SEW-Usocome robotise son usine-modèle à Mommenheim

Le fabricant allemand de systèmes d'entraînement et d'automatisation industrielle a inauguré sa nouvelle usine de montage au nord de Strasbourg. Le projet, qui a mobilisé 70 millions d'euros d'investissement, confère à SEW-Usocome une capacité de production de 6 000 moteurs et réducteurs par jour, et ouvre une vitrine à son savoir-faire en ingénierie.
L'automatisation est aussi conçue aussi pour simplifier le travail et lui ôter de la pénibilité.

C'est un élégant paquebot rouge et noir, posé à la frontière entre la zone industrielle de Brumath-Mommenheim, au nord de Strasbourg, et les terres agricoles du Kochersberg. Deux hangars de production de 170 mètres de long abritent les nouvelles lignes de production de l'industriel allemand SEW-Usocome. Entre ces hangars, au coeur de cette usine de 32 000 mètres carrés, un magasin automatisé fournira aux opérateurs les 40 000 pièces dont ils auront besoin, chaque jour, pour livrer 4 500 moteurs et réducteurs, en gestion à flux tirés et sans stock de produits finis. A terme, la production montera à 6 000 unités par jour. Ces pièces seront destinées aux industries de process (automobile, alimentaire) ou à des installations de transport et de logistique, essentiellement à l'export. Pour fabriquer ses motoréducteurs sur mesure, l'usine disposera de 200 000 plans de montage et de 30 000 références de stators. « Une commande client, en moyenne, ce sont moins de deux exemplaires », précise Michel Munzenhuter.

Usine 4.0

Les effectifs, 50 salariés en phase de rodage de l'usine, passeront en septembre 2015 à 500 salariés, transférés pour la plupart depuis l'usine-mère que SEW-Usocome exploite quelques kilomètres plus loin, à Haguenau, depuis 1960. Cette dernière doit faire l'objet d'investissements ultérieurs, sur 55 000 mètres carrés, pour arriver à un niveau d'automatisation identique à celle de Mommenheim.

« Le nouveau site intègre les concepts de l'usine 4.0, grâce auxquels nous espérons conquérir de nouveaux marchés », annonce Michel Munzenhuter, directeur général de SEW-Usocome et initiateur du projet. La maison-mère allemande Südwestdeutsche Elektromotorenwerke, une ETI de 16 000 salariés (2,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires), a confié à sa filiale française le soin de concevoir tous les automatismes de l'usine de Mommenheim, depuis l'intégration de SAP jusqu'aux 25 chariots autoguidés, les « AGV », qui acheminent les pièces jusqu'aux postes de travail. Sur des circuits tracés au centre des hangars et en périphérie des postes de travail, ces chariots circulent à 5 kilomètres/heure, en suivant à la trace un fil de cuivre coulé dans la dalle en béton.

L'usine du futur est sociale

Arrivés sur l'emplacement programmé, ils délivrent les pièces à la hauteur idéale, sur le plan de travail du monteur. Dotés de moteurs électriques et de batteries rechargeables par induction, ces « AGV » font maintenant partie de l'offre d'ingénierie clés en mains que SEW-Usocome propose de vendre à ses clients.

Claude Kuhne, directeur des ressources humaines de SEW-Usocome, explique :

« L'usine 4.0 ne consiste pas seulement à favoriser la communication entre les réseaux informatiques et les flux physiques. L'automatisation est aussi conçue aussi pour simplifier le travail et lui ôter de la pénibilité »

«  L'usine du futur, beaucoup de gens en parlent alors que les concepts ne sont pas clairs. En Allemagne, les industriels cherchent avant tout à économiser de la main d'oeuvre. Ici, on applique un modèle français, le fruit de 25 ans de projet d'entreprise avec une grande stabilité au niveau du personnel. C'est une chance »

Au lancement du projet, en avril 2012, l'usine de Mommenheim était prévue en soutien à une diversification dans la fabrication de plaques d'induction pour la recharge des voitures électriques. Cette technologie est prête chez SEW-Usocome, mais elle ne serait pas mûre pour le marché, « pour des questions normatives » selon Michel Munzenhuter. Les centaines d'emplois promis aux collectivités territoriales, qui ont racheté 12 hectares de terres agricoles pour les céder à l'industriel allemand, seront seulement des délocalisations depuis Haguenau. Mais la pérennisation d'une présence industrielle dans le département du Bas-Rhin constitue déjà une victoire, aux yeux des élus. Aucun des politiques invités à découvrir l'usine à Mommenheim n'a osé reprocher ce revirement aux partenaires allemands.

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