« Alsace, Lorraine et Champagne, un patrimoine sémantique exceptionnel »

[ #Regionales 2015 ] Entretien avec Vincent Froehlicher, directeur général de l'Adira, agence de développement économique du Bas-Rhin.

LA TRIBUNE - Quels sont les points forts de la nouvelle région ?

VINCENT FROEHLICHER - On a de vraies marques. L'Alsace-Lorraine, c'est connu dans le monde entier à cause de l'Histoire. Si on ajoute la Champagne, on a un patrimoine sémantique d'une valeur exceptionnelle. Dans ses activités traditionnelles, la grande région penche vers l'industrie. Il ne faut pas céder à la propension naturelle qui incite à croire que c'est un handicap. L'usine du futur est fondée sur l'intelligence et la compétence humaines.

Dans ce domaine, on a des atouts. La population bien formée, avec une maîtrise des langues étrangères. L'usine propre, autre enjeu de développement, peut s'appuyer sur la disponibilité de biomasse, en Champagne ou dans le massif vosgien, ou sur la géothermie, en Alsace du Nord. Dans le numérique, la grande région est moins bien identifiée que d'autres, mais deux territoires, le sillon mosellan et le pôle métropolitain Strasbourg-Mulhouse, ont obtenu récemment le label French Tech.

Faut-il harmoniser les structures territoriales de développement et de prospection ?

Les structures de développement économique sont l'émanation de leur territoire, de son histoire, donc différentes. Il faut surtout les mettre en synergie au service du dessein régional, dans le respect des identités, la concertation et la subsidiarité. Je suppose que tout cela se discutera entre collectivités l'an prochain, sous le pilotage du nouvel exécutif régional. Je crois savoir qu'il y a, en Alsace comme à Metz, Nancy ou Reims, un consensus autour de l'action de l'Adira qui fait d'elle un pilier naturel de la future architecture régionale du développement économique.

Qu'attendent les chefs d'entreprise ?

Des économies et de l'efficacité. Pour les économies, tout le monde s'accorde à dire qu'elles ne viendront que progressivement, mais qu'au moins il n'y aura plus d'inflation. La vision que les politiques ont de la grande région, comme l'organisation la plus efficace pour la gérer, se construisent en ce moment même : Philippe Richert, président sortant du conseil régional d'Alsace en campagne pour les Républicains, a avoué récemment dans un débat qu'il découvrait encore certains endroits de Champagne ou de Lorraine. Des équipes vont se constituer, des programmes, et ça va bouger.

Le niveau de développement économique est-il assez homogène pour déployer une politique sur tout le territoire ?

Le niveau de développement n'est pas homogène. Côté industrie, en Alsace, la zone d'emploi de Molsheim-Obernai est l'une des plus dynamiques de France. L'industrie y représente 35 % des effectifs salariés, un peu plus qu'à Saverne, Haguenau ou Wissembourg, autres bastions industriels. Dans le tertiaire supérieur, l'Eurométropole strasbourgeoise concentre les cadres, hauts fonctionnaires, diplômés de l'enseignement supérieur, universitaires. C'est plus difficile ailleurs. Mais chaque territoire a ses atouts, comme l'excellence industrielle, le numérique ou la combinaison port/aéroport international à Mulhouse. Il faut bâtir au plus près du territoire de nouveaux réseaux locaux de croissance.

Comment comptez-vous accompagner ce mouvement ?

Le rôle des agences de développement a changé, passant d'un fournisseur d'infrastructures, terrains ou bâtiments, à un rôle de facilitateur et d'accélérateur. Il faut que les acteurs privés et publics se connaissent, pour « chasser en meute ». Le vrai succès de la Silicon Valley réside dans la concentration d'un écosystème dynamique dans un lieu géographique relativement limité. Créer des réseaux, c'est toute ma vie...

La proximité de l'Allemagne est-elle vraiment un atout, comme le clament les élus?

L'Allemagne, à nos portes, rencontre des problèmes de main-d'oeuvre et de foncier. Nous voulons bénéficier des investissements qui se réalisent outre-Rhin, comme chez Mercedes dans le Pays de Bade, en installant des équipementiers dans le Nord de l'Alsace. On ne veut pas être le Mexique de l'Allemagne, il faut des retombées qualitatives des deux côtés du Rhin. L'Europe est un atout formidable pour la grande région et Strasbourg en sera la figure de proue.

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>>> Retrouvez notre série "Régionales 2015" dans le Grand Soir/3 présenté par Patricia Loison chaque jeudi vers 22h30

Extrait du Soir 3 du jeudi 10 septembre 2015

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Commentaires 2
à écrit le 12/09/2015 à 14:36
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On s'en fout de la sémantique, nous on veut des boulots, y a moyen d'en créer des milliers , ou c'est juste du blabla ?

à écrit le 11/09/2015 à 19:51
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il parle au nom de qui ? En tout cas pas des Alsaciens. Retourne dans ta tombe.

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