La médecine du futur (4/5) : Syndivia, la bête de concours qui veut soigner le cancer

[ Série d'été ] L'écosystème strasbourgeois a pris en charge cette pépite d'innovation, fondée par un jeune docteur en chimie. Cette startup propose de créer des thérapies ciblées sur le cancer du pancréas et sur les cancers du sein.
Syndivia, la société que vient de créer Sasha Koniev à Strasbourg, est entrée en négociation avec un groupe pharmaceutique français pour un projet de co-développement d'une nouvelle thérapie.

En fin de thèse, Sasha Koniev s'orientait vers la production de réactifs pour modifier les protéines. Les animateurs de la pépinière d'entreprise strasbourgeoise Semia l'ont aiguillé sur le marché des anticorps. Un pari en passe d'être gagné.

"Nous exploitons deux technologies de rupture issues des universités de Strasbourg, de Poitiers et du CEA de Saclay, qui permettront de créer des thérapies ciblées sur le cancer du pancréas ou sur les cancers du sein triple-négatifs. Cette technologie est unique parce qu'elle propose un double ciblage de la tumeur et de son environnement", explique Sasha Koniev.

Syndivia, la société qu'il vient de créer à Strasbourg, est entrée en négociation avec un groupe pharmaceutique français pour un projet de co-développement d'une nouvelle thérapie. "Nous savons créer un lien très stable entre les biomolécules et la charge toxique puissante utilisée en chimiothérapie. La preuve de concept a été établie in vitro et in vivo. L'objectif est de produire des thérapies ciblées plus efficaces et moins toxiques pour les patients", explique Sasha Koniev.

Première levée de fonds en syndication

Sans investisseur à bord, Syndivia entend réaliser fin 2016 sa première levée de fonds en syndication. Les fonds d'amorçage régionaux, friands depuis peu d'investissements dans l'innovation thérapeutique, pourraient entrer au capital. Pour une deuxième phase prévue au-delà de 10 millions d'euros, des contacts ont été anticipés avec les fonds d'investissement des grands groupes pharmaceutiques.

Le plan de développement établi par Syndivia comprend un candidat médicament en phase I d'essais cliniques (évaluation de la toxicité) dans deux ans, la phase II (détermination de la posologie) d'ici cinq ans et une capitalisation de 100 millions d'euros en 2021. L'entreprise, qui compte cinq salariés, n'a pas de visée sur le développement de son chiffre d'affaires.

"Dans nos activités, ce n'est pas une mesure pertinente. Ce qui compte, c'est la valeur des futurs médicaments qui seront commercialisés par les big pharmas. Le meilleur exemple est la société américaine Juno Therapeurics, cotée au NASDAQ, dont le chiffre d'affaires est proche de zéro pour une capitalisation de 3,1 milliards de dollars", explique Sasha Koniev.

Soutien de l'écosystème strasbourgeois

Titulaire d'une licence de chimie à Kiev, docteur en chimie en 2014 à l'Université de Strasbourg, ce jeune diplômé ne prévoyait pas de créer son entreprise dans le secteur de la santé. A 28 ans, l'enchaînement de plusieurs concours de jeunes entrepreneurs a réorienté son projet professionnel.

"En fin de thèse, je suis allé à la rencontre du directeur de l'incubateur Semia, muni d'une présentation incompréhensible. Il m'a conseillé de postuler au concours d'étudiants de la Société générale. J'ai gagné 10.000 euros, qui m'ont servi à payer un avocat et à rédiger les statuts de la société. Ensuite, grâce à une aide de 20.000 euros du Conseil régional, j'ai embauché mon premier salarié, un chimiste", explique le fondateur.

Finaliste en 2015 du programme d'accélération OneStart Europe porté par GlaxoSmithKline, Takeda, Bristol-Myers Squibb, GSK et d'autres industriels pharmaceutiques, Syndivia est désormais en lice pour le programme européen "SME Instrument". La startup a déjà été lauréate en 2014 et 2015 du concours national i-LAB organisé par le ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Soutenu par l'écosystème strasbourgeois d'aide à la création, Syndivia entend créer, à terme une quarantaine d'emplois.

"Je crois en l'avenir des sociétés de pharmacologie virtuelles", explique Sasha Koniev.

Mais 40 emplois maximum dans cinq ans, c'est plutôt décevant pour les collectivités qui l'ont soutenu. En tout cas, c'est loin des volumes dont rêvent les institutions qui souhaitent développer en Alsace un site industriel pour la production de médicaments.

Olivier Mirguet, journaliste correspondant Grand Est

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