par les conseillers régionaux, a déterminé les thématiques économiques prioritaires : attractivité et innovation, mobilité, transition énergétique, formation, identité alsacienne... Sans oublier la coopération territoriale et européenne.

« Dans le développement économique, il faut chasser en meute »

Les secteurs portés sont traditionnellement nombreux en Alsace, où les élus refusent de parier sur une spécialisation excessive. Les secteurs en pointe, technologies médicales, biotechnologies et construction durable sont coordonnés par les pôles de compétitivité Alsace Biovalley et Energivie. Mais la French Tech Alsace, projet de développement de l'économie numérique porté depuis cet été par le pôle métropolitain Strasbourg-Mulhouse, ne figure pas dans le spectre pris en compte par la Région.

« Dans le développement économique, il faudrait chasser en meute », regrette Robert Herrmann, président (PS) de la Communauté urbaine de Strasbourg et co-pilote, avec l'agglomération mulhousienne, de la candidature French Tech. « J'ai organisé des échanges de bonnes pratiques avec la région urbaine de Graz, en Autriche, en partenariat avec l'agence d'attractivité de l'Alsace. Je regrette qu'on ne puisse pas aller plus loin dans la coopération avec la Région ».

Une plateforme en cloud-computing

C'est donc sous le seul pilotage du Conseil régional que les lauréats de l'appel à projets Economie numérique vont développer, pendant dix-huit mois, leurs projets ambitieux. Socomec, ETI (3100 salariés) spécialisée dans le contrôle de l'énergie et dans sa conversion (onduleurs), en cours de diversification dans les énergies renouvelables, consacrera 1 million d'euros (dont 20 % d'aides régionales) à une solution de calcul des consommations et des performances énergétiques d'un bâtiment.

Cette plate-forme élaborée avec l'appui du groupe CGI sera disponible en cloud computing. « On va offrir un accès simple et rapide aux informations utilisées par les techniciens du bâtiment. Cela évitera des discussions inutiles entre un département informatique et un département maintenance », propose Ivan Steyert, président de Socomec. « Ils font ce qu'on adore, la transition énergétique », commente François Loos, vice-président (UDI) du conseil régional en charge du développement économique et de l'emploi.

Anticiper les changements de mode de vie

Freshmile, jeune opérateur de mobilité électrique établi à Entzheim (Bas-Rhin), va se diversifier en élaborant un capteur de données de mobilité. « Nous nous inspirons des applications existantes dans le fitness et la santé pour générer des données utiles pour les géographes, les cartographes, les automobile clubs », explique Arnaud Mora, fondateur de Freshmile. L'entreprise (6 salariés) a déjà mis au point un système d'audit personnel, avec lequel tout automobiliste peut établir son propre diagnostic d'« électro-compatibilité ». « Avec cette application, on sera en mesure d'anticiper les changements de mode de vie, en y intégrant la dimension du développement durable », se réjouit Lilla Mérabet.

Le cabinet de conseil en ingénierie et en développement durable C4Ci propose un logiciel d'éco-conception et d'évaluation environnementale des matériaux de construction. OCI, entreprise (180 salariée) spécialisée dans la mise en place de systèmes d'information, va développer un progiciel de gestion intégré pour les professionnels de la prothèse dentaire. Unilys (3 salariés) et l'association des commerçants de Mulhouse s'intéressent à l'information des citoyens en milieu urbain, et élaborent une plate-forme qui consolidera des informations sur les moyens de transport, le commerce, la culture, le sport. « L'enjeu, c'est le décloisonnement, afin d'établir une connaissance nouvelle et une interaction avec le territoire. Chaque utilisateur pourra sélectionner les éléments qui correspondent le mieux à son profil », annonce Romain Spinali, son promoteur.

Deux projets liés à la médecine complètent ce catalogue du numérique en Alsace : l'Institut pour la prise en charge de l'obésité (IPCO) à Mulhouse va développer un logiciel « interactif et apprenant » à destination des patients en surpoids. A Strasbourg, la jeune entreprise Medeuronet va réaliser une plate-forme sur le web pour accélérer la mise en réseau et le développement des start-ups nées dans le sillage de l'Institut de chirurgie guidée par l'image, dont l'expertise dépasse déjà les frontières européennes.

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